Écrire l’histoire de la Nouvelle Russie, élever des moules, dessécher les marais ou créer un théâtre - rien est impossible pour les Français échappés à la Révolution.
Les premiers aristocrates commencent à quitter la France en juillet 1789, mais l’émigration forte quant à elle débutera en été 1791, provoquée notamment par la tentative de Louis XIV de fuir Paris. Des peintres, des architectes, des écrivains, des hommes politiques et des chercheurs laissant leurs maisons réduites en cendres, se retrouvent obligés d’émigrer. Leurs propriétés sont confisquées tout comme leur nationalité : une fois enregistré dans la liste des émigrés, ils ne peuvent jamais rentrer dans leur patrie. Parmi les destinations, nous pouvons citer plusieurs pays de l’Europe, les États-Unis ainsi que la Russie. Selon les estimations, de cent milles à cent cinquante milles français quittent l’hexagone. L’Empire Russe est le deuxième pays d’accueil des émigrés français.
Le duc Richelieu, né à Paris dans une des familles aristocratiques les plus connues d’Europe, était le petit-fils du maréchal de Richelieu, secrétaire d’État et ministre de Louis XIII.
Plusieurs biographies de Richelieu témoignent de ses succès précoces. À l’âge de 15 ans, il obtient un bon niveau d’éducation et apprends plusieurs langues étrangères. Au même âge, Armand se marie avec la fille du duc de Rochechouart, Rosalie, qui, selon des contemporains, était une petite bossue. En 1790, il part comme volontaire pour participer à la prise de la ville d'Izmaïl à l’issue de laquelle Grigori Potemkine, militaire et homme de gouvernement russe, l’engage dans son armée. Depuis lors, Richelieu essayera plusieurs fois de retourner en France, mais lorsqu’il apprend que ses propriétés avaient été confisquées, le retour est impossible. Le duc décide donc de rester en Russie pour toujours.
En 1803, Richelieu devient maire d’une petite ville d’Odessa. En 1805 il est gouverneur militaire de la Nouvelle Russie et de Bessarabie. Avec le duc de Richelieu au pouvoir, Odessa devient le centre administratif de la Nouvelle Russie et le port russe principal sur la mer Noire. Grace au gouverneur français, les droits de douane sont éliminés. Il propose l’idée de « port franc », pour que le port soit affranchi de droits. Administrée par Richelieu, Odessa devient une belle ville avec des nouvelles rues, des jardins, plusieurs écoles techniques, une cathédrale, une église, deux hôpitaux et un théâtre.
Pendant la période de la Restauration, en 1814, le duc retourne finalement en France où il devient le premier ministre de Louis XVIII, et il entre à l’Académie française. Richelieu avait envie de revenir à Odessa, ce qu’il n’a pas pu faire : il meurt à Paris le 5 mai 1822.
Le comte de Langeron nait à Paris en 1763. Tout comme son père et la plupart des aristocrates de cette époque, Alexandre-Louis entame une carrière militaire, il prend part à la guerre d’indépendance américaine.
En 1789, Prince Charles-Henri-Othon, aristocrate français, amiral dans la Marine Impériale de Russie, propose à Alexandre-Louis de renter à l’armée russe. En 1790, le comte vient à Tsarskoïe Sélo, ville située à une trentaine de kilomètres de Saint-Pétersbourg, connue comme village impérial
Alexandre-Louis participe aux guerres russo-turque et russo-suédoise, mais après avoir appris que sa femme est malade, il part pour la France. Malheureusement, il n’a pas la chance de la voir, sa femme meurt alors qu’il est en route. Alors, il part à Vienne où il fait connaissance avec le duc de Richelieu, pour partir en sa compagnie et participer à la prise d'Izmaïl. Ensuite, il fait la guerre sur le Danube, au Caucase, en Hollande et en Prusse, sous les ordres de Grigori Potemkine, Mikhaïl Koutouzov, de grands militaires et hommes de gouvernement russe, et sous la direction de Louis V prince de Condé. En 1805, il prend part à la bataille d’Austerlitz, et finalement il est promu au rang de général.
En novembre de 1815, après 40 ans de carrière militaire Alexandre-Louis s’installe à Odessa où il devient général gouverneur en remplacement de Richelieu. Sous sa direction, Odessa obtient finalement son statut d’un port-ouvert. C’était une ville en pleine essor : le premier journal est publié, le jardin botanique et le lycée de Richelieu sont ouverts ; un centre de fabrication artificielle d’eau minérale est installé.
Atteint par le choléra, le comte de Langeron mourrait en 1831 à Odessa en Nouvelle-Russie.
Le baron de Castelnau est né à Bordeaux en 1757. Avant la Révolution il travaille en tant qu’avocat et conseiller à la Chambre du Parlement. En mai 1791, il doit quitter la France. Trois ans après tous ses biens sont nationalisés et vendus. Gabriel de Castelnau part pour l’Angleterre, puis pour l’Allemagne, et en 1797, sur invitation de Paul Ier, il déménage en Russie où il devient connu comme marquis de Castelnau. Quelques membres de sa famille sont des marquis, mais ils appartenaient à une autre branche ; tandis que de Castelnau est appelé marquis seulement en Russie, dans sa patrie, il reste toujours baron.
Le 28 novembre 1789 il commence à censurer des spectacles français à la cour de Paul Ier; certains de ses biographes supposent qu’il était secrétaire particulier de l’Empereur.
