Chère Olga, rédactrice en chef de « Salut ça va ? », et chers membres de l’équipe de la rédaction,
Soyez très chaleureusement félicités pour le 20ème anniversaire de « Salut ! Ça va ? », revue exceptionnelle.
Vous faites un travail formidable, vraiment impressionnant. Je suis en admiration devant tout ce que vous parvenez à faire, à l’échelle mondiale, à partir d’une ville comme Blagovechtchensk-sur-Amour, presque au bout du monde, éloignée des grands centres connus de la francophonie, et devenue grâce à votre revue un nouveau centre de la francophonie.
Je suis en admiration, parce que j’aime ma langue maternelle, c’est bien logique, mais je suis encore plus touché, au fond du cœur, lorsque je vois l’amour que vous éprouvez vous aussi et que vous faites partager autour de vous pour cette langue, et vous contribuez à ce qu’elle devienne ou qu’elle reste une langue monde. Je suis touché et presque gêné de voir cette déclaration d’amour que vous faites à la langue française (je me demande parfois, en vous lisant : l’avons-nous vraiment mérité ?), et de voir que vous parvenez à transmettre cet intérêt et cet amour à la jeune génération.
On s’imagine souvent, en tant que Français, que les particularités étranges de notre langue vont décourager les étrangers de l’apprendre, et c’est probablement le cas pour certaines personnes à travers le monde. Mais quand on vous lit, quand on voit les articles que vous écrivez et que vos professeurs écrivent, ou encore quand on suit les séminaires de l’AEFR à Dobroe (ou maintenant au format en ligne), on comprend que ce sont précisément ces particularités, quand on en a saisi le sens, qui constituent une des raisons de l’attraction pour cette langue, qui font partie de sa magie. Pourquoi le participe passé s’accorde-t-il quand le complément d’objet direct est placé avant le verbe avoir, alors qu’il ne s’accorde pas en temps normal, quelle règle étrange, qui a bien pu l’inventer ? Mais quand on maîtrise le français et qu’on a dit une seule fois « la langue que j’ai apprise », « les enfants que j’ai élevés », « les femmes que j’ai aimées », on comprend intuitivement le secret de cette règle, on ne peut plus s’exprimer autrement, et on remarque au contraire qu’au lieu d’être effrayés par la difficulté, les amoureux de la langue redoublent d’enthousiasme devant cette évidence grammaticale.
Votre revue a déjà vingt ans, j’ai eu l’occasion de consulter un certain nombre de numéros, et ils réchauffent tous le cœur quand on voit les articles que vous parvenez à écrire et à recevoir de toute la Russie et même du monde entier. Je suis obligé de vous dire « Chapeau ! ». Voir des exemplaires de « Salut ! Ça va ? » entre les mains d’étudiants ou d’élèves à Khabarovsk, Komsomolsk-sur-Amour, Ioujno-Sakhalinsk, sans parler de Norilsk ou de Makhatchkala, cela donne une sorte de vertige, et plus encore quand on voit cette revue en Chine, en Argentine, au Paraguay ou sur le continent africain.
Le français, langue monde malgré la prédominance de l’anglais, est présent sur les cinq continents, et le parler provoque toujours une étincelle, une lueur d’espoir. L’autre jour j’étais dans un train régional, en Allemagne, et deux jeunes femmes étrangères prennent place à côté de moi, parlant entre elles une langue que je ne comprends pas. Je les aide à mettre leur bagage au-dessus du siège, et je me replonge dans ma lecture d’un livre, en français. Au bout d’un moment, l’une d’elles me demande : « Vous parlez français ? » Je lui réponds « Oui, vous aussi ? », et elle me dit qu’elles sont de Madagascar, qu’elles se rendent à Munich. Elles parlaient toutes les deux un français parfais. Quel plaisir de parler français en plein milieu de l’Allemagne profonde. La magie nous avait réunis, pour le temps du voyage.
C’est cette magie que vous arrivez à transmettre, vous aussi, par votre revue, présente sur toute la planète. Et comme par enchantement, comme si c’était un rêve, il se trouve que « Salut ! Ça va ? » se crée, s’écrit et se développe sur les rives de l’Amour, il n’y a pas de meilleure image pour illustrer le sens profond de votre travail.
Merci, bravo, et encore plusieurs fois vingt ans !
