Salut! Ça va?

Ballade dans un écrin de verdure

2020-10
Une petite ville de 3700 habitants, au sein d’une Communauté d’Agglomération comptant 162 000 habitants. Une bande de terre de 1 103ha reliant le bourg à un hameau. Des cours d’eau qui serpentent ou bordent son territoire. Des coteaux boisés, des parcelles agricoles, des jardins ouvriers. Des sentiers de randonnées jalonnant les collines. Un cœur de ville avec de belles demeures anciennes. Une campagne cachant un château et des villas de riches étrangers au 19e siècle…

En 2020, Gelos, est tout ça à la fois : une petite commune qui a su conserver son passé rural dans un environnement naturel préservé, aux abords d’une agglomération urbaine.

Si les balades sont le bon moyen de découvrir un territoire, remonter le temps en est une aussi pour partir à la découverte de son histoire. Voici donc une invitation à déambuler à travers les époques à la rencontre de Gelos.

Une origine paysanne

Si son nom a plusieurs fois changé au cours des siècles (on trouve Gelos dès le 11e siècle, puis Saint-Michel de Gelos en 1484 et à nouveau Gellos en 1608), son étymologie est tout aussi incertaine : pour certains, Gelos signifierait « jaloux », celui qui défie ; pour d’autres il proviendrait de « zelosum », qualifiant celui qui montre de la ferveur et de l’ardeur dans ce qu’il entreprend. A bien y regarder, il se pourrait que ces différentes origines et définitions correspondent parfaitement à notre petite ville. Il faut dire qu’elle ne manque pas d’atouts et qu’elle fait sûrement des jaloux parmi ceux qui aimeraient bien éprouver autant d’ardeur à mettre leur commune en valeur !

L’histoire de Gelos débute humblement. Au 11e siècle, le village existe déjà car les manuscrits relèvent la présence d’un abbé laïque percevant la dîme, impôt payé par les paysans. L’association des termes « abbé » et « laïque » peut paraître contradictoire : l’abbé laïque est en quelque sorte le petit seigneur local, l’église qu’il a fait construire sur un de ses terrains est sa propriété (et non celle d’un ordre religieux), il en est aussi le protecteur. Posséder une abbaye est un tremplin vers le titre de noblesse.

En 1385, le petit bourg compte une vingtaine de foyers, de maisons, autrement dit une centaine d’habitants soumis à l’impôt. On sait aussi que le village est situé sur une bande de terre qui le relie à un hameau éloigné de plusieurs kilomètres et que chaque maison compte un jardin. C’est sans doute pour cette raison qu’on surnomme les Gelosiens les « légumayres », les maraîchers. On imagine une terre riche et fertile pour que cette appellation ait vu le jour. Elle serait même à l’origine du nom d’un château situé sur les coteaux.

La reine Jeanne d’Albret, mère du roi Henri IV, possède une terre sur le territoire communal, nichée sur les coteaux. Elle y fait construire un château autour duquel elle développe la culture de la vigne et l’élevage des bovins. Elle accorde la plus grande attention à ce domaine et à sa terre, en y apportant les meilleures techniques de culture et d’élevage de l’époque. S’émerveillant de la richesse et de la beauté de son domaine, elle aurait déclaré : « Mais tout y croît ! » De là est né le nom du château Tout-y-Croît, propriété privée de nos jours. En 1560, la reine fait don du domaine à son médecin qui obtient le droit d’y annexer des terres et des bois. Plus tard, la propriété est anoblie et Gelos possède ainsi une terre noble

