Salut! Ça va?

Le message du Figaro

2022-04
C’est dur d’allumer la télé aujourd’hui. C’est dur tout court. Et c’est dix fois plus dur si tu es d’origine Russe. Les articles de presse ne font pas exception. On est obligé de s’informer mais on le fait presque par  auto-torture. Car on est obligé de savoir ce qui se passe.
C’est par hasard, grâce à une amie, que je tombe un jour sur un article du Figaro Magazine « Vive la Russie quand même ». Un journaliste a exprimé dans cette chronique son soutien pour la culture russe. Il a critiqué le boycott des artistes, qu’il trouve « idiot », et a pris la défense d’œuvres qui appartiennent aujourd’hui à l’humanité et font partie du patrimoine mondial. « Guerre et Paix », « Anna Karénine », « Le lac des Cygnes », « La Dame de Pique »… A qui profite réellement leur interdiction dans certains établissements ?!
Après quelques simples recherches sur Internet, je découvre que Jean-Christophe BUISSON est un historien, auteur de plusieurs ouvrages et directeur adjoint du Figaro Magazine. Sans tarder, je lui adresse un courriel afin de le remercier d’abord. Oui, le remercier pour sa position, sa prise de parole et sa lucidité en cette époque trouble. Pour lui dire aussi que son texte nous a fait du bien, à ma copine Tania, à moi et, sans aucun doute, à beaucoup d’autres lecteurs non-indifférents au sujet. Je lui propose également un rendez-vous en vue d’une interview pour « Salut ! Ça va ? »
Un retour à mon mail m’arrive dans l’heure. Nous nous rencontrons quelques jours plus tard à Paris, sur les Grands Boulevards, à deux pas de la rédaction du Figaro. Comme je l’ai écrit par la suite sur ma page Facebook, c’était l’interview la plus « thérapeutique » de ma vie.

Monsieur Buisson, la première question que je voudrais vous poser, c’est d’où venait cette envie de défendre la culture russe ?

La culture est toujours supérieure aux conflits. Les conflits s’arrêtent toujours, alors que la culture ne s’arrête jamais. A un moment donné ce conflit va s’arrêter et on retrouvera quelque chose qui a été mis entre parenthèses, qui s’est maintenu parce que pendant ces événements tragiques on peut continuer à lire, à écouter de la musique, à aller au cinéma. La culture, on la vit en permanence. Elle survivra. Vous n’étiez pas seule à réagir à mon article et je n’étais pas tout seul à penser cela. J’ai reçu énormément de courriers. Beaucoup de gens m’ont écrit en disant qu’il était stupide d’associer la culture à ce qui se passe. La culture c’est quelque chose qui par définition rapproche les gens, c’est quelque chose qui est contraire aux conflits. Ce qui ne veut pas dire que la culture ne se nourrit pas des conflits. Régis Wargnier, le réalisateur du film « Est-Ouest » (avec Sandrine Bonnaire, Catherine Deneuve, Sergueï Bodrov et Oleg Menchikov) qui adore la Russie et qui a beaucoup d’amis russes est lui aussi effondré par ces décisions. Ce week-end, il fait un petit festival dans sa ville et il présente justement le film « Est-Ouest » pour parler de cette culture. Lui c’est un fou de la culture russe. Vous savez, ce que j’adore chez les Russes c’est que justement cette grande culture elle est évidente chez tous les Russes quel que soit leur niveau social. Parfois j’ai discuté avec des chauffeurs de taxi en Russie et il m’est arrivé de leur parler de Dostoïevski. Je ne suis pas sûr qu’on puisse discuter de Victor Hugo avec un chauffeur de Paris.

La société française est aujourd’hui partagée en deux parties. Il y a des gens, comme vous et comme Régis Wargnier qui soutiennent la culture russe et plaignent le peuple. Et pour l’autre partie, c’est une raison de plus de critiquer la Russie. Je m’aperçois que la russophobie en France ne date pas d’hier. A votre avis, d’où vient ce phénomène ?