Après la mort de Paul Ier son poste est supprimé, et le marquis doit déménager dans un village à côté de Odessa où il élève des moutons, et sur ordre personnel de Richelieu, il commence à écrire l’histoire de la Nouvelle Russie. C’était un ouvrage impressionnant avec des références sur les historiens antiques et contemporains pour son époque, aussi bien que les textes qui n’ont pas survécu à cette période.
En 1810, le marquis tente de rentrer en France où le décret d’amnistie est déjà présenté. Mais l’examen de ses documents prend deux ans, pendant lesquels les relations entre la France et la Russie approchent au point critique. Ainsi un retour de Castelnau est impossible.
Après la Restauration bourbonienne, le marquis quitte la Russie pour suivre Richelieu, son ami et son bienfaiteur. Dans sa patrie, en France, il devient Chevalier de l’Ordre Royal et militaire de Saint-Louis, il reçoit son titre de marquis et le poste à l’archive du département des affaires étrangères. En 1820, trois parties de son ouvrage paraissent. Ses écrits sur la Nouvelle Russie portent un titre un peu long et vague : « Sur l’Histoire ancienne et moderne de la Nouvelle Russie, statistiques de Provinces qui la composent. Fondation d’Odessa, ses progrès, son état actuel, détails sur son commerce. Voyage en Crimée, dans l’intérêt de l’agriculture et du commerce. Avec cartes, vues, plans. »
Le baron de Castelnau passe les dernières années de sa vie dans la solitude, il ne se marie pas, reste sans enfants, il décède en décembre 1826.
Xavier de Maistre nait à Chambéry le 8 novembre1763, il perd sa mère à l’âge de 10 ans, ses frères et sœurs assument ainsi pleinement le rôle de parrain, aussi bien que le prêtre qui commence à lui apprendre le dessin.
Cinq ans avant la Révolution, Xavier de Maistre entre à l’armée du Royaume de Sardaigne. En 1794, il est enfermé dans sa chambre à la citadelle de Turin pour s'être livré à un duel. Pendant ce temps il écrit un livre sous le titre « Voyage autour de ma chambre ». Le personnage est un officier français, emprisonné dans sa chambre pour 42 jours, il décrit tout ce qui l’entoure, il réfléchit sur la nature humaine, l’effet de l’apparence sur le statut sociale, et d’autres choses de ce genre. Son livre devient populaire.
En 1799, Xavier de Maistre rejoint l’armée de Piémont, formée par Alexandre Souvorov, généralissime au service de l'Empire russe, pour renforcer sa lutte contre l’armée de Napoléon. Xavier de Maistre est détaché au Souvorov, il devient son ami, et fait quelques portraits du général en chef.
En 1800, Xavier de Maistre déménage en Russie, où il devient Ksaveriy Ksaverievich. Il demande son congé à l’armée et il ouvre un atelier de peinture à Moscou. Ses portraits deviennent célèbres auprès de la noblesse russe, y compris la famille de Pouchkine. Xavier de Maistre peint le portrait du futur poète. Selon la sœur de Pouchkine, le petit poète s’intéresse à la poésie après avoir écouté les vers de Xavier de Maistre.
En 1803, par protection de son frère en tant qu’émissaire sarde, Xavier de Maistre déménage à Saint-Pétersbourg où il est nommé directeur du Musée Maritime et de la Bibliothèque Maritime.
En 1810, le comte de Maistre rentre à l’armée, il est blessé au Caucase et il prend finalement sa retraite. Xavier de Maistre s’installe à Saint-Pétersbourg, et en 1813, il se marie avec Sophie Zagriaski, tante de l'épouse de Pouchkine.
Xavier de Maistre établit un inventaire des livres qui servent de base pour la Bibliothèque Centrale de Marine de guerre. Il s’occupe du contenu des bibliothèques portuaires. Le comte n’élabore pas seulement le contenu des bibliothèques mais il en fait partie lorsqu’il écrit quelques livres sur la Russie en français. Il essayera de faire connaitre la littérature russe aux Français, il traduit les œuvres littéraires des écrivains russes y compris les fables de Krylov. Xavier de Maistre s’intéressera plus tard aux recherches dans la physique, la chimie et l’aviation.
Xavier de Maistre meurt le 12 juin 1852 à Strelna, une commune près de Saint-Pétersbourg.
Jean-Baptiste Prevost nait sur l’ile de la Martinique en 1754, il était le fils d’un lieutenant de la Marine royale française. À l’âge de douze ans il entre dans la Marine, premièrement au collège de la Marine à Rochefort en Charente-Maritime, et puis à Brest. Jean Prévost est considéré comme un des meilleurs officiers de la marine de France. En octobre de 1790, sa maison est brûlée par des révolutionnaires, et le marquis de Traversay décide de quitter la France. Il part en Suisse, et plus tard il acceptera l’invitation de Catherine II de venir en Russie.
En Russie, le marquis devient Ivan Ivanovich de Traversay, et il est nommé Contre-Amiral. Puis il est promu major-général, affecté à la Flotte de la mer Baltique, et le 20 mars 1805, il devient général-gouverneur de Sébastopol et de Nikolaïev, deux villes sur la péninsule de Crimée. Ivan de Traversay crée une administration indépendante, pour que ces villes ne dépendent pas du gouvernement de Kherson (un gouvernement de l'Empire russe, en Nouvelle Russie).
Sous la direction du marquis, la ville connait un certain développement avec notamment l’ouverture du jardin botanique, du théâtre, du bureau de cartographie, de la bibliothèque et d’une école des mousses pour orphelins. Ivan de Traversay contribue également à la création du premier blason de la ville, et aussi bien à la construction du pont de bateaux. Le marquis propose quelques idées pour l’implantation de bâtiments à Sébastopol, mais à cette époque le projet ne peut pas être réalisé à cause du manque de moyens, cependant dans les années trente-quarante quelques idées sont mise en œuvre.
