Des pigeons de bronze volant vers un petit balcon au 3ème étage, apparaîtront très bientôt sur la façade d’un immeuble, 57, rue Lénine, à Blagovechtchensk. Le balcon où Nehama Ioannovna Vaїsman sortait de son salon pour jeter d’un geste léger de la main des délices pour les pigeons, attirant ainsi vers son immeuble tous les oiseaux de la Paix habitants aux environs de 57, rue Lénine. Ce n’est pas étonnant que son nom, traduit de l’hébreu, signifie «la tendresse de la colombe, la consolation ». Et ses pigeons de bronze vont « voler » vers son balcon, tenant une branche qui, si vous regardez de plus près, n’est pas du tout une branche, mais un fil de fer barbelé mis sur les vers de Nehama Ioannovna gravés sur ce bas-relief :
Comme si je m’étais envolée vers le ciel,
J'ai embrassé la terre d’un regard brûlant
Avec elle, ma chère, nous nous sommes unies ...
Nehama Vaїsmann a écrit ce poème le jour de sa majorité, le 28 janvier 1943, alors qu’elle se trouvait dans les murs du ghetto fasciste, dans lequel les Juifs de tous les pays d’Europe de l’Est ont été reclus...
Le 21 juin 1941, Nehama a reçu un brevet de fin d’études avec mention « excellent » de la 1ère école de Moguilev-Podolsk en Ukraine. Elle était sûre que dans quelques jours elle serait étudiante d’un institut de médecine, mais ses projets n’ont pas vu le jour, la guerre en a décidé autrement : le 29 juin Nehama Vaїsmann s’est vue prisonnière du ghetto pour trois longues années. Pendant tout ce temps, elle a tenu un journal qui, plus tard, a été publié dans de nombreuses parutions consacrées aux victimes de l’Holocauste, comme témoin de l’époque. Là-bas, dans le ghetto, la jeune Nehama a commencé à écrire des vers. Et après la libération de Moguilev-Podolsky, elle a décidé d’entrer à la faculté des lettres au lieu de la faculté de médecine...
En 1949 elle a obtenu le diplôme avec mention “excellent” de l’Université d’État de Kiev. Et après avoir travaillé comme professeur de littérature dans un collège pédagogique de la ville de Nemirov, elle est partie pour Blagovechtchensk, avec son mari, officier des troupes frontalières, Mikhaïl Perelman. C’est Blagovechtchensk qui est devenue, comme elle l’a toujours dit, «la ville de son destin ».
Le livret de travail de Nehama Ioannovna ne contient qu’une seule inscription, un seul lieu de travail : le 25 juin 1950, elle est entrée comme professeur à la chaire de littérature à l’Institut pédagogique d’État de Blagovechtchensk, et pendant les 55 années suivantes, Nehama Vaїsmann n'y a pas travaillé, mais s’y est excellée : le mot « travail » ne suffit pas à refléter tout ce que Nehama Ioannovna a fait pour l’université, pour ses étudiants.
Femme-légende, femme-orchestre, femme-encyclopédie, femme-théâtre. Si vous aviez jamais vu Nehama Ioannovna donner une conférence vous n’auriez plus jamais dit qu’elle « donnait un cours magistral ». Cette expression disparaissait à jamais du vocabulaire de ses étudiants. Parce jamais dans sa vie, elle n’avait « donné » ses cours. Elle les vivait… Elle y impliquait tellement ses étudiants, les enchantait, les entrainait en envoutant leurs âmes, les rendant amoureux a jamais, d’elle et de ses cours. On dit que les enfants talentueux ne peuvent naître que d’un grand amour. Nechama Ioannovna a donc prouvé que ce n’est que par un grand amour pour la littérature, pour l’art et pour les étudiants que l’on peut devenir professeurs et écrivains éminents qui porteront de la lumière dans la vie, dans l’éducation, dans l’art.
Docteur ès sciences philologiques, professeur au département de littérature, « Enseignant et chercheur émérite de l’enseignement supérieur de la Fédération de Russie », « Professeur d’excellence de l’enseignement public » ... Pendant 55 ans, Nehama Ioannovna Vaїsman a publié plus de 350 articles et monographies. Son manuel de didactique de littérature étrangère a été l’un des premiers de notre pays.
