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Mirjana Djordjevic: «Ce qui m’enchante dans mon métier ce sont les sourires de mes élèves»

2022-11
Mirjana Djordjevic, est professeur de français en Serbie. Son parcours professionnel incarne son rêve d’enfant — devenir une magicienne tout comme sa première professeur de français. Elle propose à ses élèves de mettre des chaussures magiques et de partir ensemble dans un pays de merveille qui est l’univers de la langue française.
Mirjana est sûre que dans cette profession il est important de donner constamment aux enfants la soif d’apprendre, et elle y arrive avec succès en les invitant à participer à de nombreux projets internationaux !

Quand et pourquoi avez-vous décidé de devenir professeur ?

J’avais 11 ans et j’étais en cinquième au collège. Je me souviens très bien de ma professeur de français. Elle était différente, un peu excentrique. Le premier cours elle est entrée dans la classe, habillée comme Mary Poppins, elle tenait un grand parapluie et a dit : « Qu’est-ce que vous attendez ? Fermez les yeux, on va à Paris ! » Alors j’ai décidé d’étudier la langue française. Elle m’a donné envie d’être moi-même.

           Quelles formations avez-vous suivies ?
Quand j’ai terminé mes études en langue, littérature et culture françaises, je suis devenue professeur de français, j’ai obtenu une bourse par l’ambassade de France en Serbie et j’ai participé au stage pédagogique en Vendée. Ensuite, la deuxième bourse de perfectionnement m’a conduite à Montpellier à l’Institut européen de français. J’ai également suivi des formations à Nice, à Budapest, etc.

Qu'est-ce qui vous enchante dans ce métier ?
J’aime ce que je fais et suis enchantée par les sourires des enfants, quand ils me posent des questions, quand ils sont satisfaits. Le plus fascinant pour moi c’est cette soif d’apprendre.

Qu'est-ce qui vous semble le plus important dans votre travail avec les enfants ?
Une passion ! Les gens les plus heureux ont une passion. Ma passion est le français. Une passion est motivante ! Le plus important pour moi est de faire confiance aux potentialités des élèves qui nous sont confiés et leur donner la possibilité d’atteindre leur étoile !

           Comment arrivez-vous à motiver vos élèves à l'apprentissage du français ?
           Pour ma part j’essaie de monter de petits projets. J’ai organisé des échanges virtuels avec une classe d’élève du Québec. Le résultat a été fructueux !
           Ensuite on a commencé un projet « Le tour du monde » des cartes postales avec la participation d’es écoles de Tunisie, d’Italie et de Grèce. C’était une sorte de voyage à la découverte de différentes cultures, langues et civilisations. 
           « Clémentin et Clémentine » est un projet que j'ai réalisé avec une école française. Clément est un petit garçon qui se retrouve tout plat suite à, la chute d'un tableau et il va voyager dans une enveloppe. Le but étant de faire découvrir d'autres cultures autour du monde. On a fait notre Clémentin et Clémentine et échanger avec les autres était vraiment extraordinaire !
C’était très enrichissant et motivant pour les élèves. Ils trouvaient cela « génial » parce que le cours ne se déroulait plus seulement dans la classe, mais aussi au musée, au théâtre, à la bibliothèque.
L’interactivité permet aux enfants d’être de réels acteurs du cours, pas seulement des spectateurs. J’ai mis en place une correspondance avec des écoles en France, un échange de mails entre élèves, cartes postales où ils présentent leur collège, leur classe, etc. Internet facilite les échanges de ce genre.
J'ai aussi mis en place des concours pour le Mois de la Francophonie dans les collèges où on apprend le français. Chaque année, les thèmes sont variés : « Stop à la violence ! », « Bon pour ma planète », « Vive l'amitié ! », etc.

Qu'est-ce qui vous inspire et vous encourage le plus dans votre travail ?
Créer des liens…. En sortant de la classe, on crée des liens, on fait tomber les murs dressés par l'institution et l'on donne des opportunités aux élèves de comprendre que la connaissance se construit non seulement à l'intérieur du collège, mais aussi à l'extérieur. Les élèves adorent mon nouveau projet « Où nous mènerons nos chaussures magiques ? » Il s’agit d’un projet interculturel entre plusieurs pays, Serbie, Italie, France, Grèce et Tunisie, structuré autour d’un voyage à la découverte de différentes cultures, langues et civilisations. Les étudiants vont voyager avec leurs « chaussures magiques » pour connaitre les autres pays et présenter leur culture. Il est très important que les élèves réalisent qu’ils ont l’occasion de dialoguer avec des élèves du monde entier en français et comprennent mieux la diversité culturelle, à nouveau une belle occasion d’enrichir son vocabulaire, une belle ouverture sur notre monde. J’attends avec impatience de voir le résultat final.

Le métier de professeur n’est pas facile. Rencontrez-vous beaucoup de difficultés ?
C'est une bien grande question, puisque bien évidemment nous avons le même problème ! Je pense que c’est le temps de sécheresse, de manque d’enthousiasme, de motivation, de savoirs… C’est très difficile ! Malheureusement, je n'ai pas de recette miracle. En Serbie, le niveau général baisse, nos résultats reculent d'années en années aux différents tests. 

           Avez-vous vécu des moments où vous vouliez changer de travail, abandonner cette profession ?
Oui, c’était en réaction à une réforme. Cette réforme a réduit de moitié le nombre d’heures allouées à la seconde langue étrangère qui n’est désormais plus que de 2 heures, soit 90 minutes réelles par semaine ! On a constaté consécutivement une baisse alarmante de l'intérêt que les élèves portent à l'apprentissage de la seconde langue : français, russe, espagnol. En Serbie l'anglais est toujours enseigné en première langue étrangère. Cet état des choses m'a inquiétée.
           Vous pouvez dire que vous êtes heureuse dans votre métier ? 
Oui, je suis heureuse et fière de faire ce métier parce que tous les jours je vais à l’école avec la joie, je cherche des idées pour encourager mes élèves à apprendre avec plus de plaisir.

Un événement que vous n’oublierez jamais ? 
Il y en a eu plusieurs… peut-être une conférence et rencontre avec Assia Djebar écrivain algérienne et académicienne qui m’a beaucoup inspirée pour élaborer des projets autour de la Francophonie en Serbie.

           Qu’est-ce que vous faites pour réussir dans votre métier ?
J’imagine ! L’imagination… c’est mon support pédagogique ! Le travail créatif avec mes élèves c’est ma mission.

           Un élève que vous n’oublierez jamais ?
J’aime tous mes élèves, mais il y a une élève qui est devenue prof de français, j’étais sa professeur principale, je suis très, très fière d’elle.

Votre plus grand rêve de professeur ?

Mon grand rêve ? Un projet, un petit film : Voyage autour du monde francophone avec les acteurs-élèves. Il peut avoir une dimension pédagogique, découvrir différemment le monde francophone, étudier le français d’une autre manière… mais qui sait où nous mènerons nos chaussures magiques ?