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Bienvenue au Daghestan

2022-06
Quels sont les symboles de la culture moderne : téléphones portables, ordinateurs, Sida, Football, Arts martiaux, guerres ? Évoquons des symboles du passé qui sont malheureusement tombés dans l’oubli, mais qui, grâce à l’initiative de la génération âgée, commencent heureusement à renaître.
Cette particularité concerne le Daghestan, pays situé à l’extrémité sud de la Russie et dont le nom se traduit comme « pays des montagnes », où vivent ensemble et en harmonie plus de 40 groupes ethniques, chacun ayant sa propre langue, ses traditions et ses coutumes. Rappelons très brièvement de certains des symboles et signes de la culture traditionnelle des peuples daghestanais.

Le costume traditionnel

Le vêtement est un extraordinaire document autorisant une entrée dans les cultures provinciales, symbolisant l'appartenance à la noblesse, à la paysannerie, à la sphère quotidienne, festive, familiale, professionnelle.

Il est un très bon marqueur de la conscience populaire. Dans le costume traditionnel sont concentrés les traits les plus importants de la conscience du peuple, ses idées sociales, morales et religieuses, les idéaux éthiques et son mode de vie. Le vêtement traditionnel fait partie des biens et des coutumes patrimoniaux. L’habit folklorique n'était pas seulement une source d'information sur l'appartenance ethnique et régionale, l'âge ou le sexe, mais il pouvait aussi avoir une fonction de prestige et de magie. Dans un contexte socioculturel plus large, l'apparence vestimentaire était perçue comme un méta-signe d’un groupe ethnique.

La Lezguinka

Un autre symbole important du Daghestan est lezguinka qui est l'une des danses traditionnelles du Caucase. Elle est en quelque sorte un emblème, une carte de visite de tout Caucasien. La lezguinka, très belle danse, exprime l'âme des peuples fiers, épris de liberté, passionnés et courageux du Caucase.
La mélodie de la danse est dynamique, au rythme clair, passant du caractère calme au rythme très énergique. La danse symbolise les mouvements gracieux d'un cygne, d'un aigle, d'un Tur [tu:r] de montagne, avec des figures techniques complexes.
Elle suit un schéma bien défini. Le garçon imite le vol d'un aigle. Cela est particulièrement visible lorsqu'il se tient sur les pointes des pieds, en écartant fièrement les bras et en décrivant doucement des cercles, comme si un aigle planait dans le ciel.
Il existe trois types de lezguinka : en solo, en duo et collective. Selon les lois sévères des montagnes et les traditions séculaires, les filles n'étaient pas autorisées à sortir et la lezguinka était le moment privilégié pour lier connaissance. Le garçon et la fille en profitaient pour exprimer, par la grâce de la danse, leur sympathie l’un envers l’autre.
Ils dansent à une certaine distance l'un de l'autre en se déplaçant en cercle et en exécutant des mouvements techniques complexes d’un motif particulier. C’est une sorte de jeu. Si la fille s’éprend du garçon, alors elle flotte souplement l’entraînant derrière elle. À la fin de la danse, les danseurs se saluent en s'inclinant. Chaque groupe ethnique se caractérise par ses propres mouvements de danse lezguinka. L’une des différences les plus importantes de la lezguinka daghestanaise, la distinguant par exemple de celle ossète ou kabarde, est la manière très expressive d'exécuter la danse masculine.
La danse est le meilleur moyen de transmettre le caractère d’un peuple. Autrefois la réserve et la noblesse étaient les principales caractéristiques de la lezguinka. Ce n'est que ces dernières années que des exclamations telles que « Assa ! » et « Hoppa ! » sont apparues lors de l’exécution de la lezguinka ainsi que le sourire des hommes lors de la danse qui n'était pas autorisé autrefois. Un autre trait particulier frappant de la lezguinka est qu’elle était autrefois principalement considérée comme une danse de guerriers, en plus de sa fonction évoquée précédemment.
La danse était considérée comme un rituel sacré. On avait même (certains villages les ont encore) ses propres traditions et coutumes concernant son exécution et la façon dont il était autorisé ou non à demander une fille en mariage lors d'une danse. L'un des éléments particuliers de la lezguinka : la fille est la première à se mettre à danser et la première à quitter le cercle. La lezguinka féminine personnifie les mouvements d’un cygne.