Nehama Ioannovna atteignait des sommets dans tout ce qu’elle faisait. Pendant de nombreuses années, elle dirige la section « Littérature et Culture » de la société « Connaissance », elle est députée du Conseil régional des députés du peuple, et s’occupe de l’atelier « Parole artistique ». Nehama Vaїsmann est aussi le premier critique dramatique professionnel de la région Amourskaya, membre du conseil artistique du Théâtre dramatique régional et l’auteur des premiers livres sur notre théâtre.
C’est incroyable avec quelle facilité et quel brio elle a écrit ses critiques, ses monographies, ses articles de recherche, sa poésie et sa prose ... Cette personne infiniment talentueuse s’excellait étonnamment et dans les recherches, et dans l’art. Grâce à cela, en plus de 350 ouvrages d’études, nous avons la chance de lire aujourd’hui les livres de Nehama Vaїsman « La ville de mon destin », « Je me souviens », « L’Odyssée de député », « Mon salut à la terre », « Dans la spirale du temps », « Les rythmes de la vie », « Le bonheur et le chagrin du premier amour », « Du Dniestr à l’Amour » ... Nehama Ioannovna était membre de l’Union de journalistes de Russie et membre de l’Union d’écrivain de Russie.
Les plus talentueux et les plus brillants des enseignants, journalistes, écrivains de la région Amourskaya sont les élèves de Nehama Vaїsman, et il est difficile d’imaginer ce qu’aurait été l'éducation, le journalisme et la littérature dans la région Amourskaya, si ... Si elle n’avait pas existé. Si en 1950 elle n’avait pas mis le pied sur la terre de Blagovechtchensk.
... La mort s’est approchée très, très près d’elle deux fois : une fois dans le ghetto, quand un Allemand furieux lui a tiré dessus, mais il a raté son coup : la balle a volé à un millimètre de sa tempe, ne touchant que ses cheveux. C’était la seconde fois. Et la première fois est arrivée quand, à l’âge de 7 ans, elle a contracté une méningite. À cette époque-là, en règle générale, les gens mourraient de cette maladie ou devenaient mentalement handicapés. Lorsque le médecin a réalisé que la petite Nussya reprenait ses esprits, il a commencé par diagnostiquer son état et a demandé sans prétention quel était le dernier livre qu’elle avait lu. La fille a répondu : « Les Misérables » de Victor Hugo. Le médecin a décidé que Nussya n’était pas bien, mais après avoir discuté avec elle le sujet du roman et ses personnages, a la question de la mère de Nussya « Se lèvera-t-elle? » il a répondu: « Et non seulement ! Elle se lèvera et ira très, très loin ».
Et elle est allée incroyablement loin et haut, à un sommet inatteignable. Des gens comme Nehama Ioannovna naissent un sur un million. Savoir que cette femme extraordinaire a vécu dans notre ville et a laissé un peu de sa lumière à tous ceux qu’elle regardait, avec qui elle parlait, inspire de l’optimisme, le fameux « optimisme de Nehama Vaїsman». Elle, se trouvant, semble-t-il, à une hauteur inaccessible, manifestait toujours de la simplicité. Avec une bonne dose d’auto-ironie elle gardait son côté humain qui prévalait et la guidait dans les situations les plus difficiles. « Aristophane et Sophocle, ils vous attendront, ils ne se dépêchent nulle part », déclarait Nehama Ioannovna à un étudiant chez qui, lors de l’examen, elle remarquait une hypertrophie de la glande thyroïde. « La santé est avant tout…» - après ces mots, au lieu de passer son examen de littérature ancienne, l’étudiant quelque peu surpris se rendait à la polyclinique pour une analyse de la glande thyroïde… Et soudain il réalisait, peut-être, quelle était la chose la plus important de la vie. Ce de quoi auteurs antiques ou nos classiques ont parlé dans leurs œuvres. Ce sans quoi il ne peut y avoir de vie ... Et cette leçon d’humanité a eu lieu ici et maintenant. Ou plutôt, là et alors ...
