Salut! Ça va?

Femmes pionnières dans les métiers de l’homme

2021-03
Travailler avec les jeunes est toujours bien passionnant. Moi, j’enseigne le français aux lycéens de 13-17 ans, mais notre communication dépasse de temps en temps le cadre de classe et nous arrivons aux discussions curieuses qui me révèlent non seulement leurs intérêts et aspirations mais ils me font réaliser un bon écart générationnel entre nous. Ce qu’ils me racontent, m’étonne, m’enchante et parfois m’amuse… C’est ainsi que j’ai réalisé que les idées féministes passionnent beaucoup les jeunes adolescentes russes. Mes élèves de la classe de 9e n’y font pas exception. Je leur ai donc proposé de partager leurs réflexions dans cette édition « Femme » de « Salut ! Ça va ? »

Ada Lovelace - la première programmatrice de l’histoire


Pour certaines personnes, la phrase « Le premier programmeur était une fille » semblera étrange, provoquera le mécontentement ou un sourire, mais c'est vrai. Il s'agit d'une femme dont la contribution à la science mondiale n'était que d'environ 50 pages. Mais ces cinquante pages se sont révélées être une brillante prévision de l’avenir.

Le 10 décembre 1815, à Londres, dans la famille du poète George Byron et de sa femme Anna Isabella nait une fille. Ses parents l’ont nommée Augusta Ada.

Ada a hérité de sa mère la passion pour les mathématiques. Si dans d’autres pays du monde dans la première moitié du XIXe siècle, les gens seraient bien surpris de voir une fille s’intéresser aux sciences, et voir allaient jusqu’à condamner un pareil loisir, alors en Angleterre, leadeur du progrès mondiale, l’intérêt des filles pour les mathématiques était considéré comme normal. La mère aidait sa fille et la soutenait comme pouvait dans ses passions.

À l'âge de 17 ans, Ada est présentée au roi et à la reine. Mais elle a été beaucoup plus impressionnée par sa rencontre avec Charles Babbage, professeur de mathématiques de l'Université de Cambridge.

Babbage travaillait depuis dix ans sur une machine à calculer, que certains appellent maintenant le premier ordinateur du monde. La tâche de Babbage était extrêmement difficile pour l'époque. Après dix ans de travail, les autorités ont abandonné le projet et ont cessé de le financer. Mais Babbage, en véritable scientifique, a continué à travailler. Ada, sa nouvelle connaissance, est devenue pour lui non seulement une amie, mais aussi une personne qui partageait les mêmes passions, était comme une compagne d’âme pour lui.

Quand Ada Byron a eu 20 ans, elle s’était mariée avec William King, 29 ans, 8e baron King, qui, plus tard, a hérité le titre de Lord Lovelace.

Ce mariage était heureux: le couple a eu trois enfants et le mari aimait beaucoup Ada. Il acceptait la passion de sa femme pour les mathématiques et la soutenait dans ses activités de recherches.

Mais qu'en est-il de ce tout premier programme au monde ? Et quel est le sort de la machine de Babbage? En 1842, le scientifique italien Luis Manebrea écrira un livre sur la machine de Babbage. Ada, à la demande de Babbage, le traduira. Lors de la traduction du livre lui-même, elle a fait un grand nombre de commentaires. Ainsi elle voyait dans cette machine même plus que Babbage lui-même.

En décrivant la machine de Babbage, c'est Ada qui a introduit la première des termes informatiques tels que cycle et cellule. Elle a également compilé un ensemble d’opérations pour calculer les nombres de Bernoulli. Ceci, en fait, est devenu le tout premier programme informatique. Babbage n'a jamais construit sa machine, elle a été assemblée après sa mort et est maintenant elle est conservée au Musée de Sciences à Londres.

Ada Lovelace elle-même est décédée le 27 novembre 1852. Elle n’avait que 36 ans.

Un langage de programmation informatique, développé dans les années 1980 par le Ministère de la Défense des USA, a été nommé Ada, en l'honneur d'Ada Lovelace.

Taïssya Bondareva, élève de la classe de 9e, Lycée BGPU


Valentina Terechkova est une pionnière de la conquête spatiale


Deux ans après l’exploit de Youri Gagarine, Valentina Terechkova rentre dans l’histoire de la conquête spatiale à seulement 26 ans, en devenant, le 16 juin 1963, la première femme à s’envoler pour l’espace à bord du Vostok-6. Valentina Terechkova est non seulement la première femme à être allée dans l’espace. Elle reste, aujourd’hui encore, la seule femme à avoir effectué un vol solitaire en orbite.

Née le 6 mars 1937 dans la mille des paysans dans la région Yaroslavskaya, elle commence à travailler comme tisseuse a 17 ans. Plus tard elle se passionne pour le sport de parachute et effectue 163 sauts.