Toute sa vie, Traversay répétait que la Russie l’avait sauvé de la misère. Il apprenait le russe, mais il n’arrivait jamais à maitriser cette langue. En 1811, il refuse l’invitation de Napoléon pour retourner en France, et il devient Ministre de la Marine Impériale de Russie. Le marquis refuse également la proposition d’Alexandre Ier qui lui donne le titre de comte, Traversay voulait garder son titre familial.
En 1819, Ivan Ivanovich de Traversay prépare deux navires qui feront partie de l’expédition pendant laquelle l’Antarctique sera découvert. Grace à Ivan de Traversay, les expéditions de Piotr Fiodorovitch d’Anjou, de Ferdinand von Wrangel et de Otto von Kotzebue sont effectuées. Ces explorateurs découvriront des frontières auparavant inconnues, ce qui pourrait changer la carte de la Russie.
Le 29 mars 1828, Jean-Baptiste Prevost de Sansac prend finalement sa retraite. Durant les trois dernières années de sa vie, il vit à Romanshina, un village à coté de Saint-Pétersbourg, où il décédait le 19 mai 1831.
Auguste de Choiseul-Gouffier nait à Paris le 27 septembre 1752. Depuis le collège il est passionné par l’histoire de l’Antiquité, et en 1776 il part en Grèce où il étudie des coutumes et dessine des monuments antiques.
Après son retour en France, Auguste de Choiseul-Gouffier publie la première partie de son premier ouvrage : « Voyage pittoresque en Grèce », les volumes suivants sont publiés en 1809 et en 1822. Cet ouvrage lui ouvre les portes de l’Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres, et deux ans après la première publication il entre à l’Académie française.
En 1784, Choiseul-Gouffier quitte la France pour Constantinople où il travaille en tant qu’ambassadeur. Quand la Révolution française s’emballe et qu’un nouvel ambassadeur vient à Constantinople, Auguste refusera de rentrer. Peu après, ses propriétés en France sont confisquées et lui-même est exclu de deux académies.
En Turquie Choiseul-Gouffier est un défenseur des prisonniers russes après la guerre russo-turque, il prend une part active dans leurs vies et même construit un hôpital en bois pour les prisonniers de guerre. En 1791, l’ex-académicien est médiateur lors des pourparlers de paix entre Saint-Pétersbourg et Constantinople. Un an plus tard, il s’adressera à Catherine II pour une demande d’asile en Russie. Dès qu’il reçoit une réponse favorable, Choiseul-Gouffier quitte Constantinople pour déménager en Russie.
Dans un premier temps l’Impératrice a de la sympathie pour lui, elle lui promet le siège de président à l’Académie des arts, mais Choiseul-Gouffier n’est jamais nommé président, au contraire il est jeté en défaveur. Après l’accession de Paul Ier au trône, Choiseul-Gouffier peut revenir à la cour, par la suite il est nommé Président de l’Académie des arts et Directeur de la Bibliothèque Impériale. En 1802, après que l’amnistie pour les immigrés est annoncée, le comte rentre en France. Il deviendra ministre sans portefeuille et pair de France. En 1816, il est rétabli à l’Académie Française. Auguste de Choiseul-Gouffier mourrait à Aachen d’Aix-la-Chapelle le 20 juin 1817.
Élisabeth Vigée est née à Paris en 1755. À l’âge de 26 ans, ses peintures l’ont tellement rendue célèbre que pour avoir un portrait peint par Élisabeth il fallait attendre quelques mois. Ainsi, Vigée Le Brun devient la peintre favorite de Marie Antoinette, la femme de Louis XVI. Mais lors des révolutions d’octobre 1789, elle doit quitter Paris avec sa fille prenant une diligence, toutes deux déguisées en bonnes. Son mari quant à lui reste en France et rejoint les révolutionnaires. Alors, Vigée Le Brun vit en Italie, puis en Autriche pour ne pas trop s’éloigner de la France. Cependant, elle apprend que son nom était dans la liste des émigrés, ce qui l’interdit de rentrer en France, c’est pour cette raison qu’elle partira en Russie.
Elle vient à Saint-Pétersbourg le 25 juillet 1795 avec un petit bagage car elle ne peut rien prendre pour son long voyage. C’est pourquoi, pour la première audience de l’Impératrice, elle met une simple robe en mousseline, ce qui violait des convenances. De part cette tenue qui bouleverse les codes, les robes en mousseline deviennent à la mode.
La Française commence une nouvelle carrière de mode à Saint-Pétersbourg, elle conquiert le beau-monde par des « tableaux vivants », en emmenant des hommes et des femmes drapés en châles en cachemire sur le devant du spectacle pour en faire des scènes et des histoires bibliques.
Tous les pétersbourgeois étaient alignés devant sa boutique pour commander un costume ou un portrait chez la fameuse française, mais elle rêvait de peindre l’Impératrice. En tant qu’essai, Vigée Le Brun, peint deux petites filles de Catherine II. La peintre fait leurs portraits en tuniques grecques, ce que l’impératrice trouve trop vulgaire, alors Élisabeth ajoute des manches aux tuniques pour que les petites duchesses soient plus habillées, cependant cela ne convenait toujours pas à l’Impératrice.