Aujourd’hui, l’immeuble 57, rue Lénine, est juste un immeuble ordinaire, comme on en trouve beaucoup d’autres dans la ville. Mais cela fait 3 ans que nous faisons tout pour le décorer des colombes éternelles, des yeux toujours souriants de Nechama Ioannovna et des lignes vraiment éternelles qui ont changé tant de destins humains ... pour que tout le monde sache : c’est dans cet immeuble-là que vivait Nehama Vaїsman.
Comme si je m’étais envolée vers le ciel,
J'ai embrassé la terre d’un regard brûlant
Avec elle, ma chère, nous nous sommes unies ...
Nehama Vaїsmann a écrit ce poème le jour de sa majorité, le 28 janvier 1943, alors qu’elle se trouvait dans les murs du ghetto fasciste, dans lequel les Juifs de tous les pays d’Europe de l’Est ont été reclus...
Le 21 juin 1941, Nehama a reçu un brevet de fin d’études avec mention « excellent » de la 1ère école de Moguilev-Podolsk en Ukraine. Elle était sûre que dans quelques jours elle serait étudiante d’un institut de médecine, mais ses projets n’ont pas vu le jour, la guerre en a décidé autrement : le 29 juin Nehama Vaїsmann s’est vue prisonnière du ghetto pour trois longues années. Pendant tout ce temps, elle a tenu un journal qui, plus tard, a été publié dans de nombreuses parutions consacrées aux victimes de l’Holocauste, comme témoin de l’époque. Là-bas, dans le ghetto, la jeune Nehama a commencé à écrire des vers. Et après la libération de Moguilev-Podolsky, elle a décidé d’entrer à la faculté des lettres au lieu de la faculté de médecine...
En 1949 elle a obtenu le diplôme avec mention “excellent” de l’Université d’État de Kiev. Et après avoir travaillé comme professeur de littérature dans un collège pédagogique de la ville de Nemirov, elle est partie pour Blagovechtchensk, avec son mari, officier des troupes frontalières, Mikhaïl Perelman. C’est Blagovechtchensk qui est devenue, comme elle l’a toujours dit, «la ville de son destin ».
Le livret de travail de Nehama Ioannovna ne contient qu’une seule inscription, un seul lieu de travail : le 25 juin 1950, elle est entrée comme professeur à la chaire de littérature à l’Institut pédagogique d’État de Blagovechtchensk, et pendant les 55 années suivantes, Nehama Vaїsmann n'y a pas travaillé, mais s’y est excellée : le mot « travail » ne suffit pas à refléter tout ce que Nehama Ioannovna a fait pour l’université, pour ses étudiants.
Femme-légende, femme-orchestre, femme-encyclopédie, femme-théâtre. Si vous aviez jamais vu Nehama Ioannovna donner une conférence vous n’auriez plus jamais dit qu’elle « donnait un cours magistral ». Cette expression disparaissait à jamais du vocabulaire de ses étudiants. Parce jamais dans sa vie, elle n’avait « donné » ses cours. Elle les vivait… Elle y impliquait tellement ses étudiants, les enchantait, les entrainait en envoutant leurs âmes, les rendant amoureux a jamais, d’elle et de ses cours. On dit que les enfants talentueux ne peuvent naître que d’un grand amour. Nechama Ioannovna a donc prouvé que ce n’est que par un grand amour pour la littérature, pour l’art et pour les étudiants que l’on peut devenir professeurs et écrivains éminents qui porteront de la lumière dans la vie, dans l’éducation, dans l’art.
Docteur ès sciences philologiques, professeur au département de littérature, « Enseignant et chercheur émérite de l’enseignement supérieur de la Fédération de Russie », « Professeur d’excellence de l’enseignement public » ... Pendant 55 ans, Nehama Ioannovna Vaїsman a publié plus de 350 articles et monographies. Son manuel de didactique de littérature étrangère a été l’un des premiers de notre pays.
Nehama Ioannovna atteignait des sommets dans tout ce qu’elle faisait. Pendant de nombreuses années, elle dirige la section « Littérature et Culture » de la société « Connaissance », elle est députée du Conseil régional des députés du peuple, et s’occupe de l’atelier « Parole artistique ». Nehama Vaїsmann est aussi le premier critique dramatique professionnel de la région Amourskaya, membre du conseil artistique du Théâtre dramatique régional et l’auteur des premiers livres sur notre théâtre.