Un village aux portes de la ville royale


Située sur la rive gauche du gave de Pau (nom donné au torrent dans les Pyrénées), Gelos est voisine de Pau qui accueille le Parlement de Navarre, son château construit au 11e siècle et devenu au fil du temps palais royal et impérial. Aux 16e et 17e siècles, des personnalités haut placées acquièrent peu à peu des terres sur le sol gelosien, font construire des moulins, des demeures prestigieuses. Gelos se dote ainsi progressivement de domaines nobles. En 1784, l’abbaye laïque et son domaine du bourg reviennent au baron Martin-Simon Duplaa, Président du Parlement de Navarre. Il fait alors construire sur cette terre le château emblématique de la commune.
Le précédent propriétaire de l’abbaye avait déjà fait édifier un haras en 1630. En 1808, Napoléon Bonaparte en guerre contre l’Espagne estime que la relative proximité du village avec l’ennemi justifie l’ouverture d’un haras plus important et surtout plus facile d’accès que celui existant déjà à quelques kilomètres sur la commune voisine. Cette année-là, donc, Napoléon 1er et l’impératrice Joséphine de Beauharnais séjournent quelques heures au château, le temps de signer plusieurs décrets concernant Pau et le département, et en particulier celui de l’acquisition du château de Gelos pour y installer un haras de 60 étalons.

Un village de villégiature

A partir de 1840, le petit bourg aux origines paysannes accueille de nouveaux habitants attirés par la clémence du climat dont bénéficient Pau et ses alentours. Reconnue pour la qualité de son air grâce à la proximité des montagnes, Pau voit de plus en plus d’Anglais et de Russes s’installer sur son territoire. Ils construisent de belles villas, les fameuses « villas anglaises » qui font encore la renommée de la ville. Certains nouveaux résidents n’hésitent pas à traverser le pont qui enjambe le gave pour profiter du calme de la campagne gelosienne. Le village et les coteaux voient alors sortir de terre tout au long du 19e siècle de belles demeures de villégiature qui témoignent aujourd’hui de l’urbanisation progressive de la commune et de la présence d’une certaine bourgeoisie.
Parmi ces villas encore debout, il est à noter celle d’Elisabeth Bourgeois de Richemont et de Nicolaï Amourski. Elle accueille depuis plusieurs années les bureaux d’une association s’occupant de jeunes en difficulté.

Un tournant sportif


Le simple petit village rural du Moyen-Age devenu commune urbanisée compte, au début du 20e siècle en son cœur de village, un large espace naturel. Il s’agit d’une friche, d’un terrain vague d’arbres et surtout de ronces qu’un enseignant entreprend de nettoyer petit à petit avec ses élèves dès 1917. Convaincu des valeurs que véhicule le sport, il entraîne les écoliers à l’activité physique et cet espace jusque-là inexploité devient l’enjeu d’aménagements dédiés au sport. Deux associations sportives voient le jour et se partagent ce nouvel espace. Ainsi dans les années 30, le Conseil municipal présente un vaste projet de stade qui accueillera des terrains de basket, de football, des pistes de sauts, un bassin de natation directement alimenté par les eaux du gave (finalement, il ne verra pas le jour) un fronton pour jouer à la pelote basque. Au gré du temps, des courts de tennis sont également tracés.

Depuis quelques années, ce site appelé le Pradeau s’est doté de nouvelles infrastructures dédiées aux plus jeunes, au sport, à la détente. C’est aussi le cadre idéal pour des événements fédérateurs et de convivialité où toutes les générations peuvent se côtoyer. Les Gelosiens redécouvrent peu à peu leur commune et se l’approprient davantage. Longtemps connue essentiellement pour son haras et son château, pour ses belles villas anglaises sur les coteaux, Gelos est de nos jours appréciée pour son cadre naturel, ses sentiers de randonnées qui permettent de découvrir le domaine forestier, ses voies cyclables parcourant le centre-ville ou longeant le gave de Pau, son patrimoine préservé et mis en valeur (depuis plus de dix ans, les haras accueillent en septembre une exposition d’art contemporain), ses différents quartiers et leurs maisons du 19e siècle, des années Trente, Cinquante.

Riche d’un passé au prestige discret, respectueuse de son histoire et de son authenticité, Gelos est soucieuse de se tourner désormais vers la modernité. Avec simplicité et humilité.