Finalement, le 2 novembre 1796 l’Impératrice accepte de poser pour la peintre française mais on n’échappe pas à son destin, et le destin de Vigée Le Brun est de quitter la Russie sans le portrait de la Grande Impératrice. Catherine décède deux jours avant le début des séances.
Élisabeth quitte la Russie cinq ans plus tard en 1801 et s’installe définitivement à Marly-le-Roi près de Paris où elle mourrait en 1842.
Thomas de Thomon nait le 1er avril de 1760 à Nancy. Après avoir étudié à l'académie royale d'architecture de Paris il part pour Rome en 1785 pour continuer ses études d’arts à l’Académie de Rome. En 1785, il rentre à Paris où il s’engage au service près du comte d’Artois, le frère cadet du roi.
Quand la Révolution s’emballe Jean-Francois perd tous ses clients, il part donc pour Vienne, puis il va en Pologne et en Hongrie, où le comte Esterhazy l’engage à la cour, mais avec son salaire, il arrive que Le baron de Castelnau à peine à joindre les deux bouts. En 1799, il décide de déménager en Russie, grâce à l'entremise du prince Alexandre Galitzine. Mais à ce moment-là, Paule Ier, qui venait de s’asseoir sur le trône, limite l’entrée pour les étrangers, notamment pour les Français. Thomas de Thomon est contraint de se faire passer pour un sujet suisse afin de venir en Russie.
D’abord, Jean-Francois part au château de Galitzine, où il construit une église de la Vierge. Un an après il obtient la place à l’Académie impériale des Beaux-Arts à Saint-Pétersbourg et en même temps il se lance dans des projets architecturaux. Il se voue à la reconstruction du Grand Théâtre (le théâtre Bolchoï) où il finit le travail dans un délai record de huit mois. En 1811, hors de l’Académie des Beaux-Arts, il est aussi le professeur de l’Institut du Corps des ingénieurs des voies de communication. Thomas de Thomon entre dans les manuels d’Histoire comme architecte de la Bourse de l'île Vassilievski et des colonnes rostrales, qui deviennent des symboles de Saint-Pétersbourg. L’architecte français est engagé également dans le projet de construction de stockages de grandes quantités de lard, la Mausolée de Paule Ier, du parc de Pavlovsk et des fontaines sur la route de Tsarkoïe Selo.
Thomas Thomon passe 13 ans de sa vie en Russie, mais il n’arrive jamais à apprendre le russe. Le 23 aout 1813 il se tue en tombant d'un échafaudage du théâtre Bolchoï Kamenny, qui était en reconstruction après un incendie.
Selon certaines sources Guillaume Guignard nait à Constantinople mais d’autres sources nomment Paris en tant que son lieu de naissance.
Ce qui est certain, c’est qu’il doit déménager à Constantinople étant donné que son père, François Emmanuel Guignard, comte de Saint-Priest, diplomate et membre de la Chambre des paires, est nommé ambassadeur auprès de plusieurs cours étrangères, y compris celle de Constantinople.
En 1791, après la Révolution française, la famille de Saint-Priest émigre en Russie et s’installe à Saint-Pétersbourg. Guillaume entre à l’Armée de Condé et en 1793, soutenu par son père, il rejoint le service de l’armée russe en tant qu’officier. Quelques années plus tard, il devient le commandant du régiment Semionovsky.
À l’époque de Paul Ier, Guillaume Guignard devient Emmanuel Francevitch de Saint-Priest et démissionnaire de l’armée. Il rentre à l’armée de Condé pour essayer de revenir en France, ce qui est une tentative infructueuse. Guillaume Guignard se décide alors à s’installer à Saint-Pétersbourg pour toujours. Après l’accession au trône de Alexandre Ier, le Français est rétabli au régiment Semionovsky.
Guillaume de Saint-Priest réalise une carrière militaire brillante, il devient général adjoint, et au début de 1812, il participera à l’élaboration des plans de la guerre imminente. Également ce militaire français est impliqué dans la création de l’ouvrage pour la gestion des forces militaires, ce qui est le premier règlement des actions militaires.
Pendant la guerre de 1812, il participe en tant que commandant de l’état-major au front de l’ouest dirigée par le prince Piotr Bagration. Le 26 aout au cours de la bataille de Borodino (la bataille de Moskva), Guillaume Guignard est grièvement blessé, l’obligeant à rester à Vilnius où il travaille au service des prisonniers de guerre.
En 1813, après la déclaration de guerre de la Sixième Coalition Emmanuel Francevitch entre en compagne en faveur de la Russie, il participe à la bataille de Leipzig au cœur du Bataillon des nations. Puis, le 13 mars 1814, son corps d’armée participera à la prise de Reims. Le lendemain, les Français sous le commandement de Napoléon 1er attaquent sa position. Emmanuel Francevitch est grièvement blessé par l'explosion d'une grenade, il est fait prisonnier et meurt le 17 mars 1814.
Pendant une certaine période, il préside le tribunal de commerce de la ville de Odessa, à la suite de laquelle il devient le gouverneur de Podolie. En 1818 Karl Frankovitch devient le gouverneur de Kherson. Sous sa gouvernance à Kherson, le premier hôpital pour des séjours stationnaires est créé. Qui plus est, une nouvelle marina est construite et le quai de ville est aménagé. Dans le cadre de son projet d’aménagement, les marais qui se trouvaient en pleine ville sont remblayés. Le nouveau gouverneur commence à élever des moules et des huitres, ainsi qu’à développer l’élevage du mouton.
En 1811, l’ancien gouverneur rentre en France où il remplace son père à la Chambre des pairs. Armand de Guignard aussi connu sous le nom de Karl Frankovitch décède à Saint-Priest en 1863.
