Salut! Ça va?

Voulez-vous rimer en cours ?

2024-06
J’enseigne le français depuis 1994 et je cherche toujours à perfectionner mes méthodes afin de raviver les cours et je partage mon expérience avec beaucoup de joie. C’est un grand plaisir d’aider à concevoir des faits linguistiques intéressants sur les liens du français et du russe, sur l’étymologie de ces langues. Les succès communicatifs de mes étudiants et surtout des débutants en français, leurs découvertes lexicales et sémantiques me procurent une grande joie.
Quant à mes relations avec le français, je préfère accentuer l’attention sur sa variante académique, ce chef-d’œuvre de la mentalité nationale et de la pensée scientifique créé pendant plusieurs siècles et qui influait sur plusieurs langues européennes grâce à son harmonie, son euphonie, sa mélodie, sa polysémie, son caractère imagé, etc. Les recherches des liens du français avec le russe, le latin, l’anglais, l’allemand et d’autres langues captivent entièrement. De plus, ça permet de comprendre certains phénomènes historiques ou socioculturels.
À présent, je travaille comme chargée de cours de la chaire des disciplines humanitaires et des langues étrangères de l’Université Russe de Coopération (Mytichtchi, la région de Moscou). Précédemment, j’enseignais le français à l’Académie d’État de médecine de Perm, à l’Université d’État des voies de communication de l’Oural à Ekaterinbourg, à l’Université d’État de construction de Rostov-sur-le-Don c.-à-d. dans des villes différentes et aux futurs spécialistes dans des domaines divers : médecine, transport, construction, technique, économie, droit. Pendant mes cours, des étudiants apprennent du lexique professionnel. De ce point de vue parmi mes publications on peut noter « Le Dictionnaire d’apprentissage du lexique ferroviaire » (2005, 2017) où des définitions, des rapports paradigmatiques et syntagmatiques de termes spéciaux sont présentés. Ma thèse de 2006 a été consacrée à l’apprentissage au résumé de textes français professionnels dans des situations communicatives différentes. Mais, en 2020 j’ai essayé quelque chose de nouveau dans ma vie professionnelle…
Au temps de la pandémie de Covid-19, pendant les études en ligne il fallait rechercher des formes inédites d’interaction avec de nouveaux groupes de débutants (des étudiants inconnus qu’un professeur ne voyait pas : pas de mimique, pas de gestes, pas de réponse visuelle). Au début de l’apprentissage du français, la tâche la plus importante est la formation des compétences phonétiques. En situation d’absence de contact visuel, à mon avis on avait besoin de renforcer le contact auditif par le rythme, l’intonation et notamment proposer plus de textes rythmiques simples avec des exemples grammaticaux et lexicaux d’après des thèmes à étudier. J’ai donc décidé de composer des petits récits en rimes faciles. Après avoir écrit 39 vers, on a décidé de publier un Recueil sous la forme d’un livre méthodologique pour le travail autonome des étudiants de formation non linguistiques qui débutaient leur étude du français comme deuxième langue étrangère[1]. Ces unités rythmiques illustrent des catégories grammaticales étudiées.
Le recueil thématique illustré appelé « 4 Saisons — 12 Mois » propose des textes poétiques en français. Ses objectifs peuvent être formulés d’une façon suivante : le développement des compétences phonétiques, lexico-grammaticales, syntaxiques. Ce livre présente les textes poétiques en français sur des thèmes d’étude autonome : « La Nature et le Temps », « Les Saisons », « La Nature des Êtres Vivants », « Le Temps qu’il fait et le Temps qui passe ». Les textes poétiques sont compilés dans le but d’introduire et de consolider le vocabulaire sur des sujets spécifiés et de répéter la grammaire étudiée pendant des cours en classe.
Les premiers vers étaient les plus simples, les plus réussis, je crois, parce qu’ils avaient des lignes courtes avec des mots connus et des sujets faciles. Ils étaient consacrés aux thèmes grammaticaux exigeant beaucoup d’attention des débutants : le Passé composé, l’Imparfait :
IL A TOUT FAIT
Pierre est venu à la maison,
Il a mangé du saucisson
Et il a bu un verre de boisson,
Puis s’est étiré sur son balcon.
AUTREFOIS
Claire portait de hauts talons,
Elle aimait de bons bonbons,
Mettait des robes de chiffon
Et nourrissait son petit chaton.
Il y a aussi des rimes qui impliquent une réflexion (par ex. : « La Nature est belle… », « Le Circuit des temps », « Le Temps qu’il fait, le temps qui passe ») :
La nature est belle,
Elle est éternelle.
Tout ce qui est naturel
Se renouvelle.
***
LE CIRCUIT DES TEMPS
Semaines, mois, années alternées
Montrent des saisons variées.
Tous nos jours en rang glissant
Accélèrent le temps fuyant.
Les saisons de la vie se suivent,
Mais nous gardons notre nature native.
***
LE TEMPS QU’IL FAIT,
LE TEMPS QUI PASSE
Le soleil brillant,
Le crachin agaçant —
C’est le temps qu’il fait, nous désennuyant.
L’enfance, la jeunesse, —
Les états nous changent sans cesse.
C’est le temps qui passe rapidement.
Chacun prend son chemin
Parasol, parapluie dans la main.
Et tout va son train.
Ma co-auteure est l’illustratrice Olga Filippova, elle est architecte, designer d’Ekaterinbourg, ma chère sœur bien-aimée. Ses dessins aident à comprendre le sens sans traduction, véhiculant des nuances qu’on voudrait souligner. Par exemple, 4 images pour un vers « Les Dons des Voyages » (« Дары путешествий ») :
On aime voyager.
On choisit son trajet :
en train on admire les vallées,
en bateau on salue de beaux quais,
en avion on s’inspire des nuages,
et à pied on attrape des rêves sages.
À l’âge de 3–12 ans avec Olga nous avons écouté beaucoup de spectacles audios, des contes de fées sur des disques vinyle. Le plus attractif et captivant s’appelait « 12 mois » de Samouil Iakovlevitch Marchak. Nous connaissions ce conte par cœur. À ce moment l’idée de la rapidité d’une année et du temps en général nous étonnait. Et voilà, la réalisation continuant ce thème est arrivée. De plus, la polysémie du mot « le temps » avec ses sens « le temps qu’il fait » et « le temps qui passe » impressionne et désigne une qualité commune : il s’agit de la variabilité, de l’inconstance.
Jusqu’à 2020, je n’écrivais ni vers ni rimes en français. Les lois de versification française sont assez strictes, bien sûr, il faut les concevoir et c’est possible comme pour des enseignants et des professeurs ainsi que pour des élèves et des étudiants. Il ne reste qu’essayer de pratiquer « des rimes en cours pendant nos cours ».
[1] Колобкова, А. А. 4 Saisons - 12 Mois/А. А. Колобкова, О. А. Филиппова. – Москва : Издательство "Знание-М", 2022. – 110 с.