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Les fêtes de fin d’année en Roumanie

2020-12
CHEZ NOUS
En Roumanie, les fêtes de fin et de début d’année ont un spécifique religieux par excellence. Cela s’explique surtout par le fait que, selon les statistiques et la réalité, 87% des Roumains sont chrétiens orthodoxes, environ 6% sont chrétiens catholiques et d’autres catégories à petit pourcentage où seulement 0,1% se déclarent athées ou non-croyants.

Comme partout dans le monde, chez nous aussi, Noël signifie la célébration de la lumière, la compassion pour les autres, un moment de gaieté, de régal gastronomique et de rencontres familiales inoubliables. Heureusement, en Roumanie, la fête de Noël continue à garder assez bien sa dimension sacrée. Elle réunit la famille et les amis, et pour quelques jours ou semaines les hommes sont plus ouverts, plus généreux, plus sensibles aux besoins de leurs semblables, on oublie ses soucis et on se laisse aller à la communion et à la joie.

Même si on vit cette période difficile de confinement, pour la plupart des Roumains ce temps de fête est une nouvelle occasion de vivre plus intensément et plus profondément la dimension spirituelle, de remercier Dieu pour tous les bienfaits et toutes les épreuves surmontées durant l’année qui est sur le point de finir. La tradition populaire roumaine considère qu’à partir du Noël jusqu’au Baptême du Seigneur les cieux restent ouverts et on peut communiquer plus facilement avec la divinité, les hiérarchies spirituelles et même avec ceux qui sont au-delà de ce monde.

AVANT LE NOËL
Normalement, quand on fait des cours en présentiel à l’école, à partir du mois de novembre, on joue dans notre lycée L’ange Gardien: chaque participant (enfant ou professeur) devient ange gardien pour quelqu’un d’autre et lui fait parvenir de petits signes d’amitié: des messages, des bonbons, du chocolat, des fruits etc. Les « anges » travaillent en anonyme, mais le 6 décembre, à l’occasion de la Saint Nicolas, chacun dévoile son identité devant son protégé tout en lui offrant un cadeau symbolique.

Avec la fête de Saint Nicolas, tout le monde commence déjà à sentir le Noël et à partir du 20 décembre les préparations pour la grande fête entrent dans la en ligne droite. Les tambours résonnent plus fort, les enfants répètent les noëls et préparent lesmanifestations traditionnelles individuelles ou de groupe. Comme Vu qu’ on est dans la période de carême, on évite les produits animaliers : la viande, les œufs, les fromages, le beurre, le jeûne orthodoxe étant plus sévère que celui des catholiques. Il y a pourtant beaucoup de plats tout à fait délicieux qu’on peut préparer pendant cette période.

Voici, par exemple, un dessert traditionnel savoureux et facile à réaliser parce qu’on n’a besoin ni de réchauffer ni de fourrer : cela s’appelle, selon les régions, les Turte ou Pelincuţele lui Isus (Les langes de Jésus), titre symbolique qui renvoie à la naissance de notre Sauveur. On a besoin d’un paquet de pains libanais, qu’on trempe un à un dans un sirop fait d’eau, de sucre et une goutte de rhum. Entre ces pains qu’on superpose on met un mélange fait de noix moulues, un peu d’amandes, sucre, cannelle, miel, 1 zeste râpé de citron ou d’orange. On laisse 24 heures au froid avant de servir et c’est tout!

LE SACRIFICE DU COCHON
C’est une fête traditionnelle qu’on célèbre le 20 décembre, qui coïncide avec la fête de Saint Ignace. Ce jour est dédié au sacrifice des porcs, un rite où participent la famille, les amis, les proches. Après le sacrifice de l’animal, on fait sur sa tête le signe de la croix et on jette dans le braisier du feu de l’encens purificateur. Ensuite, on prépare les plats traditionnels : les saucisses maisons, la toba, les caltabosi, la tochitura ou la piftie et tous ceux qui y ont donné un coup de main sont invités à table.