Sources utilisées :
1/ Golovkin F.G. La cour et le règne de Paul I. Portraits, souvenirs. M., 2003.
2/ Du Chatenet M. Jean Baptiste de Traversay, ministre de la Marine russe. M., 2003.
3/ Klementyeva B. Jean-Laurent Monnier en Russie. M., 2006.
4/ Levin I.O. Émigration de la Révolution française. Partie 1. Berlin, 1923.
5/ Miller K.K. Émigration française et Russie sous le règne de Catherine II. Paris, 1931.
6/ Polevshchikova E.V. Inconnu et connu sur le marquis de Castelnau. Odessa, 2005. odessitclub.org
7/ Dictionnaire des généraux russes, participants aux batailles contre l'armée de Napoléon Bonaparte en 1812-1815 Archives russes : Histoire de la Patrie dans les documents du XVIIIe au XXe siècles. T. 7.M., 1996.
8/ De Waresquiel E. Le duc de Richelieu (1766-1822). Paris, Perrin, 2009.
9/ Lescure M. Le comte Joseph de Maistre et sa famille. 1753–1852. Études et portraits politiques et littéraires. Paris, 1892
Un article paru sur arzamas.academy
Les premiers aristocrates commencent à quitter la France en juillet 1789, mais l’émigration forte quant à elle débutera en été 1791, provoquée notamment par la tentative de Louis XIV de fuir Paris. Des peintres, des architectes, des écrivains, des hommes politiques et des chercheurs laissant leurs maisons réduites en cendres, se retrouvent obligés d’émigrer. Leurs propriétés sont confisquées tout comme leur nationalité : une fois enregistré dans la liste des émigrés, ils ne peuvent jamais rentrer dans leur patrie. Parmi les destinations, nous pouvons citer plusieurs pays de l’Europe, les États-Unis ainsi que la Russie. Selon les estimations, de cent milles à cent cinquante milles français quittent l’hexagone. L’Empire Russe est le deuxième pays d’accueil des émigrés français.
Armand Emmanuel Sophie Septemanie de Vignerot du Plessis, 5eme duc de Richelieu
Le duc Richelieu, né à Paris dans une des familles aristocratiques les plus connues d’Europe, était le petit-fils du maréchal de Richelieu, secrétaire d’État et ministre de Louis XIII.
Plusieurs biographies de Richelieu témoignent de ses succès précoces. À l’âge de 15 ans, il obtient un bon niveau d’éducation et apprends plusieurs langues étrangères. Au même âge, Armand se marie avec la fille du duc de Rochechouart, Rosalie, qui, selon des contemporains, était une petite bossue. En 1790, il part comme volontaire pour participer à la prise de la ville d'Izmaïl à l’issue de laquelle Grigori Potemkine, militaire et homme de gouvernement russe, l’engage dans son armée. Depuis lors, Richelieu essayera plusieurs fois de retourner en France, mais lorsqu’il apprend que ses propriétés avaient été confisquées, le retour est impossible. Le duc décide donc de rester en Russie pour toujours.
En 1803, Richelieu devient maire d’une petite ville d’Odessa. En 1805 il est gouverneur militaire de la Nouvelle Russie et de Bessarabie. Avec le duc de Richelieu au pouvoir, Odessa devient le centre administratif de la Nouvelle Russie et le port russe principal sur la mer Noire. Grace au gouverneur français, les droits de douane sont éliminés. Il propose l’idée de « port franc », pour que le port soit affranchi de droits. Administrée par Richelieu, Odessa devient une belle ville avec des nouvelles rues, des jardins, plusieurs écoles techniques, une cathédrale, une église, deux hôpitaux et un théâtre.
Pendant la période de la Restauration, en 1814, le duc retourne finalement en France où il devient le premier ministre de Louis XVIII, et il entre à l’Académie française. Richelieu avait envie de revenir à Odessa, ce qu’il n’a pas pu faire : il meurt à Paris le 5 mai 1822.
Alexandre-Louis Andrault de Langeron
Le comte de Langeron nait à Paris en 1763. Tout comme son père et la plupart des aristocrates de cette époque, Alexandre-Louis entame une carrière militaire, il prend part à la guerre d’indépendance américaine.
En 1789, Prince Charles-Henri-Othon, aristocrate français, amiral dans la Marine Impériale de Russie, propose à Alexandre-Louis de renter à l’armée russe. En 1790, le comte vient à Tsarskoïe Sélo, ville située à une trentaine de kilomètres de Saint-Pétersbourg, connue comme village impérial
Alexandre-Louis participe aux guerres russo-turque et russo-suédoise, mais après avoir appris que sa femme est malade, il part pour la France. Malheureusement, il n’a pas la chance de la voir, sa femme meurt alors qu’il est en route. Alors, il part à Vienne où il fait connaissance avec le duc de Richelieu, pour partir en sa compagnie et participer à la prise d'Izmaïl. Ensuite, il fait la guerre sur le Danube, au Caucase, en Hollande et en Prusse, sous les ordres de Grigori Potemkine, Mikhaïl Koutouzov, de grands militaires et hommes de gouvernement russe, et sous la direction de Louis V prince de Condé. En 1805, il prend part à la bataille d’Austerlitz, et finalement il est promu au rang de général.
En novembre de 1815, après 40 ans de carrière militaire Alexandre-Louis s’installe à Odessa où il devient général gouverneur en remplacement de Richelieu. Sous sa direction, Odessa obtient finalement son statut d’un port-ouvert. C’était une ville en pleine essor : le premier journal est publié, le jardin botanique et le lycée de Richelieu sont ouverts ; un centre de fabrication artificielle d’eau minérale est installé.
