« Convaincus que l’art de bien manger et de bien boire est un acte culturel, social et politique, une manière de s’inscrire dans le monde, une façon de définir son identité, nous avons souhaité affirmer la nécessité d’agir en faveur de la reconnaissance de la cuisine en général et de rappeler qu’elle est un élément essentiel du patrimoine et de l’identité culturelle des hommes » (Lettre d’information n°1, 2009)
Mission Française du Patrimoine et des Cultures Alimentaires
La table, quotidienne et immuable
Woody Allen avait joliment détourné les célèbres questions du philosophe : « qui suis-je ? Où vais-je ? … », en y ajoutant un très concret : « et qu’est-ce qu’on mange ce soir !? ». « Qu’est-ce qu’on mange, oui, mais avec qui, surtout !? ». Derrière les boutades, rappelons que se nourrir relève tout à la fois d’une activité biologique et sociale, d’un acte symbolique, d’un comportement culturel et d’une affirmation identitaire. L’homme mange des signes, des règles, des codes et des lois, et quand il ingurgite des aliments, il incorpore aussi de la mémoire et de l’histoire. Se nourrir, cela revient à inviter sur sa table ce qui est consommable, en évinçant ce qui ne l’est pas. Et derrière cette première clôture, se niche une série d’oppositions anthropologiques :Rites de table, circularité du don…
Donner, recevoir, rendre… On se souvient que c’est autour de la circularité impulsée par cette boucle du donné, du reçu et du rendu dans les rapports sociaux que Marcel Mauss [1] a proposé un formidable logiciel du social, permettant une lecture profonde de nos relations.