LA VEILLE DU NOËL
La célébration de la naissance du Saint Enfant Jésus commence dès le matin du 24 décembre. Le même jour, on finit la préparation des plats traditionnels pour le repas du minuit et des trois jours de Noël auxquels participeront les membres de la famille et les proches. Ceux qui n’ont pas trop de responsabilités à la cuisine se dédient à l’ornement du sapin. Depuis la veille du Noël jusqu’au 1er janvier on reçoit les colindători - c’est-à-dire ceux qui chantent les noëls et ceux qui viennent avec L’Étoile, La Chèvre, L’Ours, Les masqués, Les Căluşarii, autant de traditions avec des participants ayant des costumes superbes et effrayants qui parlent de la lutte entre le bien et le mal, une lute épique qui finit avec la victoire de la lumière divine. Ces interprètes sont généralement recompensés de petits pains, pommes, noix, bonbons et chocholat.
Comme dans beaucoup d’autres pays, c’est toujours la veille de la grande fête que les adultes préparent en cachette les cadeaux pour les petits qui attendent impatiemment le Père Noël.
Cette année, les catholiques, qui d’habitude participent au minuit à la messe de Noël, resteront chez eux et regarderont à la télé la messe de Vatican célébrée par le Saint Père.

LE NOËL
Le matin de la grande fête, les enfants trouvent les cadeaux sous l'arbre de Noël et les parents leur disent que c’est Père Noël lui-même qui les a laissés pendant la nuit quand ils dormaient. Les adultes, eux-aussi se réjouissent de leurs cadeaux, bien qu’ils sachent que le Père Noël est une personne de leur famille ou de leur entourage. Finalement, qu’importe ?!

Dans le calendrier chrétien orthodoxe, les trois matins de Noël sont marqués par des célébrations liturgiques qui finissent, le troisième jour avec la Saint Stéphane.

En ce qui concerne la famille, tous les jours de Noël sont destinés aux visites réciproques (parents, proches, amis) et à la joie partagée: donc tout le monde part en visite ou attend des invités. Les mauvaises choses sont laissées de côté, oubliées ou pardonnées, une atmosphère de paix, de joie, de sérénité s’empare de tous.

Cette année, avec le coronavirus qui nous donne du fil à retordre, ce sera sans doute un peu différent, mais rien ne pourra nous empêcher de vivre pleinement ces moments dans la communion et le partage, ni de penser à ceux qui ne sont plus parmi nous dans cette vie ou à ceux qui se trouvent à grande distance et n’ont pas pu rejoindre la famille.

Le 1er JANVIER - LE NOUVEL AN
C’est le jour qui marque le début de l'année civile.
Dans l'Église orthodoxe, le 1er Janvier on célèbre Saint Basil, l’évêque de la Césarée de Cappadoce, tandis que dans la liturgie romaine-catholique le 1er Janvier représente l'octave de Noël étant un jour consacré à la Vierge Marie.
Le 1er janvier, la tradition populaire roumaine nous enseigne de ne rien jeter ou prêter de sa maison à personne. Une autre superstition dit que, ce premier jour de l’an, il est souhaitable d’avoir des invités ou des visiteurs bruns parce qu’ils apportent de la chance et du bonheur, tandis que les roux et les blonds portent malchance.
Sorcova est une manifestation folklorique roumaine traditionnelle, spécifique à la zone balkanique, pratiquée toujours le 1er janvier et qui fait, en particulier, la joie des enfants. Le nom sorcova vient du bulgare surov (vert clair), allusion aux tendres bourgeons des arbres qui attendent le printemps. Il s’agit d’une branche rompue d'arbre autour de laquelle ont été nattées des fleurs en papier multicolore ; elle joue le rôle d’une baguette magique capable de donner un surplus de santé, d’énergie et de chance. On l’incline vers une personne tandis qu’on récite/chante le texte traditionnel en vers rimés, qui ne varie que légèrement selon la région. En voici une variante traduite pour vous:

Sorcova, vesela,
să trăiţi, să înfloriţi,
ca un măr, ca un păr,
ca un fir de trandafir,
ca merii, ca perii
în mijlocul verii,
tare ca piatra,
iute ca săgeata,
tare ca fierul,
iute ca oţelul.
La Anul şi la mulţi ani!
Sorcova la joyeuse,

Vivre, fleurir,
comme un pommier, comme un poirier,
comme un brin de rosier,
comme les pommiers, comme les poiriers,
au milieu de l’été,
dur comme le rocher,
rapide comme la flèche,
fort comme le fer,
agile comme l'acier.
Bonne et Joyeuse Nouvelle Année!