Atteint par le choléra, le comte de Langeron mourrait en 1831 à Odessa en Nouvelle-Russie.
Baron Gabriel de Castelnau
Le baron de Castelnau est né à Bordeaux en 1757. Avant la Révolution il travaille en tant qu’avocat et conseiller à la Chambre du Parlement. En mai 1791, il doit quitter la France. Trois ans après tous ses biens sont nationalisés et vendus. Gabriel de Castelnau part pour l’Angleterre, puis pour l’Allemagne, et en 1797, sur invitation de Paul Ier, il déménage en Russie où il devient connu comme marquis de Castelnau. Quelques membres de sa famille sont des marquis, mais ils appartenaient à une autre branche ; tandis que de Castelnau est appelé marquis seulement en Russie, dans sa patrie, il reste toujours baron.
Le 28 novembre 1789 il commence à censurer des spectacles français à la cour de Paul Ier; certains de ses biographes supposent qu’il était secrétaire particulier de l’Empereur.
Après la mort de Paul Ier son poste est supprimé, et le marquis doit déménager dans un village à côté de Odessa où il élève des moutons, et sur ordre personnel de Richelieu, il commence à écrire l’histoire de la Nouvelle Russie. C’était un ouvrage impressionnant avec des références sur les historiens antiques et contemporains pour son époque, aussi bien que les textes qui n’ont pas survécu à cette période.
En 1810, le marquis tente de rentrer en France où le décret d’amnistie est déjà présenté. Mais l’examen de ses documents prend deux ans, pendant lesquels les relations entre la France et la Russie approchent au point critique. Ainsi un retour de Castelnau est impossible.
Après la Restauration bourbonienne, le marquis quitte la Russie pour suivre Richelieu, son ami et son bienfaiteur. Dans sa patrie, en France, il devient Chevalier de l’Ordre Royal et militaire de Saint-Louis, il reçoit son titre de marquis et le poste à l’archive du département des affaires étrangères. En 1820, trois parties de son ouvrage paraissent. Ses écrits sur la Nouvelle Russie portent un titre un peu long et vague : « Sur l’Histoire ancienne et moderne de la Nouvelle Russie, statistiques de Provinces qui la composent. Fondation d’Odessa, ses progrès, son état actuel, détails sur son commerce. Voyage en Crimée, dans l’intérêt de l’agriculture et du commerce. Avec cartes, vues, plans. »
Le baron de Castelnau passe les dernières années de sa vie dans la solitude, il ne se marie pas, reste sans enfants, il décède en décembre 1826.
Comte Xavier de Maistre
Xavier de Maistre nait à Chambéry le 8 novembre1763, il perd sa mère à l’âge de 10 ans, ses frères et sœurs assument ainsi pleinement le rôle de parrain, aussi bien que le prêtre qui commence à lui apprendre le dessin.
Cinq ans avant la Révolution, Xavier de Maistre entre à l’armée du Royaume de Sardaigne. En 1794, il est enfermé dans sa chambre à la citadelle de Turin pour s'être livré à un duel. Pendant ce temps il écrit un livre sous le titre « Voyage autour de ma chambre ». Le personnage est un officier français, emprisonné dans sa chambre pour 42 jours, il décrit tout ce qui l’entoure, il réfléchit sur la nature humaine, l’effet de l’apparence sur le statut sociale, et d’autres choses de ce genre. Son livre devient populaire.
En 1799, Xavier de Maistre rejoint l’armée de Piémont, formée par Alexandre Souvorov, généralissime au service de l'Empire russe, pour renforcer sa lutte contre l’armée de Napoléon. Xavier de Maistre est détaché au Souvorov, il devient son ami, et fait quelques portraits du général en chef.
En 1800, Xavier de Maistre déménage en Russie, où il devient Ksaveriy Ksaverievich. Il demande son congé à l’armée et il ouvre un atelier de peinture à Moscou. Ses portraits deviennent célèbres auprès de la noblesse russe, y compris la famille de Pouchkine. Xavier de Maistre peint le portrait du futur poète. Selon la sœur de Pouchkine, le petit poète s’intéresse à la poésie après avoir écouté les vers de Xavier de Maistre.
En 1803, par protection de son frère en tant qu’émissaire sarde, Xavier de Maistre déménage à Saint-Pétersbourg où il est nommé directeur du Musée Maritime et de la Bibliothèque Maritime.
En 1810, le comte de Maistre rentre à l’armée, il est blessé au Caucase et il prend finalement sa retraite. Xavier de Maistre s’installe à Saint-Pétersbourg, et en 1813, il se marie avec Sophie Zagriaski, tante de l'épouse de Pouchkine.
Xavier de Maistre établit un inventaire des livres qui servent de base pour la Bibliothèque Centrale de Marine de guerre. Il s’occupe du contenu des bibliothèques portuaires. Le comte n’élabore pas seulement le contenu des bibliothèques mais il en fait partie lorsqu’il écrit quelques livres sur la Russie en français. Il essayera de faire connaitre la littérature russe aux Français, il traduit les œuvres littéraires des écrivains russes y compris les fables de Krylov. Xavier de Maistre s’intéressera plus tard aux recherches dans la physique, la chimie et l’aviation.
Xavier de Maistre meurt le 12 juin 1852 à Strelna, une commune près de Saint-Pétersbourg.
