« Ce cœur qui haïssait la guerre… »
Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille !
Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la
nuit,
Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine.
Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent,
Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne,
Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat.
Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos.
Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la
France.
Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,
Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises
Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre :
Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères
Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera.
Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des
marées,
du jour et de la nuit.
Robert Desnos, 1943
«То сердце ненавидело войну…»
То сердце ненавидело войну и билось за сражение, борьбу!
То сердце что стучало в ритме приливов и отливов, по временам сезонов, по часам ночей и дней,
Вот оно набухает и отправляет по венам смесь селитры и ненависти.
И что ведёт к таким шумам в мозгу, в ушах какой-то сильный свист,
Не может быть что шум не слышен был по городам и деревням
Как набат, зовущий на борьбу, кровавый бунт,
Вы послушайте эхо возвращается ко мне, я слышу.
Но нет, то звук других сердец, миллион других сердец, они стучат как одно по всей стране.
Они все стучат, тот же ритм, стучат сердца,
И я слышу грохот моря при штурме прибрежных скал
Их кровь несёт в миллионы мозгов тот единый призыв:
«Восстание против Гитлера, смерть его сторонникам!»
То сердце что не любило войну, а любило жизнь,
Но только слова свободы достаточно чтобы разбудить гнев
И миллионы французов готовятся в тени к тому безобразию, что откроет близкий рассвет.
Те сердца, что ненавидели войну и бились за свободу в ритме приливов и отливов.
Робер Деснос, 1943
Tatiana Rastopchina
Interprète
Seversk (Russie)
«На фотографии в газете»
На фотографии в газете
нечетко изображены
бойцы, еще почти что дети,
герои мировой войны.
Они снимались перед боем –
в обнимку, четверо у рва.
И было небо голубое,
была зеленая трава.
Никто не знает их фамилий,
о них ни песен нет, ни книг.
Здесь чей-то сын и чей-то милый
и чей-то первый ученик.
Они легли на поле боя,-
жить начинавшие едва.
И было небо голубое,
была зеленая трава.
Забыть тот горький год неблизкий
мы никогда бы не смогли.
По всей России обелиски,
как души, рвутся из земли. ...
Они прикрыли жизнь собою,-
жить начинавшие едва,
чтоб было небо голубое,
была зеленая трава.
Римма Казакова « Помню », 1974.
Sur la photo dans un journal
Que tu ne peux pas reconnaître
Les enfants de la Guerre Mondiale,
Héros qu'ils ne pouvaient qu’ être.
Sur la photo il y en a quatre,
Dernière minute avant la bataille.
Le ciel si bleu partout où tu regardes,
Et l'herbe si verte, et la jaune paille.
Personne ne connaît leurs noms,
Personne n'écrit de livres à leur sujet.
Mais ils sont des enfants pour quelqu’un,
Ou des maris, ou des premiers élèves
Maintenant ils dorment pour toujours,
Enfants qui ont vécu si peu.
Et l'herbe si verte et la jaune paille partout
Où tu regardes, le ciel est bleu.
Personne ne peut jamais oublier
Cette sombre et amère année.
Par obélisques la Russie crie,
Par âmes la terre est déchirée.
Nos vies, les plus précieuses, ils gardent
Vécus si peu avant la dernière bataille,
Pour que le ciel soit bleu là où tu regardes,
Et l'herbe soit si verte et la jaune paille.
Arina Kojoukhova
Université d’État de Tomsk
«Sur la photo floue de ce journal»
Sur la photo floue de ce journal,
On aperçoit des combattants
Bien qu’ils ne soient que des enfants
Concevoir la guerre mondiale.
Sur la photo floue de ce journal,
Quatre combattants ne sont pas tranchés,
Sous le ciel clair qui bleuissait,
D’une verdure subliminale.
Leurs surnoms sombrèrent dans l’oubli,
On ne chante rien à leur sujet.
Parmi eux, un fils, un ami,
Un étudiant, un écolier,
Laissés pour morts sur le champ frontal
Dont la vie venait de commencer,
Sous le ciel clair qui bleuissait,
D’une verdure subliminale.
Pour un devoir de mémoire,
D’une époque du “pleuvoir”.
Ces résistants déterminés
S’étant sacrifiés pour la paix,
Jonchés de partout, des pierres tombales
Dont la vie venait de s’arrêter,
Pour un ciel clair qui bleuissait,
D’une verdure subliminale.
Anastasia Jeronkina
Université d’État de Tomsk