Depuis plusieurs années, la publication de la revue « Salut ! Ça va ? » est soutenue par l’ambassade de France en Russie. Notre collaboration précieuse et fructueuse est d’une grande importance pour nous, c’est pourquoi nous tenons beaucoup à cette chance unique d’avoir eu l’occasion d’interviewer Fabrice ROUSSEAU, conseiller culturel de l’ambassade de France en Russie et directeur de l’Institut français de Russie.
Est-ce la première fois que vous venez en Russie et que vous y travaillez ?
Oui, c’est la première fois que je viens travailler en Russie. Je suis arrivé le 1er septembre 2019 et j’ai eu la chance de pouvoir découvrir Moscou et quelques autres villes de régions pendant six mois, avant que la crise sanitaire commence.
Avez-vous pu, malgré la crise sanitaire, vous déplacer sur le territoire ? Quelles impressions en avez-vous retenu ?
Ce qui me marque le plus en Russie, c’est l’immensité des territoires, l’aspect infini de la forêt de Sibérie comme la majesté de l’Altaï. Mais il me reste énormément de régions et de villes à découvrir, dont Blagovechtchensk, où j’espère pouvoir me rendre dans les deux prochaines années.
La crise épidémiologique est durement ressentie notamment par les jeunes. Pensez-vous qu’une mobilité étudiante pourra prochainement reprendre à la normale ?
La mobilité étudiante n’a jamais cessé d’être possible, car nous considérons que ces projets, sur lesquels les étudiants construisent leur parcours et leur avenir, sont absolument essentiels. Aussi, même si les frontières sont officiellement fermées, les étudiants font partie des rares catégories de voyageurs que la France a considérées comme prioritaires et cette année encore de nombreux étudiants russes ont poursuivi leurs études supérieures en France.
Bien sûr, il est, aujourd’hui plus que jamais, possible de suivre des cours à distance, en ligne. Mais rien ne vaut l’expérience du voyage, du séjour à l’étranger, d’aller vivre une expérience personnelle sans équivalent. C’est pourquoi nous continuerons de proposer des études en France pour toutes celles et ceux qui, parmi les étudiants russes, en ont l’envie. Les universités françaises accueillent des étudiants du monde entier, et c’est, pour les étudiants russes, une opportunité unique de vivre la France comme d’échanger avec des jeunes de cultures tellement différentes. Il y a peu d’expériences aussi humainement enrichissantes.
Quels sont les principaux projets sur lesquels vous travaillez ?
Nous en préparons beaucoup, mais je vais souligner les plus remarquables.
Tout d’abord, vous le savez sans doute, 2021 est l’année franco-russe de la coopération décentralisée, régionale. Le nombre et la diversité des projets, des acteurs, de l’ampleur géographique de cette année thématique sont totalement inédits. A titre d’exemple, quatre projets devraient voir le jour entre la ville de Blagovechtchensk et celle de Gelos dans les Pyrénées atlantiques. Je connais bien Gelos, car il y a quelques années, j’avais en charge la supervision des lycées et des collèges des Pyrénées atlantiques. C’est une ville charmante dans une région magnifique, où la richesse gastronomique est à la hauteur de la beauté des montagnes. On y trouve même des chevaux, car Gelos dispose de haras nationaux remarquables.
Le monde de la culture a et continue d’être éprouvé par la crise, les artistes en souffrent et cette ambassade, avec l’Institut français de Russie et le réseau des 13 Alliances Françaises, saisit chaque occasion de faire produire dans le pays des artistes dans tous les domaines possibles, dans le respect des règles sanitaires. Je mesure l’attente des publics et vous assure de toute l’attention que notre ambassadeur porte à la reprise d’une offre culturelle plurielle et innovante.
La France sera pays hôte du Forum culturel de Saint-Pétersbourg : nous y proposerons un programme original, particulièrement destiné aux jeunes : vous devriez en entendre parler !
Enfin, nous devons être à l’écoute de tous, écoliers et étudiants, jeunes actifs. La prochaine mise en ligne d’un nouveau site pour l’Institut français de Russie, qui accompagnera celui créé pour le réseau des Alliances françaises, participe pleinement à notre volonté de rayonnement sur ces jeunes publics, friands d’innovation numérique, et de mieux faire passer nos messages et attirer de nouveaux publics vers la langue française et les cultures francophones.
Pour nos lecteurs de la Russie orientale et de la région Amourskaya, la francophonie est éloignée. Quel message souhaitez-vous leur faire passer afin qu’ils continuent à apprendre le français ?