C’est incroyable avec quelle facilité et quel brio elle a écrit ses critiques, ses monographies, ses articles de recherche, sa poésie et sa prose ... Cette personne infiniment talentueuse s’excellait étonnamment et dans les recherches, et dans l’art. Grâce à cela, en plus de 350 ouvrages d’études, nous avons la chance de lire aujourd’hui les livres de Nehama Vaїsman « La ville de mon destin », « Je me souviens », « L’Odyssée de député », « Mon salut à la terre », « Dans la spirale du temps », « Les rythmes de la vie », « Le bonheur et le chagrin du premier amour », « Du Dniestr à l’Amour » ... Nehama Ioannovna était membre de l’Union de journalistes de Russie et membre de l’Union d’écrivain de Russie.
Les plus talentueux et les plus brillants des enseignants, journalistes, écrivains de la région Amourskaya sont les élèves de Nehama Vaїsman, et il est difficile d’imaginer ce qu’aurait été l'éducation, le journalisme et la littérature dans la région Amourskaya, si ... Si elle n’avait pas existé. Si en 1950 elle n’avait pas mis le pied sur la terre de Blagovechtchensk.
... La mort s’est approchée très, très près d’elle deux fois : une fois dans le ghetto, quand un Allemand furieux lui a tiré dessus, mais il a raté son coup : la balle a volé à un millimètre de sa tempe, ne touchant que ses cheveux. C’était la seconde fois. Et la première fois est arrivée quand, à l’âge de 7 ans, elle a contracté une méningite. À cette époque-là, en règle générale, les gens mourraient de cette maladie ou devenaient mentalement handicapés. Lorsque le médecin a réalisé que la petite Nussya reprenait ses esprits, il a commencé par diagnostiquer son état et a demandé sans prétention quel était le dernier livre qu’elle avait lu. La fille a répondu : « Les Misérables » de Victor Hugo. Le médecin a décidé que Nussya n’était pas bien, mais après avoir discuté avec elle le sujet du roman et ses personnages, a la question de la mère de Nussya « Se lèvera-t-elle? » il a répondu: « Et non seulement ! Elle se lèvera et ira très, très loin ».
Et elle est allée incroyablement loin et haut, à un sommet inatteignable. Des gens comme Nehama Ioannovna naissent un sur un million. Savoir que cette femme extraordinaire a vécu dans notre ville et a laissé un peu de sa lumière à tous ceux qu’elle regardait, avec qui elle parlait, inspire de l’optimisme, le fameux « optimisme de Nehama Vaїsman». Elle, se trouvant, semble-t-il, à une hauteur inaccessible, manifestait toujours de la simplicité. Avec une bonne dose d’auto-ironie elle gardait son côté humain qui prévalait et la guidait dans les situations les plus difficiles. « Aristophane et Sophocle, ils vous attendront, ils ne se dépêchent nulle part », déclarait Nehama Ioannovna à un étudiant chez qui, lors de l’examen, elle remarquait une hypertrophie de la glande thyroïde. « La santé est avant tout…» - après ces mots, au lieu de passer son examen de littérature ancienne, l’étudiant quelque peu surpris se rendait à la polyclinique pour une analyse de la glande thyroïde… Et soudain il réalisait, peut-être, quelle était la chose la plus important de la vie. Ce de quoi auteurs antiques ou nos classiques ont parlé dans leurs œuvres. Ce sans quoi il ne peut y avoir de vie ... Et cette leçon d’humanité a eu lieu ici et maintenant. Ou plutôt, là et alors ...
Aujourd’hui, l’immeuble 57, rue Lénine, est juste un immeuble ordinaire, comme on en trouve beaucoup d’autres dans la ville. Mais cela fait 3 ans que nous faisons tout pour le décorer des colombes éternelles, des yeux toujours souriants de Nechama Ioannovna et des lignes vraiment éternelles qui ont changé tant de destins humains ... pour que tout le monde sache : c’est dans cet immeuble-là que vivait Nehama Vaїsman.