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Thitima Pupatvibul: «Le sourire de l’enfant vaut mille mots!»

2022-11
Thitima Pupatvibul, professeur de français à l’école Thongsaenkhanwittaya, une école rurale dans la province Uttaradit en Thaïlande. C’est la langue française qui l’a conduite vers l’enseignement. Sa méthodologie privilégie une approche individuelle à l’enfant, des activités visant une interaction de coopération en confiance ainsi que la prise en compte des centres d’intérêt de l’élève. A la faveur d'années d'expérience avec les enfants, Thitima a trouvé le secret du succès et de son épanouissement professionnel : rester toujours positive en toutes circonstances et forger ce même état d'esprit chez les élèves. Cette attitude bienveillante crée en classe un climat qui favorise la réussite des élèves !

Quand et pourquoi avez-vous décidé de devenir professeur ?
J’étais chef de secteur d'un supermarché d'un grand groupe français. J’ai abandonné ce travail pour me lancer dans l’enseignement qui demande des compétences que j'avais déjà, comme transmettre un savoir, des connaissances, aider les autres à progresser. Mon ancienne carrière m’a été très utile parce que j'y ai appris des mots français d'usage courant et cela m’a aidé à élargir mon vocabulaire. Plus encore, je fais toujours tout pour atteindre mes objectifs et mon statut de mère m’a aidé à gérer les apprentissages de la vie et les incompréhensions. Je me sentais donc compétente pour gérer une classe, pour inspirer et motiver les élèves et les aider à progresser.

Quelles formations avez-vous suivies ?
En 1996, j’ai fini des études de français à l’université de Chiang Mai. Puis j'ai passé le certificat de guide touristique régional en langue française. Pour pouvoir intégrer l’enseignement, il m'a fallu suivre les programmes de certification des enseignants pour obtenir une licence d’enseignant. Par conséquent à l’école j’enseignais le français et l’anglais et j’ai fait une maitrise en enseignement de l’anglais. D’autre part, j’ai eu l’occasion de suivre la formation « La pédagogie de l’enseignement du français » au Vietnam, prise en charge par le Centre régional Francophone d’Asie-Pacifique (CREFAP/OIF), des formations à l’Alliance Française de Bangkok et également des formations organisées par l’Association Thaïlandaise des Professeurs de Français (ATPF), par l’université de Thammasat et par l’université de Naresuan.

Qu'est-ce qui vous enchante dans ce métier ?
Le sourire de mes élèves en classe m’enchante. Un sourire vaut mille mots. C’est super chouette ! En mettant l'accent sur l’encouragement et la motivation, je maintiens une bonne ambiance de classe, très importante pour les apprentissages. Plus elle est positive, plus l'apprentissage est efficace. Je crée un climat positif en classe et j'ai des interactions positives avec les élèves. Je leur parle toujours de manière bienveillante même dans les situations de conflit et il y en a, car mes élèves sont à un âge où ils veulent plus d’autonomie. Rien d’anormal à cela. Par contre, ce n'est pas pour autant qu'il faut céder et les laisser faire. Le respect doit prédominer. Je m’adapte aux différents élèves avec un esprit de justice et mon sens de l'humour. Cela crée un climat de confiance et de coopération. Ils sont plus à l’aise et sentent qu’ils font partie de la classe, qu'ils ne sont pas exclus.

Qu'est-ce qui vous semble le plus important dans votre travail avec les enfants ?
Il est important de modifier le regard des élèves sur l’apprentissage du français. Quand des élèves ont une attitude positive envers l’apprentissage d'une langue, ils sont motivés pour acquérir cette nouvelle langue efficacement tout en s'amusant. La motivation donne en effet envie d’apprendre la langue française, elle est l’un des principaux facteurs qui contribuent à la réussite. Il est aussi très important d'ouvrir les élèves sur le monde et de leur permettre de découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures afin de développer leurs capacités d’adaptation.