Les jeux comme symbole de l’enfance

Les jeux les plus anciens ont une certaine similitude chez de nombreux peuples. Ces jeux ont été formés à l’ère néolithique ou à l’époque de sociétés primitives. Les plus anciens étaient associés à la simple manipulation avec du matériel improvisé - cailloux, fruits, os, fragments de peaux, etc. Au cours de la manipulation, certaines des règles ont été formées : lancer des objets, les jeter en l’air, serrer un objet dans un poing, intercepter des objets de main en main, les cacher, etc. En général, tous les jeux archaïques, quelle que soit leur origine, étaient étroitement liés à l'idée de fertilité, d'abondance, de renaissance de la vie. Une sécheresse prolongée pendant la période de végétation ou, au contraire, une humidité excessive pendant la période de maturation et de récolte ou la saison des foins étaient tout aussi défavorables pour l'agriculteur que pour l’éleveur du bétail. Par conséquent, dans le mode de vie des adultes et de leurs enfants, à côté des prières, une large place était occupée par toutes sortes de jeux rituels visant à prévenir magiquement les averses destructrices, la grêle, et aussi à provoquer la pluie en cas de sécheresse ou, au contraire, le soleil en cas d'intempéries prolongées.
Les jouets avaient souvent un rôle multiple, ludique, éducatif et magique comme par exemple les hochets. Ils étaient fabriqués à partir de la vessie lavée et séchée d'un mouton ou d'une chèvre fraîchement abattue dans laquelle une poignée de haricots ou de grains était insérée.
Les haricots ou les grains s'entrechoquaient contre les parois de la vessie gonflée. Les hochets n'étaient pas uniquement destinés à distraire, mais aussi à chasser les mauvais esprits et autres forces nuisibles auxquels l’enfant en bas âge était considéré comme particulièrement vulnérable. Ils étaient répandus chez pratiquement tous les peuples du Daghestan.
Le même rôle était destiné aux sifflets-jouets, qui étaient conçus pour chasser les mauvais esprits et les démons. Les sifflets-jouets ont également été les premiers « instruments de musique » pour l’enfant. Ils étaient fabriqués à partir de divers matériaux, mais le plus souvent sculptés dans du bois ou moulés dans de l'argile, avec une variété de couleurs et de formes : animaux, oiseaux… Les sifflets servaient aussi de jouets éducatifs. Grâce à eux, l'enfant apprenait que les oiseaux émettaient des sons mélodieux.

Le jeu d'altchik

On appelle altchik l’os du genou d'un mouton. Le jeu d'altchik est l'un des plus courants au Daghestan et se joue dans de nombreuses variantes.
Les joueurs utilisent habilement les particularités des conditions naturelles de leur pays montagneux (par exemple, une abondance de pierres diverses).
Tel est le jeu dargane « Чендабали биркъуле » (« Chendabali birkule »). De 2 à 5-6 joueurs participent au jeu avec des altchiks près du mur. Parfois, ils sont diisés en deux équipes, mais le plus souvent, ils jouent individuellement.
Les altchiks sont mis à une certaine distance contre un mur - deux ou trois par joueur. À 5-10 m des althciks, une ligne est tracée à partir de laquelle un des joueurs lance son altchik de choc (plus grand que ceux placés en jeu). Si l'altchik est renversé, le joueur le ramasse et effectue des lancers ultérieurs depuis l'endroit où l'altchik de choc rebondi du mur est tombé. Le jeu continue jusqu'à ce qu'il n'y ait plus un seul altchik en jeu. Le « gagnant » est celui qui renverse le plus d'altchiks.
Il est à noter que le jeu d’alchik est populaire non seulement au Daghestan et au Caucase du Nord, mais aussi dans d'autres pays. Un alchik en bronze de cinq tonnes et de trois mètres de haut a été inauguré en 2000 sur la place principale d'Atyrau (Kazakhstan).

Le jeu de lyanga

Le lyanga - un volant fabriqué à partir d'un morceau de peau de chèvre ou de mouton sur lequel est cousu (collé) un « bouton » en plomb, d'un diamètre de 2 cm et d'une épaisseur de 2 à 3 mm, conçu pour un jeu de cour d'adolescents et qui était courant au Caucase du Nord (y compris le Daghestan) et en Asie centrale.
Dans les années 1960-1970, dans toutes les écoles de Makhatchkala, Derbent, Buynaksk, Khasavyurt, Kizlyar, les directeurs et les professeurs de classe réprimandaient constamment les élèves du primaire et du secondaire qui jouaient au lyanga pendant les pauses par crainte qu’ils puissent se provoquer une hernie inguinale.
L'origine exacte du mot « lyanga » est inconnue. Il en existe différentes versions. Par exemple, le mot est en accord avec le chinois « jianzi », qui signifie « boiteux » (en raison d’une forte fatigue après le jeu où les joueurs commencent à boiter). Le mot peut également être dérivé du persan « lang », qui a la même signification (boiteux). Rappelez-vous le nom de Tamerlan/Timour Lang/Timour le Boiteux.
Les règles peuvent varier d'une région à l'autre, s'accordant généralement sur la nécessité de donner un coup de pied au langa sans le laisser tomber au sol, tout en utilisant différentes méthodes. Les joueurs peuvent jouer individuellement ou en équipe.
Parmi les symboles, les jeux populaires devraient occuper une place importante dans le système d'éducation nationale, la formation et la préservation de l'identité culturelle. Au fil des siècles, le peuple daghestanais cherche à préserver les meilleures traditions et coutumes, ainsi que les expériences positives accumulées dans l'éducation et la formation, pour les transmettre à la génération montante.