Salut! Ça va?

Traits particuliers de l'enseignement du français en URSS pendant la Seconde Guerre mondiale

2020-05
L'importance des langues étrangères pour l'enseignement scolaire a été perçue d'une manière très contradictoire dans de différentes étapes du développement de la science méthodologique soviétique. Son déni total des premières années a été remplacé vers des années 30 par l'affirmation de la valeur éducative générale des langues vivantes, leur importance non seulement philologique, mais aussi sociale et culturelle.

Selon L. P. Solontsovaya, l’enseignement des langues vivantes a été approuvé par le document « Principes de base de l'école unifiée du travail» en 1929. Dans les années 30 du XXe siècle, grâce à la campagne « Langues étrangères pour tous», le nombre d'heures académiques des langues vivantes à l'école a augmenté, et les problèmes d'enseignement des langues étrangères ont provoqué une polémique constante dans la société et contribué à diverses réformes visant à améliorer l'enseignement des langues vivantes à l'école [1].

D’après A.A. Mirolyubov, au début des années 40 le personnel enseignant des langues vivantes dans les écoles urbaines de l'Union soviétique comptait 84,2% des professeurs d'allemand, 9,3% des professeurs d'anglais et 6,5% des professeurs de français [2]. La résolution sur l'enseignement de l'allemand, de l'anglais et du français, adoptée en 1940, s'est concentrée pour la première fois sur une étude insuffisante de l'anglais et du français.

Mais l'expansion de l'enseignement de l'anglais et du français proposée par la Résolution a été interrompue par la Grande Guerre patriotique. La première priorité des méthodologistes en 1941 était de changer le contenu de l'enseignement des langues étrangères en temps de guerre. On a proposé d'introduire l'étude des sujets militaires au détriment du matériel des manuels scolaires. Les enseignants proposaient de courts textes à lire et à raconter pour enrichir le vocabulaire par les mots et les expressions des sujets militaires.

Le manuel scolaire Mon premier livre de français de N. N. Fedotova et S. A. Markova publié en 1943 pour les classes de la 3ème-4ème est un bon exemple d'une méthodologie révisée de cette façon. La diffusion de 15 000 exemplaires donne une idée approximative de l'étendue de l'enseignement de français et des besoins des écoles en manuels de français au cours d'une période donnée. Le lexique du manuel est révisé tenant compte des tendances de l’époque. Ainsi, les nombres quantitatifs de 1 à 5 sont introduits dans un court texte sur l'entraînement des soldats de l'Armée Rouge, ainsi que des exercices d’entraînement :

Nicolas est dans la rue. Il voit un sergent et des soldats de l'Armée Rouge.
Le sergent dit: « En avant marche! Un, deux ! Un, deux, trois, quatre ! Un, deux! Halte! Fixe! A droite! Un, deux! A gauche ! Un, deux. Repos. »
Nicolas compte les soldats de l'Armée Rouge. Un, deux, trois, quatre, cinq. Il regarde le sergent et crie: « Vive l'Armée Rouge! » [3]

Les textes de cette période de guerre sont mis à jour non seulement lexicalement, mais aussi idéologiquement. Leurs thèmes reflètent les objectifs pédagogiques et ceux de l’époque : l'écolier doit être prêt à se battre avec des ennemis internes et externes, être vigilant et prendre l’exemple des pionniers et partisans héroïques. Le texte Deux petits héros du même manuel en est une bonne illustration: les personnages du texte discutent de l'exploit d’un petit partisan, qui a incendié la maison où se trouvaient beaucoup d’officiers allemands. Puis ils attrapent un espion à l'aide des miliciens.

Deux petits héros

(Dans la cour d'une grande maison)
Micha: Bonjour, Choura. Que lis-tu?
Choura: C'est un livre très Intéressant. C'est une histoire d'un petit partisan qui incendie la maison où se trouvent beaucoup d'officiers allemands: Ce garçon est un héros!
Micha: (regarde le livre). Oui, c'est intéressant. Et bien, Choura, maintenant regardons si on ne voit pas de lumière aux fenêtres de notre maison.
(Les enfants regardent les fenêtres).
Choura: Tout est en ordre aujourd'hui. (On entend la sirène) Ne restons plus dans la cour ! Allons!
Micha: Regarde cette fenêtre, Choura. (Une lumière apparaît une, deux, trois fois dans une des fenêtres). C'est un signal. Vois-tu cet homme qui se cache derrière les rideaux?
Choura: C'est un espion qui donne le signal.
Micha: Que faire?
Choura: Cours vite, Micha, appeler un milicien[3].

On peut conclure que, malgré le petit nombre d'enseignants de français et d'élèves, ainsi que les difficultés causées par la guerre, l'étude de la langue française dans les écoles a eu lieu, et la méthodologie de l'enseignement de la langue française a absorbé toutes les tendances actuelles de l'époque.

Sources utilisées :
1. Солонцова Л. П. Методика обучения иностранным языкам: в 3 ч. Часть 3 : История методов обучения иностранным языкам. — М.: ВЛАДОС, 2018.
2. Миролюбов А.А. Вопросы советской методики обучения иностранным языкам в 40-е годы // Иностранные языки в школе. — 1991. - №5.
3. Федотова Н. Н., Маркова С. А. Mon premier livre de français: учебник французского языка для 3-4 классов. - М.: УЧПЕДГИЗ, 1343.