La première raison objective réside dans le fait que la plupart des gens qui parlent de la Russie et qui généralisent ce qui se passe ne sont jamais allés en Russie. Ils ne connaissent ni la Russie, ni la culture ni la littérature ni le peuple russe. Ils ont une vision déformée de la réalité par la méconnaissance. C’est un problème lointain qui remonte deux siècles en arrière, à l’ouvrage « Russie en 1839 » d’Astolphe de Custine (1790-1857)[1]. Tous les clichés qu’on peut avoir sur la Russie amplifiés aujourd’hui avec ce conflit viennent de là. Il est intéressant de noter qu’après la Seconde guerre mondiale Custine a été réédité en France dans l’idée d’anticommunisme. Cette russophobie est ancrée, malheureusement, dans la partie de la culture française. Mais je pense que les gens qui sont allés au moins une fois en Russie, voient les choses différemment. Deuxièmement, ce que je retrouve dans la situation actuelle, c’est ce que j’ai moi-même vécu à la fin des années 90 avec la Serbie. J’ai beaucoup couvert l’ex-Yougoslavie après les guerres de 1995. J’y suis allé une cinquantaine de fois. Je retrouve les mêmes mécanismes et cela m’avait beaucoup heurté à l’époque. J’ai un peu souffert de ça. Je revenais de Belgrad où j’ai assisté à des bombardements et où des civiles étaient tués. Un journaliste chinois a été tué, je l’avais rencontré quelques jours avant. Ces gens-là sont des innocents. Aux yeux du monde, tous les Serbes « étaient complices » par la naissance, par le fait d’être nés Serbes. Les Russes c’est 146 millions d’habitants et on pense ici en France qu’ils sont tous pareils.

Du Festival du film à Honfleur au… Hollywood russe

Quand vous dites que ce sont surtout des personnes qui n’ont jamais mis leurs pieds en Russie, qui s’en expriment de manière négative, cela sous-entend que vous-même, vous y êtes allé ?
Oui. J’y suis allé par extension de mes voyages en Serbie, et quand vous y allez, vous avez envie d’aller plus loin, de visiter le pays - grand frère slave avec qui partager des histoires communes. Donc comme à l’époque j’étais rédacteur en chef Culture du Figaro Magazine, j’y suis allé pour des raisons culturelles, faire des reportages culturels. Je suis allé un peu partout. Le premier grand reportage que j’ai fait c’était à Moscou dans les studios de Mosfilm. Comme je m’occupais du cinéma, j’aimais bien la Russie et sa culture même sans y être encore allé, je me retrouvais souvent au Festival du film russe à Honfleur y compris dans le jury. Une année j’ai même fait venir Andreï Makine, qui est un ami.