Je rêve de rapidement venir dans cette région qui réveille chez tous les Français des images de bout du monde, du moins du bout d’un monde, où s’enchevêtrent folklore et traditions, portés par des hommes et des femmes d’exception vivant dans un climat incroyable et des paysages époustouflants. Je me suis fait la promesse de m’y rendre durant ma mission, il me reste donc deux ans pour la tenir et passer vous voir. Géographiquement, vous êtes à mi-chemin entre Paris et Tahiti, et ce faisant sans doute l’un des points les plus éloignés de la Francophonie. Pourtant, grâce à l’action de quelques passionnés, professeurs, étudiants et élèves, mais aussi directeurs d’école et cadres universitaires qui posent sur leurs actions un regard bienveillant, la langue française et les cultures francophones vivent en vous et autour de vous. Tous les Français de passage dans la région s’accordent à dire qu’ici, le français garde un attrait exceptionnel dans les âmes qui se réchauffent et s’émeuvent à coups de lecture de Victor Hugo ou de Leïla Slimani, et d’écoute de Natacha Saint-Pier ou de Stromae. Je sais tout ce que nous devons aux porteurs de la langue française dans ces confins de l’immensité russe et grâce à eux, la France est plus proche pour chaque apprenant.
Je ne vous assommerai pas avec des chiffres que nous connaissons tous, mais retenez en deux qui marquent l’esprit : le français est la 2ème langue la plus apprise au monde et elle sera parlée par 1 humain sur 10 d’ici 30 ans. Alors si certains doutent encore dans leur choix d’apprentissage d’une langue, ma réponse sera simple : apprenez-en plusieurs ! Avec un peu de bon sens, le français sera forcément dans ce « package » d’un plurilinguisme qui s’impose à tous.
Pour les apprenants, vous le savez, rien de tel que de pratiquer son français avec des natifs francophones. Aussi, nous avons lancé ou relancé cette année, qui est celle de la coopération franco-russe régionale, les partenariats scolaires entre établissements français et russes. Je sais que Blagovechtchensk n’est pas en reste avec deux partenariats scolaires actifs identifiés. Nous serons heureux d’en mettre de nouveaux en place.
Enfin, je lance une bouteille à la mer mais sans doute une âme charitable saura la prendre et porter haut le message suivant : nous savons que, passé l’Oural, le français se maintient avec difficultés. Pourtant, nous observons aussi que la décroissance n’impacte pas la qualité des enseignements. Ceux-ci sont d’autant plus attrayants lorsqu’ils sont adossés à un partenariat scolaire, je n’y reviens pas, mais aussi à des enseignements spécifiques bilingues. Je regrette qu’aujourd’hui, au-delà de Novossibirsk, il n’y ait pas de section bilingue francophone, alors que le réseau est particulièrement dynamique. Avis aux enseignants : nous serons très heureux de pouvoir vous épauler dans l’élaboration d’un projet de création d’une section bilingue francophone dans la région Amourskaya !
Quelles actions le SCAC-IFR mettra-t-il en place pour les professeurs de français cette année ?
L’année 2020 a été unique, nous l’avons tous traversée avec difficulté et appréhension. Pour autant, nous n’avons pas renoncé à la formation des enseignants puisque nous avons proposé plusieurs formations en format distanciel : École d’été fin juin, Assises universitaires du français à l’automne, Journée Internationale des Professeurs de Français (JIPF) le 26 novembre. La couverture géographique est immense, c’est bien là l’avantage du format on-line. Je sais que les professeurs de l’Extrême-Orient russe y ont participé et je les en remercie. Il est certain que les formations en France n’ont pas pu se faire, mais je suis confiant et sauf accident, les stages devraient pouvoir se dérouler normalement cet été auprès de nos centres partenaires en France. Cela promet de belles journées en français sous le doux soleil de Normandie ou sous les rayons brulants du Midi !
J’avais noté que l’association des professeurs de français de la région Amourskaya avait été particulièrement active lors de la précédente JIPF. Je suis impatient de découvrir les actions que vous pourrez mettre en place cette année dans le cadre de cette manifestation. Vous pouvez compter sur le soutien entier du service culturel de cette ambassade pour vous aider à les mener.
Enfin, j’ai plaisir à souligner que les crédits accordés à la formation des enseignants restent une priorité pour cette ambassade, et tous nos efforts portent sur le développement des réseaux de coopération autour de la langue française : celui des universités (RLF), celui des écoles (RLF Junior) et celui des sections bilingues francophones de Russie. Je remercie en particulier l’association des enseignants de Blagovechtchensk et suis assuré qu’à travers les associations régionales, en complément de l’AEFR fédérale, les actions portées par le collectif des enseignants de français seront plus visibles.