Les derniers jours de l’an qui finit, les prêtres orthodoxes visitent leurs paroisses pour leur donner la bénédiction, tandis que les prêtres catholiques procèdent presque au même rite les premiers jours du nouvel an qui commence.

APRÈS LE NOËL
Le 6 JANVIER – BOBOTEAZA ou L’ÉPIPHANIE du SEIGNEUR
Si les catholiques français et belges célèbrent l’épiphanie le deuxième dimanche suivant Noël, les chrétiens roumains, orthodoxes et catholiques, célèbrent Boboteaza, c’est-à-dire le baptême de Jésus, le 6 janvier.

Dans l'Église orthodoxe roumaine ce jour et la fête du lendemain dédiée à Saint Jean-Baptiste marquent la fin des célébrations du Noël et du Nouvel An.

La liturgie spécifique consacre la bénédiction des eaux qui resteront pures et sacrés pendant 8 jours, intervalle dans lequel on ne fait plus de grande lessive. À cette occasion, l’eau est purifiée, consacrée par le prêtre, dans une cérémonie religieuse impressionnante. Les participants à la liturgie prennent l’eau bénie et l’apporte à la maison; elle servira à rendre impuissants les forces du mal et à purifier l’espace, l’âme et le corps des membres de la famille qui, chaque matin, pendant 8 jours, en boiront une gorgée à jeûne.

Dans la tradition populaire roumaine cette fête est pleine de significations : il y a, par exemple, la croyance que cette nuit-ci les animaux font preuve de prouvent des pouvoirs surprenants et parlent. En ce qui concerne les humains, la veille de la Boboteaza, les filles qui veulent rêver leur destin mettent du basilic sacré sous leur coussin et adressent une prière dans ce sens avant de se coucher. Même si cela peut vous paraître bizarre, il y en a beaucoup qui rêvent de leur futur mari !

En guise de conclusion, vous pouvez être sûrs que les traditions et les coutumes de cette période de fin d’année sont impressionnants et surprenants, tandis que la gastronomie roumaine est fort généreuse et capable de faire saliver toute la planète. Elle nous invite à manger du porc, du veau, du poulet, du dindon, du poisson, mais aussi des légumes, du riz, des pommes de terre, etc. Parmi les plats roumains délicieux, au top des préférences se trouvent : les sarmale (des boules faites de feuilles de choux aigres farcies avec de la viande hachée de porc) et la tochitura (un mélange de porc, saucisses, foie de poulet, champignons, fromage salé, œufs et condiments) sans lesquelles on ne saurait imaginer un repas si important ! De plus, les Roumains aiment bien le borch (une sorte de soupe aigre) et l’un des plus appréciés est fait avec des boulettes de viande.

Les desserts aussi sont savoureux et variés, mais le plat traditionnel reste le cozonac, qu’on sert avec un vin doux, rouge de préférence parce qu’il symbolise la vie. Voici les grands crus roumains les plus réputés dans les compétitions internationales : Bohotin, Cotnari, Drăgăşani, Huşi, Mehedinţi, Odobeşti, Panciu, Recaş, Segarcea, Târnave, Murfatlar.

Après cette période de confinement, on vous attend nombreux à visiter notre pays et à vivre à la roumaine. La Roumanie est un pays qui vaut certainement la peine d’être connu et apprécié.

Je vous souhaite un Noël Béni !

Que l’année 2021 apporte la paix dans le monde et dans les âmes et soit pleine de santé, d’espoir, de courage, de joie, de résolutions inspirées et sages, de rêves accomplis, de partages enrichissants, de vacances fabuleuses ! Au Nouvel An, un nouvel élan !