Vous connaissez Andreï Makine ?
Je le connais très bien ! C’est vraiment un très bon ami. On s’est retrouvé quelques fois dans le jury. Il y avait des films produits par Mosfilm qui était un partenaire du Festival. Il s’agit aussi bien de vieux films que de films et de dessins animés récents. Je me suis dit que ce serait intéressant de voir les studios et de visiter un jour cet Hollywood russe (sourire). En plus, contrairement à Lenfilm (les studios situés à la ville de Saint-Pétersbourg appelée Léningrad à l’époque soviétique d’où le nom « Lenfilm"), Mosfilm n’a pas disparu complètement. Cette société de production existe toujours. Elle n’a pas été vendue par morceaux comme d’autres studios des pays anciennement communistes. Mosfilm existe grâce à son président Karen Shakhnazarov avec une structure financière autonome, ce qui permet d’avoir gardé des décors, des archives, des costumes, du matériel et surtout des films, ces bobines qui datent des années 20-30 du XXème siècle. C’était un petit miracle pour moi. On est parti avec un photographe passer une semaine très chargée avec l’équipe de direction de Mosfilm.
Qu’est-ce que vous avez pensé alors de cet Hollywood russe ?
C’était impressionnant. Il ne faut pas oublier qu’au début des années 20 chaque studio, à Hollywood, avait son territoire. Et là, à Moscou, on sent bien que c’est un peu le même principe. C’est une ville dans la ville et surtout tout est dans un parfait état grâce à l’investissement de l’Etat. Les studios ont été modernisés, le matériel y est vraiment de très bonne qualité. Et en même temps, il y a un côté très ancien y compris dans la façon de travailler. Le soin, la qualité et les techniques de travail perdurent. On voulait photographier des tanks, mais on n’a pas pu le faire car Nikita Mikhalkov, le célèbre réalisateur russe, était en train de tourner son « Soleil Trompeur 2 » et il n’y avait plus de chars disponibles. C’était vraiment impressionnant ! Il y avait plusieurs villages reconstitués en dur, des villages d’époque qui servent notamment pour produire des séries télé. Quand on a fait notre reportage, on s’est rendu compte que pour la plupart des gens, Mosfilm c’était les films d’Einstein ou de Tarkovski. Donc c’est du cinéma soviétique et depuis, plus rien, mais si ! Il y a beaucoup de choses, à tel point que quand on y était, beaucoup d’Allemands et d’Italiens venaient tourner à Mosfilm pour se servir du matériel, très performant. Cela nous permettait aussi de montrer une image de la Russie qui n’est pas un pays pauvre survivant après le post-soviétisme. Non, non, il y a de la créativité, de l’inventivité, de la modernité dans la culture car Mosfilm est très respectueux des films soviétiques qui sont techniquement souvent extraordinaires. Et là-dedans, il n’y a ni politique ni idéologie. Ils ont tourné la page, mais ils ont une belle richesse culturelle, du patrimoine. Ils respectent, cultivent et entretiennent tout cela, tout en étant dans la création et dans la modernité.
En regardant vos reportages sur plusieurs pages, avec de très jolies photos, je vois que vous avez poursuivi vos découvertes de la Russie tantôt en Transsibérien tantôt sur le fleuve Volga. Était-ce un hasard ?
Tous les ans on fait une sérié d’été dans le Figaro Magazine. Une fois, cette série d’été a été consacrée aux sources des grands fleuves : à la source de l’Amazone, du Nil, du Mékong. J’ai alors proposé de faire la source de la Volga et d’y faire les premiers kilomètres. Quand on pense à la Volga, on pense à ce fleuve qui fait parfois plusieurs kilomètres de largeur, mais vous savez, en réalité, ça démarre comme une toute petite fontaine, un tout petit ruisseau (rire) qui passe sous terre et resurgit des kilomètres plus loin. C’était intéressant aussi de voir que quand on sort de Moscou ou de Saint-Pétersbourg, au bout de cinquante kilomètres, on est dans un pays qui est resté, je pense, le même depuis des siècles. Des villages avec des maisons encore en bois font partie du paysage et la vie quotidienne y reste assez rurale. Il n’y a pas un seul panneau en anglais. Alors qu’en se trouvant à Moscou et à Saint-Pétersbourg on a souvent l’impression d’être à Berlin, à Paris ou à Rome. On a vite compris lors de ce voyage qu’il faudrait se débrouiller « à l’ancienne » car le GPS était inexistant. En revanche, on se comprenait avec les habitants même sans parler le russe.

Vous avez évoqué, au début, qu’avant même d’aller en Russie vous étiez déjà attiré par ce pays. Était-ce grâce à vos études et vos lectures ?

Oui. J’ai obtenu mon Bac littéraire et puis, avant d’intégrer l’Ecole supérieure de journalisme de Paris, j’ai suivi deux ans de classes préparatoires à Normale Sup où on enseigne les grands classiques de la littérature et de l’histoire mondiale. Et très vite, on tombe sur la Russie, ce grand pays dont la culture est très riche. C’est une grande civilisation qui a influé sur une grande partie du monde. Et, en même temps, je n’ai pas beaucoup d’attirance pour la culture anglo-saxonne que j’apprécie à sa mesure. Je me sentais personnellement plus proche de la Russie parce que pour moi c’est un mystère. J’en ai été vraiment fasciné. On ne comprend pas la langue, on n’est pas obligé de comprendre l’alphabet (même si j’ai fini par le lire), c’est une civilisation qui longtemps était lointaine de la France et pourtant on trouve des affinités. Quand on lit de la littérature, il y a à la fois une forme de lyrisme ou de folie ou de fatalisme qu’on peut parfois retrouver dans la littérature française par petites touches. Quand on lit Dostoïevski, on est bouleversé.