Jean-Baptiste Prévost de Sansac, marquis de Traversay
Jean-Baptiste Prevost nait sur l’ile de la Martinique en 1754, il était le fils d’un lieutenant de la Marine royale française. À l’âge de douze ans il entre dans la Marine, premièrement au collège de la Marine à Rochefort en Charente-Maritime, et puis à Brest. Jean Prévost est considéré comme un des meilleurs officiers de la marine de France. En octobre de 1790, sa maison est brûlée par des révolutionnaires, et le marquis de Traversay décide de quitter la France. Il part en Suisse, et plus tard il acceptera l’invitation de Catherine II de venir en Russie.
En Russie, le marquis devient Ivan Ivanovich de Traversay, et il est nommé Contre-Amiral. Puis il est promu major-général, affecté à la Flotte de la mer Baltique, et le 20 mars 1805, il devient général-gouverneur de Sébastopol et de Nikolaïev, deux villes sur la péninsule de Crimée. Ivan de Traversay crée une administration indépendante, pour que ces villes ne dépendent pas du gouvernement de Kherson (un gouvernement de l'Empire russe, en Nouvelle Russie).
Sous la direction du marquis, la ville connait un certain développement avec notamment l’ouverture du jardin botanique, du théâtre, du bureau de cartographie, de la bibliothèque et d’une école des mousses pour orphelins. Ivan de Traversay contribue également à la création du premier blason de la ville, et aussi bien à la construction du pont de bateaux. Le marquis propose quelques idées pour l’implantation de bâtiments à Sébastopol, mais à cette époque le projet ne peut pas être réalisé à cause du manque de moyens, cependant dans les années trente-quarante quelques idées sont mise en œuvre.
Toute sa vie, Traversay répétait que la Russie l’avait sauvé de la misère. Il apprenait le russe, mais il n’arrivait jamais à maitriser cette langue. En 1811, il refuse l’invitation de Napoléon pour retourner en France, et il devient Ministre de la Marine Impériale de Russie. Le marquis refuse également la proposition d’Alexandre Ier qui lui donne le titre de comte, Traversay voulait garder son titre familial.
En 1819, Ivan Ivanovich de Traversay prépare deux navires qui feront partie de l’expédition pendant laquelle l’Antarctique sera découvert. Grace à Ivan de Traversay, les expéditions de Piotr Fiodorovitch d’Anjou, de Ferdinand von Wrangel et de Otto von Kotzebue sont effectuées. Ces explorateurs découvriront des frontières auparavant inconnues, ce qui pourrait changer la carte de la Russie.
Le 29 mars 1828, Jean-Baptiste Prevost de Sansac prend finalement sa retraite. Durant les trois dernières années de sa vie, il vit à Romanshina, un village à coté de Saint-Pétersbourg, où il décédait le 19 mai 1831.
Marie-Gabriel-Florent-Auguste de Choiseul-Gouffier
Auguste de Choiseul-Gouffier nait à Paris le 27 septembre 1752. Depuis le collège il est passionné par l’histoire de l’Antiquité, et en 1776 il part en Grèce où il étudie des coutumes et dessine des monuments antiques.
Après son retour en France, Auguste de Choiseul-Gouffier publie la première partie de son premier ouvrage : « Voyage pittoresque en Grèce », les volumes suivants sont publiés en 1809 et en 1822. Cet ouvrage lui ouvre les portes de l’Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres, et deux ans après la première publication il entre à l’Académie française.
En 1784, Choiseul-Gouffier quitte la France pour Constantinople où il travaille en tant qu’ambassadeur. Quand la Révolution française s’emballe et qu’un nouvel ambassadeur vient à Constantinople, Auguste refusera de rentrer. Peu après, ses propriétés en France sont confisquées et lui-même est exclu de deux académies.
En Turquie Choiseul-Gouffier est un défenseur des prisonniers russes après la guerre russo-turque, il prend une part active dans leurs vies et même construit un hôpital en bois pour les prisonniers de guerre. En 1791, l’ex-académicien est médiateur lors des pourparlers de paix entre Saint-Pétersbourg et Constantinople. Un an plus tard, il s’adressera à Catherine II pour une demande d’asile en Russie. Dès qu’il reçoit une réponse favorable, Choiseul-Gouffier quitte Constantinople pour déménager en Russie.
Dans un premier temps l’Impératrice a de la sympathie pour lui, elle lui promet le siège de président à l’Académie des arts, mais Choiseul-Gouffier n’est jamais nommé président, au contraire il est jeté en défaveur. Après l’accession de Paul Ier au trône, Choiseul-Gouffier peut revenir à la cour, par la suite il est nommé Président de l’Académie des arts et Directeur de la Bibliothèque Impériale. En 1802, après que l’amnistie pour les immigrés est annoncée, le comte rentre en France. Il deviendra ministre sans portefeuille et pair de France. En 1816, il est rétabli à l’Académie Française. Auguste de Choiseul-Gouffier mourrait à Aachen d’Aix-la-Chapelle le 20 juin 1817.
Marie Élisabeth Louise Vigée Le Brun
Élisabeth Vigée est née à Paris en 1755. À l’âge de 26 ans, ses peintures l’ont tellement rendue célèbre que pour avoir un portrait peint par Élisabeth il fallait attendre quelques mois. Ainsi, Vigée Le Brun devient la peintre favorite de Marie Antoinette, la femme de Louis XVI. Mais lors des révolutions d’octobre 1789, elle doit quitter Paris avec sa fille prenant une diligence, toutes deux déguisées en bonnes. Son mari quant à lui reste en France et rejoint les révolutionnaires. Alors, Vigée Le Brun vit en Italie, puis en Autriche pour ne pas trop s’éloigner de la France. Cependant, elle apprend que son nom était dans la liste des émigrés, ce qui l’interdit de rentrer en France, c’est pour cette raison qu’elle partira en Russie.
