Le NFT (“non fongible token”), l'art numérique, l'intelligence artificielle... Il paraît que notre réalité n'est plus imaginable sans ces notions qui entrent dans nos vies plus vite que nous nous habituons à elles. Ce qui se cache derrière n'est pas toujours évident, n'est-ce pas ? Dans cette interview, l'artiste numérique Vlad Lobaschev nous aidera à entrer dans les coulisses du processus de création d'œuvres d'art numériques qu'il réalise en utilisant l'intelligence artificielle. Il nous parlera également de son parcours créatif, de ses inspirations, ainsi que ses réflexions à ce sujet.
Bonjour Vlad ! Parle-nous un peu de toi s’il-te-plaît.
Bonjour, je m'appelle Vladislav Lobaschev, je suis un artiste numérique. Mon pseudonyme créatif dans le milieu artistique est OSSSO. Maintenant je vis et travaille à Barcelone.
Quand et pourquoi as-tu décidé de commencer à créer des œuvres avec l'Intelligence Artificielle (IA) ?
Je suis ingénieur logiciel et directeur de cinéma et de publicité de formation. J'ai toujours voulu aller au-delà de l’environnement habituel. J’aime combiner la technologie et l'art. J’ai travaillé sur la création de publicité pour des bras robotiques, des vêtements imprimés en 3D à partir de matériaux non-déchets et dirigé des danses de ballet en réalité virtuelle.
Je suis de très près les technologies de l'IA depuis longtemps. Il y a six mois j'ai remarqué une percée émergente dans cette direction, et j'ai décidé que je voulais y participer en tant qu'artiste.
J'ai une idée universelle - l'unité du monde entier. J'ai réalisé que je pouvais en parler en tant qu'artiste à travers l'art de l'IA.
Je suppose que pour certains de nos lecteurs c'est un sujet complètement nouveau. Peux-tu parler un peu plus du processus de création d’une œuvre ?
Si on parle de l’idée, le processus de création est le même. Si nous parlons du côté technique, sans entrer dans les détails, imaginez que vous avez un pinceau dans les mains, mais que ce pinceau est composé à moitié de mots et d'images et à moitié de commandes de machine ; et que dans la palette graphique vous n’avez pas de couleurs, mais des mots. En agitant ce « pinceau », vous transformez ces mots et commandes en images.
En fonction du réseau neuronal, l'interface peut être similaire à Photoshop ou à un chat - en fait, vous discutez avec ce réseau neuronal.
Quelle est la particularité de tes œuvres ? As-tu des thèmes, des sujets, des couleurs préférées ?
Aujourd’hui le style cyber-punk est très populaire (films : « Blade Runner », « Matrix », « Ghost in the Shell »), et il me semble que ce style nous parle de la stratification de la société, de la perte d'une personne dans la société en tant qu'individu, et de la perte de la société dans son ensemble en quelque sorte. Dans mes œuvres, je veux montrer un autre avenir possible, où les gens s'unissent et créent un monde harmonieux.
Aussi, dans mes œuvres, je parle de ma vie dans l'instant, de l'attention. Un autre thème plus global est l'union des personnes. Je sens que chacun a une mission dans cette vie, ou des objectifs, et il essaie de les accomplir. Quelqu'un peut projeter un regard sur plusieurs générations à venir. Mais nous tous en tant qu'humanité, au-delà de la portée de nos vies actuelles, aspirons à l'unification.
D'un point de vue visuel, j'aime combiner des couleurs blanc, rouge et de l'or. J'essaie aussi d'allier les technologies, la mode et le bouddhisme.
Bien sûr, je m'amuse aussi en créant des images joyeuses ; le travail avec l'IA ouvre la porte à un monde immense d’expériences et du « fun ».
Quelle est ton œuvre préférée (s’il y en a) ? Dis-en nous un peu plus sur elle, sur l’histoire qui se cache derrière.
Oui, j’en ai une. Cette pièce est née inconsciemment et l’idée derrière est la mission de l’être humain. Jusqu'à l'âge de 30 ans, je n’arrivais pas à trouver mon chemin : je me fixais des objectifs et les atteignais, je courrais des marathons, j’ai gravi l'Elbrouz. A mon avis, atteindre un objectif est censé vous remplir d'énergie et de motivation. C'était comme si je tombais d’une énorme falaise, m'écrasais, puis me retrouvais dans le vide ; je me relevais lentement plus tard pour me fixer un nouvel objectif plus ambitieux, l’atteindre et tout répéter à nouveau.
