La gallérie de portraits pédagogiques créée par « Salut ! Ça va ? » se complète aujourd’hui par celui d’une jeune enseignante très dynamique de Tchéquie – Marta Vacovska. Motivée et passionnée dès son enfance par ses professeurs rayonnants d’enthousiasme pour leur métier, Marta se consacre au français et au travail pédagogique. Donnons la parole à Marta, et vous sentirez sans doute son bonheur!
Quand et pourquoi avez-vous décidé de devenir professeur ?
Oh-là-là, c’est une question la plus complexe que je puisse imaginer dans ce contexte d’interview !
Il me semble que j’ai pris ma décision enfant. J’étais très attachée à ma grand-mère avec qui je passais beaucoup de temps et qui m’apprenait énormément de choses. Quand je repense aux moments précieux avec elle, soit aux promenades dans la forêt, à l’étang d’un village au nom poétique - Babylon ou tout simplement chez elle, dans son petit appartement plein de livres anciens, d’objets et des meubles respirant la Belle époque, une image de fillette à l’écoute attentive avec une femme de petite taille surgit et ne perd rien de son authenticité malgré les années passées et la disparition de cette chère personne.
Même si elle n’a jamais travaillé en tant que professeure, elle ne pouvait pas nier le fait qu’elle venait d’une famille d’enseignants par ses grands-parents. C’était une femme très courageuse, dynamique avec une personnalité extraordinaire. Avec le temps, je me demande quel parcours d’études elle aurait pu suivre s’il n’y avait pas eu la guerre. Étant déjà inscrite à la faculté des lettres en études germaniques, elle serait peut-être devenue prof d’allemand ?
Pouvez-vous dire qu'il est réputé parmi les élèves en tant que langue étrangère ?
Puisque très peu de monde parle tchèque, dans notre pays on est plutôt obligés d’apprendre des langues étrangères. L’anglais est obligatoire à partir du CM1. Quant à la deuxième langue étrangère, elle est presque aussi incontournable. Grâce ou à cause de la position géographique de la République tchèque (à vous de choisir), en partageant la frontière avec deux pays germanophones, le choix pris surtout par les parents des élèves est quasi inévitable pour l’allemand. Tandis que nous, les profs de français, les francophones et surtout francophiles passionnés, on ne cesse de se battre pour cette langue par tous les moyens possibles Heureusement la culture française dispose d’un réservoir exceptionnel. Malgré tout, il faut admettre que le français reste minoritaire.
Quelles formations avez-vous suivies ?
Après le bac j’ai commencé des études de français et de sport à la Faculté de Sport, Université Charles à Prague que j’ai poursuivies pendant trois ans. J’ai ensuite changé de voie et me suis inscrite à la Faculté de Pédagogie en Bohême du Sud où j’ai obtenu mon Master 2 en anglais et en français et au cours duquel j’ai fait mon Erasmus à Paris. Puis, tout en terminant mon Master 2 j’ai obtenu un poste au Lycée J. V. Jirsíka à České Budějovice en Bohême du Sud où je suis restée sept années complètes.
Je tiens à préciser qu’à ma dernière année au lycée (2017/2018) a été pour moi une année de grand changement dans ma vie.
J’ai dès septembre décidé de préparer mon nouvel objectif, celui de venir m’installer en France à la prochaine rentrée scolaire.
J’ai d’autre part, de manière fortuite, pu participer à une formation par le biais de l’Alliance Française de Bohême du Sud et l’Institut Français de Prague qui m’a fait découvrir le Projet 10 sur 10 - une approche par le théâtre de l’apprentissage d’une langue étrangère.
J’ai de plus lors de cette formation eu connaissance de la possibilité de participer en juillet au BELC (Université d’été pour les enseignants de FLE ) à Nantes.
Je me suis donc installée en France, à Nantes où j’enseigne actuellement le FLE aux étudiants étrangers à l’Université de Nantes et l’anglais à l’IDRAC – école de commerce.
Qu'est-ce qui vous enchante dans ce métier ?
Réveiller et cultiver la passion des élèves pour la langue et la culture française. Les aider inconsciemment à créer leur coté francophile à eux, un coté original et personnel qui n’appartient qu’à eux.
Les progrès des élèves, les étincelles dans leurs yeux dans un échange linguistique indépendamment d’une timidité et d’une pudeur persistantes mais temporairement vaincues par l’envie de s’exprimer, de comprendre en écoutant autrui, de faire passer leur message intellectuel malgré les imperfections grammaticales ou lexicales.
Et qu'est-ce qui vous semble le plus important dans votre travail avec les enfants ?
Une relation mutuelle de respect, d’engagement, d’investissement, d’entraide, de fair-play.
Comment arrivez-vous à motiver vos élèves à l'apprentissage du français ?
J’essaie de leur procurer le plus d’évènements possibles en dehors de l’école ou des programmes de l’éducation nationale. Quand j’étais étudiante et aussi plus tard quand je repense à certains de mes collègues, j’ai toujours été motivée ou inspirée par les enseignants qui rayonnaient d’enthousiasme et de passion pour la matière. Je suis peut-être naïve mais j’y crois toujours.
