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Le rôle de l’impressionnisme dans la formation d’un jeune peintre

2024-04
L’impressionnisme est né de la réaction des jeunes artistes à la prédominance des principes artistiques de l’académisme dans l’art français de la seconde moitié du XIXe siècle.
L’approche académique de l’art se forme au XVIIe siècle sous le règne de Louis XIV. Le roi crée plusieurs académies (des beaux-arts, de la sculpture, de l’architecture, de la musique) comme lieu de rassemblement des meilleurs artistes de l’époque et comme instrument de sa politique culturelle. Un des aspects de l’activité des académies était l’éducation de nouvelles générations d’artistes pour les faire adhérer à certains canons picturaux et, ensuite, soutenir la monarchie absolue par leur art.

Vers la fin du XIXe siècle, les canons stricts de l’académisme, la poursuite de la perfection de l’image et l’idéalisation du modèle faisaient souvent oublier le côté spirituel de l’œuvre. Le courant académique se dégrade, ses adeptes créent des œuvres standardisées, figées dans leur aspect statuaire, qui ne laissent presque pas ressortir la personnalité des peintres.
Les œuvres agréées par l’Académie des beaux-arts et présentées à son Salon annuel au Louvre devaient respecter les règles suivantes : représenter les sujets nobles, imiter les Anciens, avoir un dessin et une composition impeccables.

Basée sur ces canons, la peinture académique était très rationnelle, très réfléchie. Et c’est pourquoi les œuvres des impressionnistes ont été refusées par l’Académie, car elles mettaient en avant la perception sensorielle de la réalité et soutenaient que c’est d’abord à nos sens que les œuvres d’art doivent faire appel, et puis à la raison, l’âme et l’esprit.
Si les académiciens cherchent à ennoblir et sublimer la réalité, dans l’impressionnisme, l’accent n’est pas mis sur la recherche du sens, ni sur les sujets symboliques ou héroïques, mais sur la contemplation de la vie environnante, sur les sentiments qu’elle inspire à l’artiste, l’impression que leur produit le modèle ou le paysage. Ainsi, les paysages et les scènes du quotidien prennent beaucoup de place dans l’impressionnisme.
Il me semble que parfois on cherche trop un sens à notre existence, une raison d’être, on plonge dans les réflexions en ratant la vie et ses événements. Et à mon avis, la particularité des impressionnistes c’est d’attirer le regard sur des choses qui, d’ordinaire, ne paraissent pas dignes d’attention, et de partager leurs émotions avec le spectateur, provoquant de la compassion.
Comme dans leurs paysages de la vie urbaine, des forêts et des étangs, leurs natures mortes avec les objets quotidiens, leurs portraits où les gens ordinaires ne prennent pas de pose, où ils sont naturels et vivants… ces bons moments de la sincérité et de la vérité de la vie interpellent le spectateur.

Le travail systématique en plein air a permis aux jeunes peintres de capturer le monde dans sa mobilité et sa variabilité. Ils tâchent de transmettre l’ambiance à travers les couleurs et la lumière et paradoxalement, obtiennent une expression fidèle de la réalité.
J’ai eu l’idée de comparer les célèbres Nénuphars de Claude Monet et une photographie des fleurs, prise au même endroit où le peintre avait travaillé, dans son domaine de Giverny, en Normandie.

Le même objet est représenté à la même heure de la journée, cependant, l’effet produit par le tableau est complètement différent de la photographie :

• la photo représente un fragment arraché de la réalité et le tableau, au contraire, plonge le spectateur dans la réalité du peintre, crée la sensation de la perception directe et fraiche de la vie
• l’image du tableau a du volume et de la profondeur naturelle tandis que la photo est plate, artificielle

• à l’aide des accents habilement placés, le peintre attire le regard vers les parties les plus importantes de l’image

• il crée l’illusion de la lumière du soleil, grâce aux ombres colorées et aux reflets, aux nénuphars clairs et lumineux dans la partie supérieure opposés aux couleurs froides dans le coin inférieur gauche, on sent presque la chaleur des rayons et la fraicheur de l’eau

• l’image peinte semble incroyablement claire et lumineuse, comme si le paysage recevait plus de lumière du soleil qu’il n’y en a réellement. Cet effet est obtenu grâce à la technique de la décomposition de tons complexes en couleurs pures : les couleurs non mélangées sur la palette et appliquées sur la toile en touches séparées ne perdent pas leur ton et leur sonorité et leur mélange ne se fait que dans l’œil du spectateur provoquant cette explosion de la lumière.
Les travaux des scientifiques confirment les découvertes intuitives de Claude Monet et ses camarades impressionnistes : les techniques qu’ils utilisent sont principalement basées sur des illusions optiques et des particularités de perception des informations visuelles par le cerveau humain.

Selon le chercheur américain Marc Rollins, l’intensité des couleurs vives et leur contraste dans la peinture impressionniste forcent certaines parties du cerveau à échanger de fonctions : la zone responsable de la perception des couleurs peut remplacer la zone qui localise les objets dans l’espace. Et grâce à cet effet, nous pouvons ressentir le mouvement des herbes sur le tableau de Monet Les coquelicots. Tandis qu’en passant l’image en échelle de gris, on fait disparaitre la dynamique.
Pour moi, l’impressionnisme est une des sources d’inspiration de mon travail. Son émotivité m’est proche. Je peux souvent m’adresser aux œuvres d’Edgar Degas, Camille Pissarro, Claude Monet et bien d’autres pour trouver des techniques et des solutions intéressantes en peinture.

– Utilisation de traits de peinture courts et épais pour obtenir l’effet de la présence du sujet de l’image, plutôt que de dessiner des détails.

– Les couleurs placées les unes à côté des autres, se mélangeant au minimum pour créer l’effet de vibration d’air

– Le noir est évité. Les gris et les tons sombres sont créés du mélange d’autres couleurs.

– Les peintures fraiches se superposent, sans attendre que les couches précédentes sèchent.

– Le jeu de la lumière naturelle intensifié. Une grande attention au reflet d’un objet par un autre.

A la fin du XIXe siècle, les impressionnistes rejettent les canons académiques, tout comme la peinture académique les rejette, eux. De nos jours, l’académisme avec sa rigueur et l’impressionnisme avec son émotivité ont autant de partisans parmi les artistes.

L’héritage de l’école académique fait partie des études des beaux-arts. Il est très important de maîtriser le dessin, de connaître l’anatomie du visage et du corps humains, les règles de la composition et du dessin, les lois de la perspective, comprendre les concepts de la lumière et de l’ombre.

Les techniques de l’impressionnisme sont aussi inévitables quand on étudie la peinture. Les œuvres des impressionnistes servent de modèle à tout peintre débutant. Elles influencent la formation du style, la manière créative des jeunes artistes, y compris moi-même.