À un moment donné, j'ai réalisé qu'il y a des missions dans ce monde, qu'elles sont infinies et que nous pouvons commencer à les mettre en œuvre tout au long de nos vies. Nous pouvons manifester ces missions à travers nous-mêmes et à travers nos compétences.
Prenons la mission de réunir les gens : quelqu'un peut créer un club pour ceux qui aiment lire, quelqu'un d’autre peut organiser des petits-déjeuners d'affaires, quelqu'un peut peindre des tableaux ou encore quelqu’un a créé Internet. Ce sont toutes des manifestations différentes de la même mission.
Mon œuvre m'aide à trouver ma mission. Maintenant elle est exposée dans mon salon et quand les gens la voient, ils disent qu'une très forte énergie s'en dégage.
Certains ont des craintes par rapport au développement de technologies qui impliquent l'IA. Prenant en compte ce que l’IA te sert d'outil de créativité, je suppose que ce n’est pas ton cas. Cependant, as-tu des craintes ?
Tout est un poison et tout est un remède - chaque technologie peut être utilisée à la fois pour le bien et pour le mal, nous l'avons déjà vécu à plusieurs reprises. Non, je n'ai pas de telles craintes.
Que recommanderas-tu à ceux qui veulent démarrer leur parcours créatif dans ce domaine ou simplement expérimenter ?
J'ai remarqué que beaucoup de gens ont un blocage à la créativité, ils s'interdisent de créer, tout en pensant qu'ils ne sont pas assez bons pour cela, ou que certaines règles doivent être respectées en créativité.
J'aime beaucoup une phrase dite par le fondateur d'une entreprise technologique. L’idée est qu’entre une tâche difficile et une tâche facile la personne choisit une tâche claire.
Voici l'algorithme d'action pour vous :
1. Reconnaissez que vous êtes déjà un artiste, dès la naissance !
2. Vous avez des muscles créatifs, il vous suffit d'aller à la salle de sport créative
3. Ouvrez une barre de recherche (maintenant !)
4. Écrivez "Générateur d'images IA"
5. Accédez à n'importe quel service qui vous plaît (Midjourney, Stable Diffusion, DALL-E 2)
6. Commencez à créer !
7. Revenez à la lecture de cet entretien
Ne me remerciez pas :)
As-tu des artistes d'IA qui t’inspirent ?
Je tiens à dire que la communauté des artistes de l'IA est très jeune, dynamique et incroyablement talentueuse, mais j'essaie de ne pas trop regarder les autres artistes. Pour laisser mon esprit clair, je m'inspire du monde qui m'entoure, des événements de ma vie, des voyages, des choses que je remarque dans l'environnement. Récemment j'ai été très inspiré par un voyage à Monte Carlo, à Nice et à Marseille, j'ai aimé le contraste de ces villes, les gens qui y vivent, les rythmes et les ambiances. Beaucoup d'idées sur lesquelles je travaille maintenant sont nées grâce à ce contraste.
Il est plus habituel pour la plupart des gens d’acheter tableau, qui est un objet physique. Vends-tu ton travail ? Si oui, comment cela se passe-t-il ?
Oui, je vends mes œuvres en tant qu'objets physiques à des collectionneurs privés : j'imprime mon travail à l'acrylique sur toile - récemment, un collectionneur autrichien a acheté mon travail.
Je vends également de l'art numérique, via NFT dans des galeries numériques, ainsi qu’à travers des services où vous pouvez, par exemple, acheter un sac ou une coque de téléphone avec une impression de ma peinture.
Je m'intéresse à la question du droit d'auteur pour ces œuvres. Si une œuvre est créée par une personne avec l'aide de l'IA, peut-on alors considérer que l'IA est co-auteur ? Ou l'IA n'est-elle encore rien de plus qu'un outil de travail. Que penses-tu de cela ?
Je crois que c'est le même outil que n'importe quel service ou application. L'artiste paie les peintures, les pinceaux, tandis que l'artiste numérique paie aussi ses outils, par exemple, Photoshop. Le plus important est que c'est l'artiste qui crée l'image et non l’IA elle-même.
Je paye aussi l'accès au service avec les réseaux neuronaux. J'aime bien le moment du film « Blade Runner 2049 », le dialogue à la 78ème minute, qui montre l'avenir possible de cette technologie. Regardez-le et vous allez comprendre de quoi je parle.