Marc Sagnol
Écrivain, poète, enseignant
Erfurt (Allemagne)
Soyez très chaleureusement félicités pour le 20ème anniversaire de « Salut ! Ça va ? », revue exceptionnelle.
Vous faites un travail formidable, vraiment impressionnant. Je suis en admiration devant tout ce que vous parvenez à faire, à l’échelle mondiale, à partir d’une ville comme Blagovechtchensk-sur-Amour, presque au bout du monde, éloignée des grands centres connus de la francophonie, et devenue grâce à votre revue un nouveau centre de la francophonie.
Je suis en admiration, parce que j’aime ma langue maternelle, c’est bien logique, mais je suis encore plus touché, au fond du cœur, lorsque je vois l’amour que vous éprouvez vous aussi et que vous faites partager autour de vous pour cette langue, et vous contribuez à ce qu’elle devienne ou qu’elle reste une langue monde. Je suis touché et presque gêné de voir cette déclaration d’amour que vous faites à la langue française (je me demande parfois, en vous lisant : l’avons-nous vraiment mérité ?), et de voir que vous parvenez à transmettre cet intérêt et cet amour à la jeune génération.
On s’imagine souvent, en tant que Français, que les particularités étranges de notre langue vont décourager les étrangers de l’apprendre, et c’est probablement le cas pour certaines personnes à travers le monde. Mais quand on vous lit, quand on voit les articles que vous écrivez et que vos professeurs écrivent, ou encore quand on suit les séminaires de l’AEFR à Dobroe (ou maintenant au format en ligne), on comprend que ce sont précisément ces particularités, quand on en a saisi le sens, qui constituent une des raisons de l’attraction pour cette langue, qui font partie de sa magie. Pourquoi le participe passé s’accorde-t-il quand le complément d’objet direct est placé avant le verbe avoir, alors qu’il ne s’accorde pas en temps normal, quelle règle étrange, qui a bien pu l’inventer ? Mais quand on maîtrise le français et qu’on a dit une seule fois « la langue que j’ai apprise », « les enfants que j’ai élevés », « les femmes que j’ai aimées », on comprend intuitivement le secret de cette règle, on ne peut plus s’exprimer autrement, et on remarque au contraire qu’au lieu d’être effrayés par la difficulté, les amoureux de la langue redoublent d’enthousiasme devant cette évidence grammaticale.
Votre revue a déjà vingt ans, j’ai eu l’occasion de consulter un certain nombre de numéros, et ils réchauffent tous le cœur quand on voit les articles que vous parvenez à écrire et à recevoir de toute la Russie et même du monde entier. Je suis obligé de vous dire « Chapeau ! ». Voir des exemplaires de « Salut ! Ça va ? » entre les mains d’étudiants ou d’élèves à Khabarovsk, Komsomolsk-sur-Amour, Ioujno-Sakhalinsk, sans parler de Norilsk ou de Makhatchkala, cela donne une sorte de vertige, et plus encore quand on voit cette revue en Chine, en Argentine, au Paraguay ou sur le continent africain.
Le français, langue monde malgré la prédominance de l’anglais, est présent sur les cinq continents, et le parler provoque toujours une étincelle, une lueur d’espoir. L’autre jour j’étais dans un train régional, en Allemagne, et deux jeunes femmes étrangères prennent place à côté de moi, parlant entre elles une langue que je ne comprends pas. Je les aide à mettre leur bagage au-dessus du siège, et je me replonge dans ma lecture d’un livre, en français. Au bout d’un moment, l’une d’elles me demande : « Vous parlez français ? » Je lui réponds « Oui, vous aussi ? », et elle me dit qu’elles sont de Madagascar, qu’elles se rendent à Munich. Elles parlaient toutes les deux un français parfais. Quel plaisir de parler français en plein milieu de l’Allemagne profonde. La magie nous avait réunis, pour le temps du voyage.
C’est cette magie que vous arrivez à transmettre, vous aussi, par votre revue, présente sur toute la planète. Et comme par enchantement, comme si c’était un rêve, il se trouve que « Salut ! Ça va ? » se crée, s’écrit et se développe sur les rives de l’Amour, il n’y a pas de meilleure image pour illustrer le sens profond de votre travail.
Merci, bravo, et encore plusieurs fois vingt ans !
Marc Sagnol
Écrivain, poète, enseignant
Erfurt (Allemagne)