N’Tji Traore est professeur de français au mali, au Lycée Technique Public de Sevare/Mopti . Il aime son métier. Après avoir été influencé par son professeur, il influence à son tour ses élèves grâce à sa volonté de partager de son amour de la langue française, associé à une personnalité qui place l’humain au premier plan.Quand et pourquoi avez-vous décidé de devenir professeur ?
J’ai décidé de devenir professeur juste après le baccalauréat en 2005 non seulement par amour pour ce métier, un amour transmis par mon professeur de français, M. Cissé au lycée pour qui j’ai beaucoup d’admiration, mais aussi par souci de quête et de partage. Car enseigner c’est avoir et partager. Quelles formations avez-vous suivies ? Après une licence en Lettres Modernes à la Faculté des Lettres, Langues, Arts, Sciences Humaines (FLASH) de l’Université de Bamako, j’ai réussi le concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Bamako, option Lettres, Professeur d’Enseignement Secondaire. En 2014, j’ai intégré la fonction publique en tant que professeur de Lettres et ai été affecté au Lycée Technique Public de Sévaré, Mopti, au centre de mon pays comme professeur de français. Dans cette ville, j’ai été sollicité par L’Alliance Franco-Malienne où j'officie actuellement comme professeur de FLE. Cette institution m’a ouvert beaucoup de formations sur l’enseignement du FLE et FOS suivis au Mali et en France dans le cadre du BELC 2018 et 2022 à Nantes. Il est important de signaler que je suis aussi correcteur et examinateur DELF/DALF, tous niveaux. Qu'est-ce qui vous enchante dans ce métier ? Ce qui m’enchante dans ce métier est que je suis en quête perpétuelle de connaissance afin d’apporter de la lumière aux personnes défavorisées que je considère en grande partie comme ma famille. En plus, je reçois toujours quand j’enseigne et je ne m’ennuie pas. Qu'est-ce qui vous semble le plus important dans votre travail avec les enfants ? Le plus important pour moi, c’est d’avoir conscience de leur état, de la particularité de l’environnement. Un enfant ne peut pas être traité comme un adulte. Il faut en être conscient. Comment arrivez-vous à motiver vos élèves à l'apprentissage du français ? J’arrive à motiver mes élèves à l’apprentissage du français par des activités ludiques, mais surtout par la douceur de mon comportement à leur égard. Qu'est-ce qui vous inspire et vous encourage le plus dans votre travail ? Pour moi, la construction humaine est la chose la plus importante. Enseigner, c’est construire et faire des personnes. Cette idée me motive dans ce travail que je trouve noble. Avez-vous vécu des moments où vous vouliez changer de travail, abandonner cette profession ? Bien sûr que je rencontre beaucoup de difficultés qui sont surtout d’ordre matériel et socio-économique, mais pas au point d’abandonner ce métier que j’aime. Il m’arrive parfois de changer d’environnement, mais pas de changer de travail. Vous pouvez dire que vous êtes heureux dans votre métier ? Oui, bien sûr, je suis heureux dans mon métier ! Un événement que vous n’oublierez jamais ? C’était lors de la présentation de ma leçon modèle dans le cadre de mon stage au Lycée Askia Mohamed de Bamako. J’avais préparé et présenté une étude sur le poème « Joal » de Léopold Sedar Senghor aux élèves de 11ème Langues Littérature. La satisfaction des élèves et le commentaire élogieux de l’inspecteur m’ont marqué à jamais. Un élève que vous n’oublierez jamais ? L’élève que je n’oublierai jamais est Nana Kadidia TOGOLA. Elle était dans l’enseignement technique, mais son amour du français était si grand que je lui disais qu’elle devrait choisir une voie littéraire. En réalité elle était bonne dans toutes les matières. Sa particularité pour le français est qu’elle était trop attachée à moi et très disciplinée. Elle participait à toutes activités que je leur donnais. Un jour, j’ai invité un collègue à venir assister aux débats organisés entre les élèves. Nana Kadidia a été remarquable avec des interventions qui ont valu la meilleure note à son groupe. Après les débats, elle a eu les félicitations et les encouragements de mon collègue. Toute contente, elle a répliqué qu’elle aimait le français et qu’elle continuerait à aimer le français grâce à l’intérêt que je suscitais pour cette langue. J’étais très touché de savoir que dans l’ombre, je pouvais orienter des gens, dont elle, Nana Kadidia TOGOLA. Avec toutes ses qualités ! Qu’est-ce que vous faites pour réussir dans votre métier ? Je suis ouvert à d’autres et je mets à jour perpétuellement mes connaissances. Votre plus grand rêve de professeur ? C’est voir mes élèves me dépasser et devenir de grands cadres de mon pays.