La tendance qui se dessine actuellement en Fédération de Russie dans la dynamique du remaniement irréversible de la géopolitique internationale est une plus grande ouverture à l’Afrique, qui se réjouit et apprécie énormément cette osmose qui se refait entre le continent africain et la Russie.
Une très large frange de la population africaine s’exprime ou recourt au français érigé comme langue officielle, en même temps que le russe demeure la langue nationale de la Fédération de Russie ; Comment donc permettre un dialogue des cultures entre les deux parties ?
Les données historiques attestent que, dans un passé récent, le français était considéré comme une langue de la noblesse en Russie. En témoignent plusieurs auteurs qui se sont exprimés dans cette belle langue. Par ailleurs, le nombre toujours croissant de ressortissants de pays francophones qui ont fait leurs études en Russie dans la langue russe, depuis les années 1950 jusqu’à nos jours, à la faveur de la politique d’octroi de bourse par la Russie, est un gage pour la Russie d’avoir des interlocuteurs avec lesquels elle peut compter dans le monde francophone. C’est pour cette raison que vos assises tombent à point nommé, et contribuent donc au renforcement des relations culturelles et scientifiques entre la Russie et l’Afrique.
Tous ces Anciens étudiants en Fédération de Russie, auxquels s’ajoutent les couples mixtes constituent non seulement une référence, mais aussi un gage pour la Russie d’avoir des Ambassadeurs des valeurs et de la culture russes à travers le monde.
C’est pour moi l’occasion de souhaiter la multiplication des centres culturels russes à travers l’Afrique et un appui aux Radio urbaine et rurale qui jouent encore un rôle avant-gardiste et fédérateur. Ce sont de puissants vecteurs des libertés et des cultures particulières en tout temps. Le vivre ensemble peut ainsi être renforcer à travers ces vecteurs qui créent des liens par le truchement de la culture.
La Russie peut donc renforcer le réseau des radios rurales et communautaires à travers des programmes culturels en y incluant des séquences quotidiennes d’apprentissage de la langue russe.
L’augmentation du nombre de bourse à accorder aux des étudiants pourra également contribuer au brassage des deux cultures, d’autant plus que la trajectoire sociale et les itinéraires sociologiques de ces traits d’union entre le continent africain et la Fédération de Russie permettront davantage d’expérimenter et de découvrir le sens de l’autre à travers des échanges de proximité entre jeunes.
Enfin, de nombreux autres exemples d’échanges interculturels peuvent servir au renforcement des liens entre nos peuples : je pense à des semaines culturelles. Je rappelle aussi qu’en 2016, il y eu au Musée Pouchkine l’exposition Congo-River, qui a permis à la population russe d’admirer les œuvres d’art et d’artisanat du patrimoine de la vallée du Fleuve Congo à travers trois pays : le Gabon, le Congo et la République Démocratique du Congo.
Je pense également aux semaines culturelles et aux festivals qui permettent à divers œuvres musicales et filmographiques de nourrir la mémoire collective de part et d’autre. Autant d’exemple qu’il faut multiplier et qui matérialisent le dialogue tant souhaité.
De l’usage du « français »
Langue que je comprends le mieux, le français est ce véhicule à travers lequel j’exprime mes émotions, mes pensées, mes douleurs, mes joies et mes rêves.
C’est la langue à travers laquelle je peux décrire, de la meilleure manière et avec le plus de charge émotive possible, la réalité que j’observe, dans les détails les plus subtils et les plus raffinés. Sa syntaxe et sa grammaire nous engagent dans un exercice complexe de déclinaison, en même temps qu’elles nous ouvrent un univers infini de nuances, d’images, d’ellipses et de paraphrases. Comme un bouillon dont tous les ingrédients viennent renforcer la saveur.
Sa lecture est un délice qui nous ouvre à la pensée des autres, comme un dialogue intemporel avec ceux qui en ont fait un usage littéraire où pédagogique.
Le mouvement de ma pensée, les référents qui me nourrissent dans la structuration de mon argumentaire, le chemin que les mots empruntent pour sortir de ma bouche et prendre leur envol à destination de mes auditeurs ; tout cela participe de l’usage de la langue française.
Quel spectacle désolant de ceux qui en font un usage étriqué dans nos médias. Comment peut-on s’exprimer dans deux ou trois langues en même temps sans en diluer la saveur, comme une volonté tenace de nous introduire dans l’inculture, dans le vide creux de ces expressions qui n’ont de sens que dans le contexte où elles ont été produites.
Si le français se nourrit des autres cultures, il faut lui laisser le temps de la digestion, avant que le nouvel apport ait eu le temps de fondre dans la langue, pour la féconder et l’enrichir. La langue française possède une âme, celle de son peuple, celle de tous les peuples qui en ont fait un usage officiel, administratif ou didactique, celle de tous ceux, aujourd’hui en font un usage politique : la francophonie !