Est-ce la première fois que vous venez en Russie et que vous y travaillez ?
Oui, c’est la première fois que je viens travailler en Russie. Je suis arrivé le 1er septembre 2019 et j’ai eu la chance de pouvoir découvrir Moscou et quelques autres villes de régions pendant six mois, avant que la crise sanitaire commence.
Avez-vous pu, malgré la crise sanitaire, vous déplacer sur le territoire ? Quelles impressions en avez-vous retenu ?
Ce qui me marque le plus en Russie, c’est l’immensité des territoires, l’aspect infini de la forêt de Sibérie comme la majesté de l’Altaï. Mais il me reste énormément de régions et de villes à découvrir, dont Blagovechtchensk, où j’espère pouvoir me rendre dans les deux prochaines années.
La crise épidémiologique est durement ressentie notamment par les jeunes. Pensez-vous qu’une mobilité étudiante pourra prochainement reprendre à la normale ?
La mobilité étudiante n’a jamais cessé d’être possible, car nous considérons que ces projets, sur lesquels les étudiants construisent leur parcours et leur avenir, sont absolument essentiels. Aussi, même si les frontières sont officiellement fermées, les étudiants font partie des rares catégories de voyageurs que la France a considérées comme prioritaires et cette année encore de nombreux étudiants russes ont poursuivi leurs études supérieures en France.
Bien sûr, il est, aujourd’hui plus que jamais, possible de suivre des cours à distance, en ligne. Mais rien ne vaut l’expérience du voyage, du séjour à l’étranger, d’aller vivre une expérience personnelle sans équivalent. C’est pourquoi nous continuerons de proposer des études en France pour toutes celles et ceux qui, parmi les étudiants russes, en ont l’envie. Les universités françaises accueillent des étudiants du monde entier, et c’est, pour les étudiants russes, une opportunité unique de vivre la France comme d’échanger avec des jeunes de cultures tellement différentes. Il y a peu d’expériences aussi humainement enrichissantes.
Quels sont les principaux projets sur lesquels vous travaillez ?
Nous en préparons beaucoup, mais je vais souligner les plus remarquables.
Tout d’abord, vous le savez sans doute, 2021 est l’année franco-russe de la coopération décentralisée, régionale. Le nombre et la diversité des projets, des acteurs, de l’ampleur géographique de cette année thématique sont totalement inédits. A titre d’exemple, quatre projets devraient voir le jour entre la ville de Blagovechtchensk et celle de Gelos dans les Pyrénées atlantiques. Je connais bien Gelos, car il y a quelques années, j’avais en charge la supervision des lycées et des collèges des Pyrénées atlantiques. C’est une ville charmante dans une région magnifique, où la richesse gastronomique est à la hauteur de la beauté des montagnes. On y trouve même des chevaux, car Gelos dispose de haras nationaux remarquables.
Le monde de la culture a et continue d’être éprouvé par la crise, les artistes en souffrent et cette ambassade, avec l’Institut français de Russie et le réseau des 13 Alliances Françaises, saisit chaque occasion de faire produire dans le pays des artistes dans tous les domaines possibles, dans le respect des règles sanitaires. Je mesure l’attente des publics et vous assure de toute l’attention que notre ambassadeur porte à la reprise d’une offre culturelle plurielle et innovante.
La France sera pays hôte du Forum culturel de Saint-Pétersbourg : nous y proposerons un programme original, particulièrement destiné aux jeunes : vous devriez en entendre parler !
Enfin, nous devons être à l’écoute de tous, écoliers et étudiants, jeunes actifs. La prochaine mise en ligne d’un nouveau site pour l’Institut français de Russie, qui accompagnera celui créé pour le réseau des Alliances françaises, participe pleinement à notre volonté de rayonnement sur ces jeunes publics, friands d’innovation numérique, et de mieux faire passer nos messages et attirer de nouveaux publics vers la langue française et les cultures francophones.
Pour nos lecteurs de la Russie orientale et de la région Amourskaya, la francophonie est éloignée. Quel message souhaitez-vous leur faire passer afin qu’ils continuent à apprendre le français ?
