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Musique, telle une essence de la vie humaine

2024-04

« La clef de la nature humaine est dans la culture et la culture est dans la nature humaine ».

Cette expression formulée par le grand sociologue français Edgard Morin définit une caractéristique humaine universelle dans son évolution.
La musique particulièrement y participe. En effet, elle a existé dès l’aube de l’humanité dans toutes les sociétés humaines, car elle est à la fois forme d’expression individuelle et forme d’expression collective.

La forme individuelle est représentée par la libération des sentiments sous toutes leurs formes, de la violence du désespoir à la douce harmonie de la tendresse. Quant à la forme collective (fêtes, danses, chants), elle se retrouve lors de rassemblements communautaires (musique traditionnelle, musique folklorique, musique militaire) fédérant les groupes en nation. On peut également noter la part importante de la musique spirituelle ou religieuse qui associe ces deux formes d’expression.
La musique est donc un phénomène universel qui s’est développé à travers le monde sur des millénaires. Les premiers instruments représentés sur des peintures rupestres attestent de leur utilisation depuis la Préhistoire. Une flute en os datant de 35 000 ans avant notre ère a été retrouvée dans la grotte allemande de Hohle Fels.

L’évolution de la musique s’est ensuite ramifiée, selon les besoins des différentes époques et des différentes régions, mais, quelles que soient ses formes, elle a toujours été un élément fédérateur, ethnique, religieux ou social.

Jusqu’en 1990, date de la découverte de l’IRM cérébral (imagerie réalisée par résonance magnétique nucléaire), on connaissait peu de choses de son impact sur le cerveau. Depuis cette date, des études scientifiques se multiplient afin de confirmer ses bienfaits sur le comportement et la régulation émotionnelle. L’amélioration des techniques de neuro-imagerie a ainsi permis d’étudier les mécanismes de neuroplasticité du cerveau, liés à l’apprentissage de la musique. Les résultats ne laissent pas de place au doute : écoute et pratique musicale agissent sur l’ensemble de nos fonctions cognitives et la structure du cerveau s’en trouve modifiée d’une façon durable. Une simple écoute produit ce que les scientifiques appellent une « symphonie neuronale », c’est-à-dire la mobilisation de circuits cérébraux connus pour leur rôle dans d’autres domaines. La musique engage naturellement les régions auditives, les aires motrices impliquées dans le mouvement et la danse et les circuits impliqués dans les souvenirs et les émotions. Les régions visuelles, quant à elles, associent spontanément des images, des formes voire des textures et des couleurs à la musique entendue.
La pratique musicale est peut-être l’activité qui engendre la stimulation la plus complète du cerveau. Un entrainement musical régulier pendant plusieurs années mobilise des compétences qui se traduisent par des modifications de l’anatomie cérébrale, notamment de l’épaisseur corticale (matière grise) et des zones de connectivité (matière blanche), ainsi qu’une densité accrue des neurones dans les réseaux auditifs et moteurs. D’autres évolutions apparaissent en particulier dans la communication renforcée entre les deux hémisphères cérébraux.

Selon de récentes études, la densité neuronale de l’hippocampe (structure cérébrale impliquée dans la mémoire, la navigation spatiale, et l’inhibition du comportement) est corrélée au nombre d’années de pratique musicale. En outre, chez les enfants de 5 à 6 ans, les leçons de musique génèrent des effets mesurables sur le raisonnement verbal et la mémoire à court terme. Les émotions sont elles aussi mobilisées, avec la sécrétion d’hormones liées au plaisir et à la motivation activant le circuit neuronal de la récompense.

Même un entrainement de courte durée suffit à modeler le cerveau chez les septuagénaires. Quatre mois d’apprentissage du piano améliorent l’humeur ainsi que l’attention et la planification.
L’action de la musique est importante et sensible tout au long de l’existence, non seulement par la transcendance émotionnelle qu’elle procure, mais aussi par les bienfaits qu’elle apporte en modifiant les mécanismes biochimiques du cerveau qui se trouve complètement rassembleur. Elle influencerait l’estime de soi, ainsi que la confiance aux autres.

On a même découvert récemment que des personnes atteintes de maladies dégénératives (Alzheimer, sénilité) peuvent encore mémoriser de nouvelles mélodies et continuer à s’émouvoir à l’écoute de vibrations musicales antérieurement aimées et que certaines personnes peuvent continuer à marcher en dépit d’atteintes d’accident cérébral ou de maladie de Parkinson grâce à la musique, lorsqu’on l’adapte à la pathologie concernée. Le rythme en particulier, qui permet à l’enfant de se structurer, redonne parfois la parole à ceux qui l’ont perdue. L’émotion musicale résiste particulièrement bien aux troubles de la mémoire. Les neuroscientifiques cherchent à en décoder les mécanismes afin de les utiliser pour prendre en charge les maladies de pathologie neurologique ou psychiatrique.

L’action de la musique prend son essence dans la vie elle-même, qu’elle soit matérielle ou spirituelle non seulement par son implication sur le corps, mais également par la transcendance émotionnelle qu’elle procure nous reliant depuis les débuts de l’humanité en en une chaîne de progression universelle.