Grand reporter mais aussi un père de famille

Le Figaro c’est presque toute votre carrière. Cela fait plus de 20 ans que vous travaillez pour ce média.
28 ans pour être précis.
J’imagine que vous en avez vu des événements, heureux ou tragiques, depuis presque 30 ans. Quel événement ayant eu lieu en France ou dans le monde vous a le plus marqué depuis le début de votre carrière ?
 (après une longue pause) C’est une bonne question ! J’ai commencé en 1994, c’était encore l’époque de François Mitterrand et l’un de mes premiers reportages c’était la campagne électorale de Jacques Chirac en Corrèze, sa région natale. Ce qui est compliqué c’est que quand vous êtes journaliste, vous êtes tellement impliqué et vous vivez tellement de l’actualité et dans l’actualité que vous n’avez plus de recul personnel, vous ne pouvez plus vous débarrasser du fait « qu’en septembre on va faire un tel numéro spécial, c’est un grand événement pour mon travail qui va m’occuper pendant un mois, deux mois, un an… » Et du coup, on ne sait plus faire la distinction entre un grand événement journalistique et une actualité très importante pour sa vie. Ce que je peux vous dire c’est que la naissance de mes deux filles c’est aussi un événement important dans ma vie ! Personnellement, je pense qu’un tournant important dans ma vie c’est quand j’ai couvert la guerre civile en Albanie en 1997. On s’est fait tirer dessus avec un autre journaliste et deux autres photographes, on s’est fait mitrailler notre voiture par des rebelles albanais. J’ai vraiment eu peur. Je me suis posé en me demandant si j’étais fait pour ça, si j’étais fait pour faire du journalisme de guerre. A cette époque, ma deuxième fille avait deux ans. Quand je suis rentré de ce reportage, elle m’a ouvert la porte et m’a dit : « Bonjour Jean-Bernard ! » (rire) Ce n’était pas mon prénom et surtout ce n’était pas « papa ». Là je me suis dit que je pars-je reviens, je pars-je reviens, et je suis peut-être en train de perdre ma famille. J’ai peut-être l’occasion d’écrire des livres, et peut-être que je suis fait aussi pour ça. Je voyais que les photographes qui partaient avec moi étaient tous des personnes extraordinaires et ils avaient du courage et étaient presque suicidaires alors que moi-même j’étais peut-être trop rationnel. J’en ai refait à l’occasion à Kosovo, Haut-Karabakh il y a deux ans, etc. Mais j’ai choisi finalement une carrière de rédacteur en chef, directeur de la rédaction, journaliste de télé, auteur de livres. Et c’était peut-être ça l’événement important dans ma carrière. Je remercierai peut-être un jour ces guerriers albanais qui m’ont tiré dessus et qui, d’un seul coup, m’ont fait comprendre qu’il me fallait changer de voie. D’un point de vue égoïste, je pense que cette guerre civile en Albanie en 1997, que tout le monde a oubliée, a été importante voire décisive pour ma vie. 

Et en parlant des personnalités, quelle personne que vous avez rencontrée grâce à votre métier vous a vraiment impressionné même s’il vous est sûrement difficile de vous souvenir de toutes vos interviews ?
J’ai été assez impressionné par Nicolas Sarkozy que je voyais un peu à distance. Il n’était pas loin parfois de la caricature qu’on faisait de lui. Je l’ai rencontré plusieurs fois à des déjeuners pour parler d’histoire. Vous savez, des politiques qui se préparent à des interviews, j’en ai vu beaucoup : ça se voit et ça s’entend. Mais je peux vous dire qu’à chaque fois qu’on a discuté d’histoire et de littérature, j’étais bluffé car ce n’était pas du tout l’image que j’avais de lui. Et d’ailleurs, un jour on a parlé… d’Anna Karénine ! Oui, oui ! Il m’a dit qu’il avait adoré ce livre et il en était même fasciné. Je pense que c’est son épouse Carla Bruni qui l’a initié à la littérature, à la culture, au cinéma. Après avoir été président, il s’est intéressé à des choses auxquelles il ne s’intéressait pas avant. C’est souvent le problème des hommes politiques de droit qui pensent que comme la culture ne produit pas de l’argent, c’est du temps perdu.

