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Interprétation poétique : traduire ou revivre ?

2020-05
Un concours de traduction poétique a été organisé à la faculté des langues étrangères de l’Université d’État de Tomsk. Consacré au 75e anniversaire de la Victoire à la Grande Guerre Patriotique, il est parmi une des nombreuses manifestations réalisées en Russie en 2020, dans le cadre de l’année de la Mémoire et de la Gloire.
Ce concours a visé à regarder la Seconde Guerre mondiale sous différents angles, par les yeux d’un soldat ou d’un enfant, d’une femme ou d’un homme, d’un Français ou d’un Allemand, d’un Russe ou d’un Anglais, de la victoire ou de la défaite, et enfin d’examiner la traduction et l'original. L’expressivité des images poétiques permet non seulement de lire et de traduire des poèmes sur la guerre, mais aussi de revivre une histoire à travers le regard de l'auteur.
La poésie sur la guerre n’est pas seulement un héritage poétique, mais aussi historique. Grâce aux œuvres littéraires nous pouvons découvrir ce que nos grands-parents ont vécu pendant les dures années de guerre. En lisant les poèmes sur la guerre, nous, avec leurs personnages, vivons ces événements moroses et apprenons l’importance de protéger la paix. Ces œuvres écrits à l’époque de guerre ou plus tard sont le meilleur témoignage de l’histoire.
Ainsi, le dialogue entre les différentes cultures - russe, anglaise, française et allemande - sont au centre de l’attention des chercheurs et des traducteurs ayant participé sur au concours au traduction, aussi bien qu’au séminaire en ligne « Les problèmes d’interprétation poétique : traduire ou revivre ? » organise à l’Université d’État à Tomsk.
Nous vous présentons les meilleures traductions du poème de Rimma Kazakova « Sur la photo dans un journal » du russe ne français et du poème de Robert Desnos « Ce cœur qui haïssait la guerre » du français en russe.

« Ce cœur qui haïssait la guerre… »

Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille !

Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la

nuit,

Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine.

Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent,

Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne,

Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat.

Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos.

Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la

France.

Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,

Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises

Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre :

Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !

Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,

Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères

Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera.

Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des

marées,

du jour et de la nuit.


Robert Desnos, 1943


«То сердце ненавидело войну…»

То сердце ненавидело войну и билось за сражение, борьбу!

То сердце что стучало в ритме приливов и отливов, по временам сезонов, по часам ночей и дней,

Вот оно набухает и отправляет по венам смесь селитры и ненависти.

И что ведёт к таким шумам в мозгу, в ушах какой-то сильный свист,

Не может быть что шум не слышен был по городам и деревням

Как набат, зовущий на борьбу, кровавый бунт,

Вы послушайте эхо возвращается ко мне, я слышу.

Но нет, то звук других сердец, миллион других сердец, они стучат как одно по всей стране.

Они все стучат, тот же ритм, стучат сердца,

И я слышу грохот моря при штурме прибрежных скал

Их кровь несёт в миллионы мозгов тот единый призыв:

«Восстание против Гитлера, смерть его сторонникам!»

То сердце что не любило войну, а любило жизнь,

Но только слова свободы достаточно чтобы разбудить гнев

И миллионы французов готовятся в тени к тому безобразию, что откроет близкий рассвет.

Те сердца, что ненавидели войну и бились за свободу в ритме приливов и отливов.

Робер Деснос, 1943

Tatiana Rastopchina

Interprète

Seversk (Russie)


«На фотографии в газете»

На фотографии в газете

нечетко изображены

бойцы, еще почти что дети,

герои мировой войны.

Они снимались перед боем –

в обнимку, четверо у рва.

И было небо голубое,

была зеленая трава.

Никто не знает их фамилий,

о них ни песен нет, ни книг.

Здесь чей-то сын и чей-то милый

и чей-то первый ученик.

Они легли на поле боя,-

жить начинавшие едва.

И было небо голубое,

была зеленая трава.

Забыть тот горький год неблизкий

мы никогда бы не смогли.

По всей России обелиски,

как души, рвутся из земли. ...

Они прикрыли жизнь собою,-

жить начинавшие едва,

чтоб было небо голубое,

была зеленая трава.

Римма Казакова « Помню », 1974.



Sur la photo dans un journal

Sur la photo dans un journal

Que tu ne peux pas reconnaître

Les enfants de la Guerre Mondiale,

Héros qu'ils ne pouvaient qu’ être.

Sur la photo il y en a quatre,

Dernière minute avant la bataille.

Le ciel si bleu partout où tu regardes,

Et l'herbe si verte, et la jaune paille.

Personne ne connaît leurs noms,

Personne n'écrit de livres à leur sujet.

Mais ils sont des enfants pour quelqu’un,

Ou des maris, ou des premiers élèves

Maintenant ils dorment pour toujours,

Enfants qui ont vécu si peu.

Et l'herbe si verte et la jaune paille partout

Où tu regardes, le ciel est bleu.

Personne ne peut jamais oublier

Cette sombre et amère année.

Par obélisques la Russie crie,

Par âmes la terre est déchirée.

Nos vies, les plus précieuses, ils gardent

Vécus si peu avant la dernière bataille,

Pour que le ciel soit bleu là où tu regardes,

Et l'herbe soit si verte et la jaune paille.

Arina Kojoukhova

Université d’État de Tomsk



«Sur la photo floue de ce journal»

Sur la photo floue de ce journal,

On aperçoit des combattants

Bien qu’ils ne soient que des enfants

Concevoir la guerre mondiale.

Sur la photo floue de ce journal,

Quatre combattants ne sont pas tranchés,

Sous le ciel clair qui bleuissait,

D’une verdure subliminale.

Leurs surnoms sombrèrent dans l’oubli,

On ne chante rien à leur sujet.

Parmi eux, un fils, un ami,

Un étudiant, un écolier,

Laissés pour morts sur le champ frontal

Dont la vie venait de commencer,

Sous le ciel clair qui bleuissait,

D’une verdure subliminale.

Pour un devoir de mémoire,

D’une époque du “pleuvoir”.

Ces résistants déterminés

S’étant sacrifiés pour la paix,

Jonchés de partout, des pierres tombales

Dont la vie venait de s’arrêter,

Pour un ciel clair qui bleuissait,

D’une verdure subliminale.

Anastasia Jeronkina

Université d’État de Tomsk