Salut! Ça va?

Marta Bickel : «Savoir écouter et respecter les élèves est essentiel pour moi!»

2022-11
Marta Bickel est aujourd'hui professeur à l'ECCB-Escola Camilo Castelo Branco en Angola. Forte d'une longue expérience dans l'enseignement des langues dans son pays natal, la Suisse, elle est partie cette année pour travailler à Luanda en Angola.
           En appréciant surtout le côté humain de son métier, Marta voit dans ce nouveau défi l'opportunité d’enseigner à des élèves désireux d’apprendre tout en se développant sur les plans humains et professionnels. Marta aime beaucoup sortir de sa zone de confort, et trouver le chemin vers le succès. Avancer toujours à travers des défis, telle est sa devise personnelle !
           
           Quand et pourquoi avez-vous décidé de devenir professeur ?
           J'ai décidé de devenir enseignante après avoir terminé ma licence en droit et ma post-graduation. J'ai senti que ce n'était pas la bonne voie pour moi et j'ai pris une autre direction. L'idée de pouvoir travailler avec les jeunes m'a séduit.

           Quelles formations avez-vous suivies ?
           J'ai commencé des études à Zurich pour enseigner l'anglais au niveau secondaire (jusqu'à la 9e année), puis j'ai décidé de faire des études pour pouvoir également enseigner le français.
           J'ai également suivi de nombreux cours professionnels au fil des ans afin de me tenir au courant des nouvelles méthodes d'enseignement. Je suis spécialisée dans l'enseignement aux adolescents et je suis toujours à l'affût de nouveaux cours et webinaires.

           Qu'est-ce qui vous enchante dans ce métier ?
           Le métier d'enseignante me permet non seulement de transmettre des connaissances, mais aussi d'apprendre en permanence.
           On ne finit jamais d'apprendre. Rien n'est définitif. Le défi est constant. Même si j'ai enseigné pendant plusieurs années, chaque année scolaire est pleine de nouvelles choses. Chaque classe est un monde et chaque élève est un univers.

           Qu'est-ce qui vous semble le plus important dans votre travail avec les enfants ?
           Le plus important, c'est le côté humain. Je ne vois pas mes cours comme de simples espaces où on enseigne et coopère. Le pouvoir d'imbriquer les disciplines est très attrayant. Être capable de parler de sujets divers tels que la pénurie d'eau dans différentes parties de la planète, la diversité culturelle, l'environnement, la crise énergétique, le recyclage ou l'égalité des droits et l'égalité des sexes. Les jeunes sont réceptifs et curieux. 

           Comment arrivez-vous à motiver vos élèves à l'apprentissage du français ?
           A Zurich, le français n'est pas apprécié par les étudiants, car il n'est pas facile à apprendre. Ce que je fais, c'est montrer que c'est une langue nationale et qu'elle doit être appréciée. J'utilise beaucoup la radio suisse romande, car l'écoute permanente d'enregistrements authentiques est essentielle. Je donne également à mes élèves la possibilité d'écrire en français à d'autres élèves d'autres pays. Cette expérience a été très enrichissante. Chaque année scolaire, mes élèves lisent les journaux de langue française de la Suisse romande. Et ils ont participé à des magazines francophones en écrivant des articles.

           Qu'est-ce qui vous inspire et vous encourage le plus dans votre travail ?
           Ce qui m'inspire, c'est la notion de la responsabilité. Sachant que ce métier a une composante humaine très importante et qu'il ne faut pas la négliger. Savoir parler aux élèves. Savoir les écouter et les respecter est essentiel pour moi. C'est une motivation constante. Au fil des ans, j'ai gardé le contact avec d'anciens élèves et je suis leur parcours professionnel. C'est très gratifiant.

           Le métier de professeur n’est pas facile. Rencontrez-vous beaucoup de difficultés ?
           Les difficultés se situent principalement au niveau du travail administratif et des heures qui sont consacrées aux réunions, aux protocoles, aux rapports, ce qui rend notre profession difficile. La préparation des cours, la réflexion sur les tâches, la manière d'atteindre chacun des élèves, la différenciation du travail nous demande déjà beaucoup. Le travail administratif est trop dur.

           Avez-vous vécu des moments où vous vouliez changer de travail, abandonner cette profession ?
           Oui, il y a toujours un moment où l'on se remet en question, cela fait partie du métier. Parfois, cela n'a rien à voir avec le rythme des cours. C'est plutôt la difficulté d'avoir des classes très disparates, avec des élèves qui demandent une attention qu'il n'est pas toujours possible de donner.

           Vous pouvez dire que vous êtes heureuse dans votre métier ?  
           Oui, changer mon itinéraire était la bonne décision. C'est le métier de mes rêves. En fait, nous, les enseignants, sommes des rêveurs !

           Un événement que vous n’oublierez jamais ?
           Je n’oublierai jamais la « Journée de la lecture à voix haute ». Il s’agit d’un événement national qui, en 2022, a été inoubliable pour moi. J'ai pensé à contacter Madame Emmanuelle Brossin, porte-parole du département fédéral de l’intérieur, pour demander si le Conseiller fédéral Alain Berset pouvait lire une histoire en français à mes élèves. Étonnamment, elle m'a contacté immédiatement et Monsieur Alain Berset m'a envoyé, exceptionnellement, une vidéo dans laquelle il lisait un texte en français. C'était un moment très intense sur le plan émotionnel pour mes élèves comme pour moi. Je n'oublierai jamais ce geste généreux de notre Conseiller fédéral.

           Votre plus grand rêve de professeur ?
           En réalité mon plus grand rêve s’est réalisé !
           En février dernier, j'ai senti qu'il me manquait quelque chose, j'étais très insatisfaite du système scolaire suisse qui n'a pas été capable de suivre les changements sociaux de ces dernières années. J'ai donc présenté ma démission au directeur de mon école qui était évidemment très surpris. J'ai pensé que je devais aller en Afrique et trouver ce qui me manquait.
J'ai choisi l'Angola parce que je connaissais la langue locale. J'ai eu la chance d'être accepté par l'ECCB (Escola Camilo Castel Branco) située à Luanda, la capitale de l'Angola. En attendant mon visa de travail, j'ai commencé en septembre des cours via ZOOM et j’étais en contact quotidien avec mes nouveaux élèves. Ce sont pour la plupart des élèves désireux d'étudier et ils ont une convivialité naturelle qui m'a captivée. L'école a répondu à mes attentes. Les enseignants sont des gens très gentils, originaires du Portugal et d'Angola aussi. Je remercie beaucoup l'ensemble de l'équipe de l'école qui m’a beaucoup aidée et soutenue dans mes démarches pour organiser mon départ et mon travail dans cette école. Dans mon cas, je suis le premier enseignant de Suisse à y travailler. J'ai beaucoup appris dans cette nouvelle expérience et j'ai le sentiment que mon rêve est devenu réalité !