Où exposes-tu ton travail ?
Vous pouvez toujours voir mon travail sur mon Instagram. Je prévois aussi une exposition d’œuvres « physiques » qui se tiendra à La Galerie Kokanas à Marseille en avril 2023. Vous êtes donc les bienvenus !
Instagram : @ossso.concept
Bonjour Vlad ! Parle-nous un peu de toi s’il-te-plaît.
Bonjour, je m'appelle Vladislav Lobaschev, je suis un artiste numérique. Mon pseudonyme créatif dans le milieu artistique est OSSSO. Maintenant je vis et travaille à Barcelone.
Quand et pourquoi as-tu décidé de commencer à créer des œuvres avec l'Intelligence Artificielle (IA) ?
Je suis ingénieur logiciel et directeur de cinéma et de publicité de formation. J'ai toujours voulu aller au-delà de l’environnement habituel. J’aime combiner la technologie et l'art. J’ai travaillé sur la création de publicité pour des bras robotiques, des vêtements imprimés en 3D à partir de matériaux non-déchets et dirigé des danses de ballet en réalité virtuelle.
Je suis de très près les technologies de l'IA depuis longtemps. Il y a six mois j'ai remarqué une percée émergente dans cette direction, et j'ai décidé que je voulais y participer en tant qu'artiste.
J'ai une idée universelle - l'unité du monde entier. J'ai réalisé que je pouvais en parler en tant qu'artiste à travers l'art de l'IA.
Je suppose que pour certains de nos lecteurs c'est un sujet complètement nouveau. Peux-tu parler un peu plus du processus de création d’une œuvre ?
Si on parle de l’idée, le processus de création est le même. Si nous parlons du côté technique, sans entrer dans les détails, imaginez que vous avez un pinceau dans les mains, mais que ce pinceau est composé à moitié de mots et d'images et à moitié de commandes de machine ; et que dans la palette graphique vous n’avez pas de couleurs, mais des mots. En agitant ce « pinceau », vous transformez ces mots et commandes en images.
En fonction du réseau neuronal, l'interface peut être similaire à Photoshop ou à un chat - en fait, vous discutez avec ce réseau neuronal.
Quelle est la particularité de tes œuvres ? As-tu des thèmes, des sujets, des couleurs préférées ?
Aujourd’hui le style cyber-punk est très populaire (films : « Blade Runner », « Matrix », « Ghost in the Shell »), et il me semble que ce style nous parle de la stratification de la société, de la perte d'une personne dans la société en tant qu'individu, et de la perte de la société dans son ensemble en quelque sorte. Dans mes œuvres, je veux montrer un autre avenir possible, où les gens s'unissent et créent un monde harmonieux.
Aussi, dans mes œuvres, je parle de ma vie dans l'instant, de l'attention. Un autre thème plus global est l'union des personnes. Je sens que chacun a une mission dans cette vie, ou des objectifs, et il essaie de les accomplir. Quelqu'un peut projeter un regard sur plusieurs générations à venir. Mais nous tous en tant qu'humanité, au-delà de la portée de nos vies actuelles, aspirons à l'unification.
D'un point de vue visuel, j'aime combiner des couleurs blanc, rouge et de l'or. J'essaie aussi d'allier les technologies, la mode et le bouddhisme.
Bien sûr, je m'amuse aussi en créant des images joyeuses ; le travail avec l'IA ouvre la porte à un monde immense d’expériences et du « fun ».
Quelle est ton œuvre préférée (s’il y en a) ? Dis-en nous un peu plus sur elle, sur l’histoire qui se cache derrière.
Oui, j’en ai une. Cette pièce est née inconsciemment et l’idée derrière est la mission de l’être humain. Jusqu'à l'âge de 30 ans, je n’arrivais pas à trouver mon chemin : je me fixais des objectifs et les atteignais, je courrais des marathons, j’ai gravi l'Elbrouz. A mon avis, atteindre un objectif est censé vous remplir d'énergie et de motivation. C'était comme si je tombais d’une énorme falaise, m'écrasais, puis me retrouvais dans le vide ; je me relevais lentement plus tard pour me fixer un nouvel objectif plus ambitieux, l’atteindre et tout répéter à nouveau.
À un moment donné, j'ai réalisé qu'il y a des missions dans ce monde, qu'elles sont infinies et que nous pouvons commencer à les mettre en œuvre tout au long de nos vies. Nous pouvons manifester ces missions à travers nous-mêmes et à travers nos compétences.
