Salut! Ça va?

Mes amis, mes amours, mon «Salut ! Ça va ?»

2019-12
Tous les ans, au mois de décembre, j’ai une pensée pour mon petit journal. Je me souviens de tout : des feuilles de papier blanc dispersées partout sur le sol de ma chambre, des trois colonnes verticales réalisées avec un stylo à l’encre bleu, du titre (il n’y en a jamais eu d’autres, dès le début) écrit avec mon écriture affreuse : « Salut ! Comment ça va ? »…

En décembre 2004, j’avais 17 ans. Je venais d’intégrer la faculté des langues étrangères et je ne sais plus de quoi je rêvais le plus : de devenir journaliste ou de parler français comme une Française. Ce petit journal, j’ai décidé de le faire pour moi. Cela peut paraître égoïste, mais c’est tout à fait vrai : je voulais écrire et apprendre à rédiger des textes en français. Et rien d’autre n’existait pour moi. Que du journalisme et du français.

Il faut dire que j’ai eu une chance exceptionnelle d’être tombée sur des professeurs hors du commun. Certains sont devenus mes amis. Oui, oui, cela peut être possible. Olga Kukharenko en faisait partie. Un jour, entre deux cours, je suis venue la voir en lui proposant, oui, comma ça, sans aucune explication préalable, de créer un journal en français. Ça a sonné, Olga, très timide et n’ayant pas pu se décider de dire non, a accepté, et nous avons rejoint chacune son cours. Nous nous sommes vues le lendemain pour parler de ce projet. Nous nous sommes envoyées des mails quelques jours plus tard, nous nous sommes revues encore… Et voilà que cela fait déjà 15 bonnes années que cela dure.

« Paris valait toujours la peine, et vous receviez toujours quelque chose en retour de ce que vous lui donniez », a écrit Ernest Hemingway dans son livre « Paris est une fête ». Et bien, je peux dire exactement la même chose de ce petit journal. Il valait toujours la peine, et nous recevions toujours quelque chose en retour, même plus de ce que nous attendions. Des surprises, il y en avait un paquet. Des stages en France pour nous, les habitants de la région lointaine séparée de Paris par des milliers de kilomètres, n’étaient plus un rêve bleu. Grâce à notre engagement pour la francophonie, nos chances d’obtenir une bourse d’études ou gagner un stage linguistique ou pédagogique se multipliaient. C’est ainsi que j’ai obtenu une bourse du Gouvernement français en 2009 et suis partie pour la France afin de poursuivre mes études supérieures en sciences de l’Information et de la Communication. C’est ainsi que j’ai effectué mon stage de six mois au sein d’un journal régional Bourguignon « Le Bien Public », seule et unique étrangère depuis la création de ce média…

Les années passent à toute vitesse. Cela fait 10 ans que je vis en France. Dans le tourbillon de la vie quotidienne, j’écris moins. Mais les pages des anciens numéros de mon petit journal me rappellent des jolies rencontres et des interviews que j’ai faites au fil de ces années. Avec chaque nouveau numéro, je prends les nouvelles de ma région natale, de mon université et de mes professeurs. Je leur suis à tous infiniment reconnaissante. Je suis heureuse qu’ils m’aient soutenue il y a 15 ans dans cette aventure de « Salut ! Ça va ? »Et je suis heureuse encore dix fois plus que le journal existe aujourd’hui, qu’il soit devenu si beau et si important pour autant de personnes.

Était-ce vraiment moi qui suis venue présenter, une voix tremblante, une dizaine d’exemplaires d’un petit quelque chose imprimé en noir et blanc à mes amis de la fac, un soir de décembre 2004 ?!...
Interview avec Marc Levy en 2010 a Paris
Soirée en honneur de « Salut ! Ça va _» en avril 2017
Irina Korneeva, Vladimir Fedorovsky et « Salut ! Ça va ?», janvier 2016