Qu'est-ce qui vous inspire et vous encourage le plus dans votre travail ?
L’envie de découvrir, d’apprendre et d’avancer.
Le métier de professeur n'est pas facile. Rencontrez-vous beaucoup de difficultés ?
A part des rares moments où je me sens pressée comme un citron après un cours où les conditions de départ ne sont pas idéales (investissement d’énergie des élèves pas terrible, temps morose derrière la fenêtre, ventre qui gargouille), ça se passe bien. Et quand il y a un problème, il faut en parler car il y a toujours une solution.
Avez-vous vécu des moments où vous vouliez changer de travail, abandonner cette profession ?
Non, jamais.
Vous pouvez dire que vous êtes heureuse dans votre métier ?
Oui, absolument. J’ai une ancienne collègue et très chère amie avec qui je partage exactement le même ressenti – Indépendamment des difficultés ou des soucis de la vie quotidienne, ce métier nous les fait oublier en entrant dans la classe. C’est une porte d’entrée dans l’univers où « ce qui se passe à du sens ».
Un évènement que vous n’oublierez jamais ?
Il y en a beaucoup. La visite des monuments tchèque et français des victimes de l’holocauste à Mauthausen où on est allés déposer la gerbe avec notre école française partenaire, de nombreuses excursions à Paris, la réussite de mes étudiants au bac, les bals des terminales. Mais peut-être celui qui m’a marqué le plus était le moment où mes « petits » lycéens âgés de 12 ans venaient d’achever leur spectacle au Festival International de théâtre pour les lycéens en Pologne. On s’est retrouvés dans les coulisses, j’y ai couru depuis la cabine de l’ingénieur du son, j’ai ouvert la porte et m’ont sauté dessus tous contents et tellement fiers d’eux.
Un élève qui vous a marqué le plus ?
Grâce à la découverte du projet 10 sur 10 j’ai pu appliquer la méthode d’apprentissage d’une langue étrangère à travers une pièce de théâtre dans ma classe. L’un de mes élèves différent et isolé des autres par son niveau de langage très recherché et inhabituel pour son âge a fini par trouver sa place au sein de la troupe. Les interactions et émotions partagées lui ont permis de s’intégrer. Lors de cette aventure théâtrale, ce groupe d’élèves a réussi à créer avec de l’humour et de nouvelles règles de cohabitation son propre univers.
Qu’est-ce que vous faites pour réussir dans votre métier ?
Je bois beaucoup de café! (rire) Mon idéal n’est pas de devenir une prof parfaite parce que la perfection n’est pas de ce monde. C’est cependant l’idée d’y approcher au plus près qui me motive et me pousse à progresser et me perfectionner. Et puis je reste moi-même.
Merci beaucoup !
Quand et pourquoi avez-vous décidé de devenir professeur ?
Oh-là-là, c’est une question la plus complexe que je puisse imaginer dans ce contexte d’interview !
Il me semble que j’ai pris ma décision enfant. J’étais très attachée à ma grand-mère avec qui je passais beaucoup de temps et qui m’apprenait énormément de choses. Quand je repense aux moments précieux avec elle, soit aux promenades dans la forêt, à l’étang d’un village au nom poétique - Babylon ou tout simplement chez elle, dans son petit appartement plein de livres anciens, d’objets et des meubles respirant la Belle époque, une image de fillette à l’écoute attentive avec une femme de petite taille surgit et ne perd rien de son authenticité malgré les années passées et la disparition de cette chère personne.
Même si elle n’a jamais travaillé en tant que professeure, elle ne pouvait pas nier le fait qu’elle venait d’une famille d’enseignants par ses grands-parents. C’était une femme très courageuse, dynamique avec une personnalité extraordinaire. Avec le temps, je me demande quel parcours d’études elle aurait pu suivre s’il n’y avait pas eu la guerre. Étant déjà inscrite à la faculté des lettres en études germaniques, elle serait peut-être devenue prof d’allemand ?
Pouvez-vous dire qu'il est réputé parmi les élèves en tant que langue étrangère ?
Puisque très peu de monde parle tchèque, dans notre pays on est plutôt obligés d’apprendre des langues étrangères. L’anglais est obligatoire à partir du CM1. Quant à la deuxième langue étrangère, elle est presque aussi incontournable. Grâce ou à cause de la position géographique de la République tchèque (à vous de choisir), en partageant la frontière avec deux pays germanophones, le choix pris surtout par les parents des élèves est quasi inévitable pour l’allemand. Tandis que nous, les profs de français, les francophones et surtout francophiles passionnés, on ne cesse de se battre pour cette langue par tous les moyens possibles Heureusement la culture française dispose d’un réservoir exceptionnel. Malgré tout, il faut admettre que le français reste minoritaire.
Quelles formations avez-vous suivies ?