Prenons la mission de réunir les gens : quelqu'un peut créer un club pour ceux qui aiment lire, quelqu'un d’autre peut organiser des petits-déjeuners d'affaires, quelqu'un peut peindre des tableaux ou encore quelqu’un a créé Internet. Ce sont toutes des manifestations différentes de la même mission.
Mon œuvre m'aide à trouver ma mission. Maintenant elle est exposée dans mon salon et quand les gens la voient, ils disent qu'une très forte énergie s'en dégage.
Certains ont des craintes par rapport au développement de technologies qui impliquent l'IA. Prenant en compte ce que l’IA te sert d'outil de créativité, je suppose que ce n’est pas ton cas. Cependant, as-tu des craintes ?
Tout est un poison et tout est un remède - chaque technologie peut être utilisée à la fois pour le bien et pour le mal, nous l'avons déjà vécu à plusieurs reprises. Non, je n'ai pas de telles craintes.
Que recommanderas-tu à ceux qui veulent démarrer leur parcours créatif dans ce domaine ou simplement expérimenter ?
J'ai remarqué que beaucoup de gens ont un blocage à la créativité, ils s'interdisent de créer, tout en pensant qu'ils ne sont pas assez bons pour cela, ou que certaines règles doivent être respectées en créativité.
J'aime beaucoup une phrase dite par le fondateur d'une entreprise technologique. L’idée est qu’entre une tâche difficile et une tâche facile la personne choisit une tâche claire.
Voici l'algorithme d'action pour vous :
1. Reconnaissez que vous êtes déjà un artiste, dès la naissance !
2. Vous avez des muscles créatifs, il vous suffit d'aller à la salle de sport créative
3. Ouvrez une barre de recherche (maintenant !)
4. Écrivez "Générateur d'images IA"
5. Accédez à n'importe quel service qui vous plaît (Midjourney, Stable Diffusion, DALL-E 2)
6. Commencez à créer !
7. Revenez à la lecture de cet entretien
Ne me remerciez pas :)
As-tu des artistes d'IA qui t’inspirent ?
Je tiens à dire que la communauté des artistes de l'IA est très jeune, dynamique et incroyablement talentueuse, mais j'essaie de ne pas trop regarder les autres artistes. Pour laisser mon esprit clair, je m'inspire du monde qui m'entoure, des événements de ma vie, des voyages, des choses que je remarque dans l'environnement. Récemment j'ai été très inspiré par un voyage à Monte Carlo, à Nice et à Marseille, j'ai aimé le contraste de ces villes, les gens qui y vivent, les rythmes et les ambiances. Beaucoup d'idées sur lesquelles je travaille maintenant sont nées grâce à ce contraste.
Il est plus habituel pour la plupart des gens d’acheter tableau, qui est un objet physique. Vends-tu ton travail ? Si oui, comment cela se passe-t-il ?
Oui, je vends mes œuvres en tant qu'objets physiques à des collectionneurs privés : j'imprime mon travail à l'acrylique sur toile - récemment, un collectionneur autrichien a acheté mon travail.
Je vends également de l'art numérique, via NFT dans des galeries numériques, ainsi qu’à travers des services où vous pouvez, par exemple, acheter un sac ou une coque de téléphone avec une impression de ma peinture.
Je m'intéresse à la question du droit d'auteur pour ces œuvres. Si une œuvre est créée par une personne avec l'aide de l'IA, peut-on alors considérer que l'IA est co-auteur ? Ou l'IA n'est-elle encore rien de plus qu'un outil de travail. Que penses-tu de cela ?
Je crois que c'est le même outil que n'importe quel service ou application. L'artiste paie les peintures, les pinceaux, tandis que l'artiste numérique paie aussi ses outils, par exemple, Photoshop. Le plus important est que c'est l'artiste qui crée l'image et non l’IA elle-même.
Je paye aussi l'accès au service avec les réseaux neuronaux. J'aime bien le moment du film « Blade Runner 2049 », le dialogue à la 78ème minute, qui montre l'avenir possible de cette technologie. Regardez-le et vous allez comprendre de quoi je parle.
Où exposes-tu ton travail ?
Vous pouvez toujours voir mon travail sur mon Instagram. Je prévois aussi une exposition d’œuvres « physiques » qui se tiendra à La Galerie Kokanas à Marseille en avril 2023. Vous êtes donc les bienvenus !
Instagram : @ossso.concept