Je rêve de rapidement venir dans cette région qui réveille chez tous les Français des images de bout du monde, du moins du bout d’un monde, où s’enchevêtrent folklore et traditions, portés par des hommes et des femmes d’exception vivant dans un climat incroyable et des paysages époustouflants. Je me suis fait la promesse de m’y rendre durant ma mission, il me reste donc deux ans pour la tenir et passer vous voir. Géographiquement, vous êtes à mi-chemin entre Paris et Tahiti, et ce faisant sans doute l’un des points les plus éloignés de la Francophonie. Pourtant, grâce à l’action de quelques passionnés, professeurs, étudiants et élèves, mais aussi directeurs d’école et cadres universitaires qui posent sur leurs actions un regard bienveillant, la langue française et les cultures francophones vivent en vous et autour de vous. Tous les Français de passage dans la région s’accordent à dire qu’ici, le français garde un attrait exceptionnel dans les âmes qui se réchauffent et s’émeuvent à coups de lecture de Victor Hugo ou de Leïla Slimani, et d’écoute de Natacha Saint-Pier ou de Stromae. Je sais tout ce que nous devons aux porteurs de la langue française dans ces confins de l’immensité russe et grâce à eux, la France est plus proche pour chaque apprenant.
Je ne vous assommerai pas avec des chiffres que nous connaissons tous, mais retenez en deux qui marquent l’esprit : le français est la 2ème langue la plus apprise au monde et elle sera parlée par 1 humain sur 10 d’ici 30 ans. Alors si certains doutent encore dans leur choix d’apprentissage d’une langue, ma réponse sera simple : apprenez-en plusieurs ! Avec un peu de bon sens, le français sera forcément dans ce « package » d’un plurilinguisme qui s’impose à tous.
Pour les apprenants, vous le savez, rien de tel que de pratiquer son français avec des natifs francophones. Aussi, nous avons lancé ou relancé cette année, qui est celle de la coopération franco-russe régionale, les partenariats scolaires entre établissements français et russes. Je sais que Blagovechtchensk n’est pas en reste avec deux partenariats scolaires actifs identifiés. Nous serons heureux d’en mettre de nouveaux en place.
Enfin, je lance une bouteille à la mer mais sans doute une âme charitable saura la prendre et porter haut le message suivant : nous savons que, passé l’Oural, le français se maintient avec difficultés. Pourtant, nous observons aussi que la décroissance n’impacte pas la qualité des enseignements. Ceux-ci sont d’autant plus attrayants lorsqu’ils sont adossés à un partenariat scolaire, je n’y reviens pas, mais aussi à des enseignements spécifiques bilingues. Je regrette qu’aujourd’hui, au-delà de Novossibirsk, il n’y ait pas de section bilingue francophone, alors que le réseau est particulièrement dynamique. Avis aux enseignants : nous serons très heureux de pouvoir vous épauler dans l’élaboration d’un projet de création d’une section bilingue francophone dans la région Amourskaya !
Quelles actions le SCAC-IFR mettra-t-il en place pour les professeurs de français cette année ?
L’année 2020 a été unique, nous l’avons tous traversée avec difficulté et appréhension. Pour autant, nous n’avons pas renoncé à la formation des enseignants puisque nous avons proposé plusieurs formations en format distanciel : École d’été fin juin, Assises universitaires du français à l’automne, Journée Internationale des Professeurs de Français (JIPF) le 26 novembre. La couverture géographique est immense, c’est bien là l’avantage du format on-line. Je sais que les professeurs de l’Extrême-Orient russe y ont participé et je les en remercie. Il est certain que les formations en France n’ont pas pu se faire, mais je suis confiant et sauf accident, les stages devraient pouvoir se dérouler normalement cet été auprès de nos centres partenaires en France. Cela promet de belles journées en français sous le doux soleil de Normandie ou sous les rayons brulants du Midi !
J’avais noté que l’association des professeurs de français de la région Amourskaya avait été particulièrement active lors de la précédente JIPF. Je suis impatient de découvrir les actions que vous pourrez mettre en place cette année dans le cadre de cette manifestation. Vous pouvez compter sur le soutien entier du service culturel de cette ambassade pour vous aider à les mener.
Enfin, j’ai plaisir à souligner que les crédits accordés à la formation des enseignants restent une priorité pour cette ambassade, et tous nos efforts portent sur le développement des réseaux de coopération autour de la langue française : celui des universités (RLF), celui des écoles (RLF Junior) et celui des sections bilingues francophones de Russie. Je remercie en particulier l’association des enseignants de Blagovechtchensk et suis assuré qu’à travers les associations régionales, en complément de l’AEFR fédérale, les actions portées par le collectif des enseignants de français seront plus visibles.