Après le bac j’ai commencé des études de français et de sport à la Faculté de Sport, Université Charles à Prague que j’ai poursuivies pendant trois ans. J’ai ensuite changé de voie et me suis inscrite à la Faculté de Pédagogie en Bohême du Sud où j’ai obtenu mon Master 2 en anglais et en français et au cours duquel j’ai fait mon Erasmus à Paris. Puis, tout en terminant mon Master 2 j’ai obtenu un poste au Lycée J. V. Jirsíka à České Budějovice en Bohême du Sud où je suis restée sept années complètes.
Je tiens à préciser qu’à ma dernière année au lycée (2017/2018) a été pour moi une année de grand changement dans ma vie.
J’ai dès septembre décidé de préparer mon nouvel objectif, celui de venir m’installer en France à la prochaine rentrée scolaire.
J’ai d’autre part, de manière fortuite, pu participer à une formation par le biais de l’Alliance Française de Bohême du Sud et l’Institut Français de Prague qui m’a fait découvrir le Projet 10 sur 10 - une approche par le théâtre de l’apprentissage d’une langue étrangère.
J’ai de plus lors de cette formation eu connaissance de la possibilité de participer en juillet au BELC (Université d’été pour les enseignants de FLE ) à Nantes.
Je me suis donc installée en France, à Nantes où j’enseigne actuellement le FLE aux étudiants étrangers à l’Université de Nantes et l’anglais à l’IDRAC – école de commerce.
Qu'est-ce qui vous enchante dans ce métier ?
Réveiller et cultiver la passion des élèves pour la langue et la culture française. Les aider inconsciemment à créer leur coté francophile à eux, un coté original et personnel qui n’appartient qu’à eux.
Les progrès des élèves, les étincelles dans leurs yeux dans un échange linguistique indépendamment d’une timidité et d’une pudeur persistantes mais temporairement vaincues par l’envie de s’exprimer, de comprendre en écoutant autrui, de faire passer leur message intellectuel malgré les imperfections grammaticales ou lexicales.
Et qu'est-ce qui vous semble le plus important dans votre travail avec les enfants ?
Une relation mutuelle de respect, d’engagement, d’investissement, d’entraide, de fair-play.
Comment arrivez-vous à motiver vos élèves à l'apprentissage du français ?
J’essaie de leur procurer le plus d’évènements possibles en dehors de l’école ou des programmes de l’éducation nationale. Quand j’étais étudiante et aussi plus tard quand je repense à certains de mes collègues, j’ai toujours été motivée ou inspirée par les enseignants qui rayonnaient d’enthousiasme et de passion pour la matière. Je suis peut-être naïve mais j’y crois toujours.
Qu'est-ce qui vous inspire et vous encourage le plus dans votre travail ?
L’envie de découvrir, d’apprendre et d’avancer.
Le métier de professeur n'est pas facile. Rencontrez-vous beaucoup de difficultés ?
A part des rares moments où je me sens pressée comme un citron après un cours où les conditions de départ ne sont pas idéales (investissement d’énergie des élèves pas terrible, temps morose derrière la fenêtre, ventre qui gargouille), ça se passe bien. Et quand il y a un problème, il faut en parler car il y a toujours une solution.
Avez-vous vécu des moments où vous vouliez changer de travail, abandonner cette profession ?
Non, jamais.
Vous pouvez dire que vous êtes heureuse dans votre métier ?
Oui, absolument. J’ai une ancienne collègue et très chère amie avec qui je partage exactement le même ressenti – Indépendamment des difficultés ou des soucis de la vie quotidienne, ce métier nous les fait oublier en entrant dans la classe. C’est une porte d’entrée dans l’univers où « ce qui se passe à du sens ».
Un évènement que vous n’oublierez jamais ?
Il y en a beaucoup. La visite des monuments tchèque et français des victimes de l’holocauste à Mauthausen où on est allés déposer la gerbe avec notre école française partenaire, de nombreuses excursions à Paris, la réussite de mes étudiants au bac, les bals des terminales. Mais peut-être celui qui m’a marqué le plus était le moment où mes « petits » lycéens âgés de 12 ans venaient d’achever leur spectacle au Festival International de théâtre pour les lycéens en Pologne. On s’est retrouvés dans les coulisses, j’y ai couru depuis la cabine de l’ingénieur du son, j’ai ouvert la porte et m’ont sauté dessus tous contents et tellement fiers d’eux.
Un élève qui vous a marqué le plus ?
Grâce à la découverte du projet 10 sur 10 j’ai pu appliquer la méthode d’apprentissage d’une langue étrangère à travers une pièce de théâtre dans ma classe. L’un de mes élèves différent et isolé des autres par son niveau de langage très recherché et inhabituel pour son âge a fini par trouver sa place au sein de la troupe. Les interactions et émotions partagées lui ont permis de s’intégrer. Lors de cette aventure théâtrale, ce groupe d’élèves a réussi à créer avec de l’humour et de nouvelles règles de cohabitation son propre univers.
Qu’est-ce que vous faites pour réussir dans votre métier ?
Je bois beaucoup de café! (rire) Mon idéal n’est pas de devenir une prof parfaite parce que la perfection n’est pas de ce monde. C’est cependant l’idée d’y approcher au plus près qui me motive et me pousse à progresser et me perfectionner. Et puis je reste moi-même.
Merci beaucoup !