Tout commence au début de l’année 1962, Sergueï Korolev, fondateur du programme spatial russe, décide que le prochain vol dans l’espace sera réalisé par une femme. Pour cela, il organise un recrutement dont les critères sont les suivants : la future cosmonaute doit être parachutiste, avoir 30 ans maximum, mesurer moins de 1,70m et peser moins de 70Kg.

Valentina Terechkova, jeune femme russe issue d’un milieu modeste et passionné de parachutisme, décide de se porter volontaire. Sélectionnée parmi 400 candidats, elle se retrouve dans le groupe final avec 4 autres femmes afin de suivre des entraînements intensifs.

Après avoir réussi tous les tests, Valentina est finalement retenue pour être la prochaine cosmonaute. On lui attribue le nom de code « la Mouette » (Tchaïka en russe).

Le 16 juin 1963 à Baïkonour, Valentina Terechkova s’installe à bord du Vostok-6 situé au troisième étage d’une fusée R-7 Semiorka. A 9h29, le lanceur décolle et propulse « la Mouette » en orbite basse (environ 165km) autour de la Terre.

Malgré le mal de l’espace et l’inconfort de l’habitacle, la cosmonaute réussit à tenir un journal de bord et à prendre des photos de l’horizon terrestre. Elle parvient également, à établir une communication radio avec un autre cosmonaute, Valery Bykovsky parti de Baikonour 2 jours auparavant à bord du Vostok-5.

Durant son vol, elle s’aperçoit que son vaisseau a un problème. En effet, le Vostok-6 s’éloigne de la Terre lors de chaque révolution, au lieu de s’en rapprocher. Ceci est occasionné par une défaillance sur le programme automatique d’orientation. Valentina prévient Sergueï Korolev. Ce dernier fait modifier les données du système de commande et le vaisseau revient sur son orbite.

Le 19 juin 1963, après avoir réalisé 48 révolutions autour de la Terre, le Vostok-6 commence sa phase de retour. Lors de l’étape finale de l’atterrissage, à 7000 m d’altitude, Valentina s’éjecte comme prévu de sa capsule pour sauter en parachute. Durant sa descente, elle réussit à éviter un lac et atterrit sur la terre ferme à 11h11. Pourtant lors de l’atterrissage le vent était si fort, jusqu’à 17 km/seconde, et la coupole était si énorme qu’elle a été un peu blessée : elle a eu un grand coup sur le visage.

Après cet exploit, Valentina Terechkova est accueillie en héroïne en URSS et elle reçoit le titre de Héros de l’Union Soviétique ainsi que la médaille Pilote-Cosmonaute de l’URSS.

Sofia Leskova, élève de la classe de 9e, Lycée BGPU

Une femme avocat ou avocate ?


Nous sommes habitués au fait qu’une grande partie des professions sont nommées par défaut en genre masculin, car la terminologie professionnelle s’est formée pendant la période de la position dominante des hommes dans la société. La dynamique de l'émancipation féminine, qui a été particulièrement perceptible au cours de la dernière décennie, a conduit à un afflux massif de femmes dans des professions jusque-là considérées comme purement «masculines».

Revenons un peu dans le passé et voyons comment les femmes ont pu entrer dans la sphère.

En 1917, conformément à un décret du gouvernement provisoire dirigé par Kerensky, les femmes ont eu le droit d'occuper le poste d'avocat. Mais le terme « avocate » (адвокатесса) n’était pas inscrit dans la législation, c’est-à-dire que les femmes restaient «invisibles».

Et même aujourd’hui, pas un seul acte normatif et dictionnaire explicatif ne contient ce terme. Et ceci malgré le fait qu’actuellement, plus d’un tiers des avocats sont des femmes. Une exception était le dictionnaire explicatif d’Ozhegov, qui contient le mot «avocate» (адвокатесса).

«Avocate» (адвокатесса) ne viole aucune norme de formation des mots de la langue russe. Il existe déjà des mots: baronne (баронесса), princesse (принцесса), hôtesse de l’air (стюардесса), poétesse (поэтесса).

La langue en tant que système évolutif s’adapte à la vie et reflète la réalité déjà évoluée. Les femmes avocates ont une position stable dans leur profession et ont prouvé leur professionnalisme depuis longtemps, j’aime donc utiliser la forme féminine de ce mot – avocate (адвокатесса). Je suis une jeune fille, je parle russe, le mot «avocate» (адвокатесса) se forme selon toutes les règles et souligne la diversité des représentants de cette profession. ⠀

Ekaterina Rusakova, élève de la classe de 9e, Lycée BGPU