Salut! Ça va?

Javier Reyes : «J’adore voir mes élèves évoluer!»

2022-11
Javier Reyes est professeur à l'Université Nationale de Colombie à Bogotá. Dynamique, optimiste et enthousiaste, il évolue facilement dans sa carrière de professeur de français grâce à son regard rayonnant sur la vie et son envie permanente de grandir et devenir meilleur.
            Licence, Master, Doctorat, toujours plus loin et plus haut pour mieux connaître le métier, pas à pas, Javier Reyes montre l’exemple à ses élèves et à nous tous que rien n’est impossible quand on est « heureux avec ce qu’on fait » !   
           
           Quand et pourquoi avez-vous décidé de devenir professeur ?
           En réalité, il n’y a pas eu un moment spécifique ou un événement particulier. Je savais que j’adorais les langues étrangères quand j’étais au Lycée et que je voulais continuer ma formation dans le monde des langues, mais pas particulièrement dans le monde de l’enseignement. C’est plutôt quelque chose que j’ai découvert petit à petit lors de ma formation universitaire. Ensuite, j’ai commencé à donner des cours de français et j’ai découvert que mes étudiants apprenaient assez facilement. Ça m’a donné le goût de l’enseignement et j’ai décidé de continuer dans ce parcours tout au long de ma vie.
           Quelles formations avez-vous suivies ?
           J’ai commencé par une Licence pour l’enseignement du Français Langue Étrangère à l’Université Nationale de Colombie à Bogotá et ensuite je suis parti en France comme assistant de langue étrangère dans la région du Finisterre. C’est durant ce séjour que j’ai connu l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et trois ans plus tard j’y ai fait une maîtrise en Lettres, Littérature et enseignement du FLE. Quand, je suis retourné en Colombie, j’ai préparé un master en Linguistique à l’Université Nationale. Finalement, l’année dernière, j’ai obtenu un Doctorat à l’UBO en Sciences du Langage où j’ai soutenu une thèse sur l’analyse du discours dans les messages publicitaires de santé publique.
           Qu'est-ce qui vous enchante dans ce métier ?
           J’ai l’impression d’être privilégié par le fait de travailler dans une université. C’est une institution qui a un grand campus, avec une bibliothèque superbe, des collègues sympathiques et je trouve que c’est enrichissant de rester en contact permanent avec des jeunes. Ce contact me permet de connaître des visions variées sur le monde.
           En ce qui concerne l’enseignement, j’adore le fait de pouvoir observer mes étudiants grandir au plan académique et au plan personnel. Certains étudiants sont devenus mes collègues, d’autres sont partis dans différents pays pour poursuivre leurs études et il y en a certains qui ont des postes à hautes responsabilités.
           Qu'est-ce qui vous semble le plus important dans votre travail avec les élèves ?
           Le plus important pour moi, et j’insiste souvent sur ce point dans mes cours, est de leur apporter quelque chose de plus qui leur permette d'avancer réellement dans leur formation, au-delà des objectifs linguistiques ou du programme qui est proposé. Parfois, on a l’impression que si un étudiant ne maîtrise pas la structure de la langue, c’est un échec, alors, qu’en réalité il aurait pu avancer dans d’autres aspects de l’apprentissage qui sont aussi importants pour sa vie professionnelle et académique.
           Comment arrivez-vous à motiver vos élèves à l'apprentissage du français ?
           Je ne crois pas que le professeur doive motiver les étudiants pour l’apprentissage d’une langue étrangère. Souvent, les étudiants sont motivés par eux-mêmes, par exemple parce qu’ils veulent voyager ou communiquer avec quelqu’un ou tout simplement ouvrir leur pensée à d’autres visions du monde. Maintenant, c’est important de souligner que le professeur ne devrait pas les démotiver !
           Je pense qu’une bonne manière de garder cette motivation chez nos étudiants est de préparer de manière responsable les cours, d’identifier les styles d’apprentissage de nos étudiants et de les encourager à continuer ce processus de formation constante.
           Qu'est-ce qui vous inspire et vous encourage le plus dans votre travail ?
           Ce qui m’inspire, c’est le fait de constater le développement des étudiants tout au long de leur formation. Souvent, ils arrivent au premier semestre sans savoir dire un mot en français et on peut voir leur évolution semestre après semestre jusqu’à la fin de leur formation quand ils atteignent un niveau C1. Ensuite, il y a des cas particuliers de personnes qui ont réussi dans leurs vies grâce à l’apprentissage du français et cela est encourageant pour un professeur. C’est même mon cas, grâce au français, j’ai un travail, j’ai pu voyager, connaître des gens, etc.
           Le métier de professeur n’est pas facile. Rencontrez-vous beaucoup de difficultés ?
           Ahhhh… là, je ne suis pas tout à fait d’accord avec la question. Je trouve que le métier de professeur n’est pas tellement compliqué. On a souvent construit une représentation négative du métier de professeur et on parle de « sacrifice » ou de « vocation », mais je ne l’ai jamais ressenti de cette manière, j’aime beaucoup préparer et assurer mes cours.
           Des difficultés, il y en a dans tous les métiers, dans tous les contextes, et je ne crois pas que le monde de l’enseignement du français soit une exception, mais je pense qu’il faudrait dédramatiser un peu cette image négative du métier de professeur et particulièrement du professeur de langues.
           Avez-vous vécu des moments où vous vouliez changer de travail, abandonner cette profession ?
           Jamais ! J’apprécie beaucoup cette profession surtout quand je suis en vacances (rires) ou quand je voyage à l’étranger pour des raisons professionnelles comme une conférence ou un congrès.
           Pouvez-vous dire que vous êtes heureux dans votre métier ?
Totalement, je ne changerais jamais de métier pour les raisons que j’ai expliquées précédemment.
           Un événement que vous n’oublierez jamais ?  
           Je pense à mon premier voyage en France. Le fait de connaître le pays et de voir réellement ce que j’avais connu uniquement sur des photos, de pouvoir identifier différents accents et expressions de la vie quotidienne est un sentiment que je ne pourrai jamais oublier….
           Un élève que vous n’oublierez jamais ?
           Je raconte toujours une histoire qui m’est arrivée et que j’aime beaucoup. Quand j’ai commencé à donner des cours de français, j’avais comme élève une femme assez âgée dans une de mes classes. Son processus d’apprentissage était différent (plus lent) des autres étudiants, et à la fin du cours je me suis entretenu avec elle pour lui expliquer qu’elle avait accumulé beaucoup de retard. C’est à ce moment qu’elle m’a raconté qu’elle avait une fille qui habitait en France en cohabitation avec des français et qu’elle tentait de l’appeler par téléphone, mais qu’elle (la mère) n’arrivait jamais à se faire comprendre pour se faire passer sa fille. Avec mon cours, elle pouvait se faire comprendre et elle arrivait toujours à avoir sa fille au téléphone. Elle m’a expliqué alors qu’elle avait probablement échoué le cours, mais qu’en réalité elle l’avait réussi au-delà des notes et des évaluations traditionnelles que les institutions nous imposent.
           Qu’est-ce que vous faites pour réussir dans votre métier ?
           Je ne fais rien de spécial, le plus important c’est d’être heureux avec ce que l’on fait et le reste viendra tout seul.
           Votre plus grand rêve de professeur ?
           Je voudrais pouvoir publier une méthode pour l’enseignement du français pour le contexte colombien afin de tenir compte des particularités des processus d’enseignement et d’apprentissage de ce pays…