Salut! Ça va?

Cinq ans en un clin d'œil

2023-06
Aucun de nous ne pouvait mesurer en 2018 les conséquences de notre inscription à la Faculté des langues étrangères de l'Université pédagogique de Blagovechtchensk avec une direction française et anglaise. La sélection a été dure, car le niveau y est particulièrement élevé. La difficulté ne provient pas seulement d’un nombre incroyable de cours de langue, mais aussi de devoir fournir un travail constant de mémorisation et de recherche d’informations ainsi que de pratique de l'écriture et de la parole. Elle est aussi liée à l’apprentissage d’une nouvelle langue, à partir de zéro. Le français semblait alors quelque chose d'incroyablement lointain et impossible à maîtriser en seulement 5 ans. Comment cela s'est-il réellement passé ?

La première année a été vraiment compliquée. Tout d'abord, nous sommes arrivés dans une nouvelle équipe. Nous avons dû faire connaissance et apprendre à communiquer les uns avec les autres. Chaque enseignant possédait son style d'enseignement et ses méthodes de conduite des leçons et surtout un niveau d’exigences élevé pour chacun de nous. Ici, tout a changé, nous n’étions plus à l’école, traités comme des enfants, avec des exigences d’enfants.

Le premier cours de français nous a semblé passionnant, quoique difficile. Il fallait assimiler la matière rapidement si on ne voulait pas être en retard sur ses camarades et sur le programme. Les cours de français étaient quasi quotidiens, avec parfois plusieurs cours par jour, ce qui pouvait être épuisant. Le résultat s’est avéré vraiment incroyable. Au bout de quelques mois, on pouvait lire, écrire, voire raconter des histoires en français ! On regardait des reportages simples, on pouvait parler de sujets basiques. En si peu de temps, nous pouvions faire en français ce qui nous avait pris 10 ans à l'école en anglais !

Grâce à notre professeur, nous sommes arrivés en 2e année, bien préparés. Par conséquent, l’apprentissage a été beaucoup plus facile. Nous avions les connaissances de base nécessaires qui nous ont permis de faire face aux difficultés. En outre, nous devons souligner que nos enseignants ont toujours été prêts à nous aider, à répondre à nos questions. Ainsi, dans la deuxième année, des leçons intéressantes ont commencé à apparaître comme « lecture à domicile », où nous avons pu en apprendre davantage sur la culture française et aimer sa littérature. C'était merveilleux. La troisième année nous a permis d'approfondir notre connaissance de la langue. Nous avons appris le style et l'histoire de la langue française. À ce moment, nous pouvions déjà dire avec confiance « je parle français » et chacun le communiquait fièrement à tout le monde autour de nous.

Les événements liés à la langue française sont innombrables, mais nous garderons les plus brillants à jamais dans notre mémoire. Ainsi, après avoir presque terminé notre première année, nous avons lu les poèmes de Pouchkine en français à la bibliothèque de la ville. Dans de belles robes, avec des coiffures soignées et plein d'enthousiasme, nous nous tenions devant des gens qui apprenaient le français comme nous, et devant ceux pour qui c'était la langue maternelle. Nous baignions dans une atmosphère inexplicablement inspirante qui ne marquait que le début de notre long voyage.

La deuxième année, nous avons tourné la vidéo de Stromae — « Tous les mêmes » avec beaucoup d'intérêt. C'était vraiment drôle, juste du vrai art. Nous nous souviendrons toujours des longues répétitions après les cours. Rapidement, nous n'avons plus eu besoin d'assistance et avons tout planifié et réalisé.

On ne peut pas parler de culture française sans mentionner le théâtre. C'est d’ailleurs pour cette raison que nous avons un événement comme « théâtre Français ». Pourquoi nous réunissons-nous tous chaque année et montons-nous sur scène à l'image des personnages français les plus célèbres ? La réponse est très simple : c'est ainsi que nous pouvons devenir de vrais Français, même brièvement. L'une des productions les plus mémorables de notre groupe était une scène des Femmes Savantes de Molière, un classique du théâtre français. Nous avons ri, ragé, avons appris et enseigné, tout cela en si peu de temps passé sur scène.

Personne dans notre groupe ne sait chanter, ce qui ne nous a pas empêchés de participer au plus beau spectacle francophone de notre ville, le « Festival de la chanson française ». La première chose à laquelle nous associons cet événement est le printemps. Les filles portent des robes légères à motifs lumineux, les garçons, leurs plus belles chemises et tous deviennent l’espace d’un instant des Stars sur scène sous les douces mélodies de la musique française. Nous ne chantons pas pour recevoir des cadeaux, ni pour montrer nos talents, mais pour nous imprégner une fois de plus de la culture française et nous sentir comme une partie d'un monde spécial, le monde des francophones.

Nous arrivons maintenant au terme de cette aventure inoubliable. Nous pouvons affirmer avec certitude que le français est devenu notre langue de communication, d'expression et d'âme. Chaque événement a laissé une marque dans nos cœurs et dans notre mémoire comme quelque chose de cher et de lumineux. Les professeurs nous ont apporté des connaissances inestimables non seulement sur la structure de la langue, mais aussi sur la culture et l'histoire de la France. Les mots ne peuvent exprimer à quel point nous leurs sommes reconnaissants pour tout cela. Pendant tout ce temps, nous sommes devenus une vraie famille francophone, et cela n'a pas de prix.