Vous êtes auteur de plusieurs livres, en plus, ce sont des livres d’histoire. Imaginons que vous avez la chance de vivre en 2100. Seriez-vous intéressé de décrire l’époque dans laquelle on vit actuellement ?
Non. Aujourd’hui, je ne m’intéresse pas à mon époque. Je m’y ’intéresse professionnellement par mon métier, mais peut-être que, parce que je fais beaucoup d’histoire, je trouve que l’histoire d’il y a un siècle ou deux siècles était passionnante. Des Romains trouvaient que c’était mieux à l’époque des Grecques, au Moyen Age on pensait à l’Antiquité… Mon époque me fait de la peine, elle me fait souffrir parfois, elle me fait pitié. J’ai l’impression que quand j’avais 20 ou 30 ans, j’étais beaucoup plus libre de penser et d’écrire. Ce n’est pas la même dimension qu’en Corée du Nord, bien sûr, mais je vois qu’il y a 30 ans je faisais librement une plaisanterie avec un jeu de mots alors qu’aujourd’hui on réfléchit trois fois, il y a des auto-censures. Si je fais cette comparaison, est-ce que je vais avoir des ennuis ? On ne va pas en prison, bien sûr, on n’est pas toujours attaqué en justice, mais on a droit aux accusations sur les réseaux sociaux, à des appels, des mails, des courriers et donc à un moment donné on va éviter ça. Cette époque souvent m’attriste. C’est pour ça que j’avais toujours envie de partir notamment en Europe balkanique ou en Russie ou dans le Caucase car j’y retrouvais une forme d’apaisement.

Vos reportages et vos souvenirs de voyages me donnent envie de partir à la découverte de mon pays que je ne connais pas assez, malheureusement. Je vous remercie encore d’avoir souhaité soutenir la culture russe et d’accorder une partie de votre temps à cette interview.
Encore une fois je vous le dis et n’oubliez pas cela : je ne suis pas seul ! Vraiment. Il y a d’autres confrères qui partagent mon point de vue. Ils ne sont pas obligés d’écrire pour exprimer cela. Mais ils pensent cela et ils sont prêts à soutenir des initiatives pour la culture russe pour bien montrer qu’on ne peut pas punir les artistes russes. C’est impensable ! Comme je vous l’ai dit, on a en France un ambassadeur qui est mon ami – Andreï Makine. Il y avait une réception dans l’Académie Française il y a quelques jours, il a surpris tout le monde en demandant s’il pouvait rester et si cela ne gênait pas qu’il restait. François Sureau lui a répondu : « Vous plaisantez Andreï, vous êtes là, à côté de moi justement pour montrer qu’on vous apprécie toujours autant ». J’avais le projet d’organiser une croisière Culture sur la mer Baltique qui devait avoir lieu au mois de mai mais on est obligé de l’annuler. On devait faire Copenhague, Helsinki, Saint-Pétersbourg avec la visite de l’Ermitage et du Peterhof. Et il y en avait une autre sur la mer Noire qui passerait par Odessa, Sébastopol, très compliqué, mais j’espérais le faire. Je sais que j’y arriverai, peut-être dans cinq ans, mais il ne faut pas perdre le lien. Aujourd’hui, le seul lien qu’on peut vraiment garder avec la Russie c’est la culture ! C’est la culture qui nous permet de communiquer et de partager des choses.

[1] Ouvrage « La Russie en 1839 », dont des extraits ont déjà paru sous le nom de « Lettres de Russie », est publié en mai 1843 et rencontre un grand succès : six rééditions verront le jour. Le livre est aussi publié en Angleterre et en Allemagne, mais interdit en Russie. Il s'agit d'une collection de détails sur les mœurs de la Cour, de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie, ainsi que sur l'état de l'administration, des sciences et des coutumes populaires. La description qu'il fait de l'empereur Nicolas Ier est peu flatteuse. Ses critiques déplaisent fortement à Saint-Pétersbourg, mais son livre ne cessera jamais d'être imprimé clandestinement et de circuler sous le manteau en Russie (source : Wikipédia)