Comment arrivez-vous à motiver vos élèves à l'apprentissage du français ?
La motivation est l’un des principaux facteurs qui contribuent à la réussite de l’apprentissage du français. J’organise des activités pédagogiques en tenant compte des centres d'intérêt des élèves afin de dynamiser le cours. Il est important que les activités proposées aient du sens. Elles leur permettent ainsi de s’engager et de développer des compétences de transfert de connaissances et par conséquent d'améliorer leur compréhension du français. Les activités qui ont du sens amènent les élèves à une participation active, constructive, intentionnelle, et coopérative. Les activités choisies sont en relation directe avec le contenu de leur manuel scolaire, ce qui les aide.

Qu'est-ce qui vous inspire et vous encourage le plus dans votre travail ?
Des rapports positifs avec les élèves m’encouragent. Pour établir de tels rapports avec l’ensemble des élèves, je leur parle toujours avec bienveillance et je recours à l'humour. De plus, les élèves sentent que je les apprécie, que je fais tout pour donner à chacun, individuellement, les moyens de progresser et d'améliorer leurs compétences. Je circule souvent parmi les élèves pour vérifier leur compréhension. Quant à eux, ils aiment trainer autour de moi pour raconter leurs petites histoires. Je crée donc un climat de confiance, propice aux apprentissages.

Le métier de professeur n’est pas facile. Rencontrez-vous beaucoup de difficultés ?
Après deux années rendues difficiles par l’épidémie de Covid-19, mon métier n’est plus comme avant. J’ai dû m’adapter au travail à distance. Pour assurer la continuité pédagogique, il a fallu utiliser les nouvelles technologies, les plateformes et réseaux pédagogiques pour l’apprentissage et l’évaluation en ligne. Cela n’a pas été facile. Cette situation m’a permis de me familiariser avec de nouvelles pratiques. J’ai suivi des formations à distance pour savoir les maitriser. Et l’aide en formation apportée par Bruno Marchal sur la réalisation de projets audiovisuels, a été également précieuse. Grâce à cela, je sais aujourd'hui créer des fiches pédagogiques en ligne, créer des clips vidéo à visées pédagogiques, des tests en ligne, etc. Cela facilite beaucoup mon métier.

Vous pouvez dire que vous êtes heureuse dans votre métier ? 
Je suis heureuse dans mon métier. Je suis dans une petite école rurale. Les élèves rendent mon cours agréable et mes collègues sont cordiaux et généreux, nous travaillons très bien en équipe. Il arrive aussi parfois que des parents d’élèves me donnent des fruits et des légumes de leur ferme. De plus, ce métier m'épanouit, il participe à mon développement personnel.

Un événement que vous n’oublierez jamais ? 
En novembre 2019, j’ai décroché la 4e place du concours vidéo «des pratiques innovantes dans l’enseignement du français» organisé par l'ambassade de France et ATPF. Et le jour de la Journée internationale des Professeurs de français, Monsieur Jacques Lapouge, Ambassadeur de France, m’a remis le prix, en même temps qu'à d'autres lauréats, du concours vidéo. C'est un moment qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. L’ambassade de France a aussi adressé un colis à mon école pour offrir des cadeaux aux élèves qui avaient réalisé le clip vidéo.

Un élève que vous n’oublierez jamais ?
Tous sont dans ma mémoire ! Tous mes élèves me donnent aussi la motivation d'aller à l’école qui est située à 40 km de chez moi !

Qu’est-ce que vous faites pour réussir dans votre métier ?
A part favoriser l’apprentissage des élèves qui est ma mission première, je m’occupe aussi d’autres tâches pour rendre service à la communauté. Par exemple j’assure la gestion administrative des bourses d’études AWC dédiées aux élèves filles. Et à chaque calendrier scolaire, je travaille avec mon équipe du département des langues étrangères pour lancer des projets pédagogiques. Avec les méthodes actives, des élèves vont chercher les informations, essayer, analyser, etc. Les projets font apparaitre des besoins d’apprentissage et des savoir-faire. Enfin parfois je rends service à la communauté et enseigne dans le quartier de mon école. C’est une activité pédagogique qui se déroule en dehors le système éducatif officiel.

Votre plus grand rêve de professeur ?
Je voudrais toujours continuer à apprendre et à développer mon engagement pour forger des pratiques, faire des choix et mieux agir. C’est important d’avoir la capacité à se former et à défier la nouveauté pour garantir un enseignement de qualité et le bien-être au travail.