Elle vient à Saint-Pétersbourg le 25 juillet 1795 avec un petit bagage car elle ne peut rien prendre pour son long voyage. C’est pourquoi, pour la première audience de l’Impératrice, elle met une simple robe en mousseline, ce qui violait des convenances. De part cette tenue qui bouleverse les codes, les robes en mousseline deviennent à la mode.
La Française commence une nouvelle carrière de mode à Saint-Pétersbourg, elle conquiert le beau-monde par des « tableaux vivants », en emmenant des hommes et des femmes drapés en châles en cachemire sur le devant du spectacle pour en faire des scènes et des histoires bibliques.
Tous les pétersbourgeois étaient alignés devant sa boutique pour commander un costume ou un portrait chez la fameuse française, mais elle rêvait de peindre l’Impératrice. En tant qu’essai, Vigée Le Brun, peint deux petites filles de Catherine II. La peintre fait leurs portraits en tuniques grecques, ce que l’impératrice trouve trop vulgaire, alors Élisabeth ajoute des manches aux tuniques pour que les petites duchesses soient plus habillées, cependant cela ne convenait toujours pas à l’Impératrice.
Finalement, le 2 novembre 1796 l’Impératrice accepte de poser pour la peintre française mais on n’échappe pas à son destin, et le destin de Vigée Le Brun est de quitter la Russie sans le portrait de la Grande Impératrice. Catherine décède deux jours avant le début des séances.
Élisabeth quitte la Russie cinq ans plus tard en 1801 et s’installe définitivement à Marly-le-Roi près de Paris où elle mourrait en 1842.
Jean-François Thomas de Thomon
Thomas de Thomon nait le 1er avril de 1760 à Nancy. Après avoir étudié à l'académie royale d'architecture de Paris il part pour Rome en 1785 pour continuer ses études d’arts à l’Académie de Rome. En 1785, il rentre à Paris où il s’engage au service près du comte d’Artois, le frère cadet du roi.
Quand la Révolution s’emballe Jean-Francois perd tous ses clients, il part donc pour Vienne, puis il va en Pologne et en Hongrie, où le comte Esterhazy l’engage à la cour, mais avec son salaire, il arrive que Le baron de Castelnau à peine à joindre les deux bouts. En 1799, il décide de déménager en Russie, grâce à l'entremise du prince Alexandre Galitzine. Mais à ce moment-là, Paule Ier, qui venait de s’asseoir sur le trône, limite l’entrée pour les étrangers, notamment pour les Français. Thomas de Thomon est contraint de se faire passer pour un sujet suisse afin de venir en Russie.
D’abord, Jean-Francois part au château de Galitzine, où il construit une église de la Vierge. Un an après il obtient la place à l’Académie impériale des Beaux-Arts à Saint-Pétersbourg et en même temps il se lance dans des projets architecturaux. Il se voue à la reconstruction du Grand Théâtre (le théâtre Bolchoï) où il finit le travail dans un délai record de huit mois. En 1811, hors de l’Académie des Beaux-Arts, il est aussi le professeur de l’Institut du Corps des ingénieurs des voies de communication. Thomas de Thomon entre dans les manuels d’Histoire comme architecte de la Bourse de l'île Vassilievski et des colonnes rostrales, qui deviennent des symboles de Saint-Pétersbourg. L’architecte français est engagé également dans le projet de construction de stockages de grandes quantités de lard, la Mausolée de Paule Ier, du parc de Pavlovsk et des fontaines sur la route de Tsarkoïe Selo.
Thomas Thomon passe 13 ans de sa vie en Russie, mais il n’arrive jamais à apprendre le russe. Le 23 aout 1813 il se tue en tombant d'un échafaudage du théâtre Bolchoï Kamenny, qui était en reconstruction après un incendie.
Guillaume Emmanuel Guignard de Saint-Priest
Selon certaines sources Guillaume Guignard nait à Constantinople mais d’autres sources nomment Paris en tant que son lieu de naissance.
Ce qui est certain, c’est qu’il doit déménager à Constantinople étant donné que son père, François Emmanuel Guignard, comte de Saint-Priest, diplomate et membre de la Chambre des paires, est nommé ambassadeur auprès de plusieurs cours étrangères, y compris celle de Constantinople.
En 1791, après la Révolution française, la famille de Saint-Priest émigre en Russie et s’installe à Saint-Pétersbourg. Guillaume entre à l’Armée de Condé et en 1793, soutenu par son père, il rejoint le service de l’armée russe en tant qu’officier. Quelques années plus tard, il devient le commandant du régiment Semionovsky.
À l’époque de Paul Ier, Guillaume Guignard devient Emmanuel Francevitch de Saint-Priest et démissionnaire de l’armée. Il rentre à l’armée de Condé pour essayer de revenir en France, ce qui est une tentative infructueuse. Guillaume Guignard se décide alors à s’installer à Saint-Pétersbourg pour toujours. Après l’accession au trône de Alexandre Ier, le Français est rétabli au régiment Semionovsky.
Guillaume de Saint-Priest réalise une carrière militaire brillante, il devient général adjoint, et au début de 1812, il participera à l’élaboration des plans de la guerre imminente. Également ce militaire français est impliqué dans la création de l’ouvrage pour la gestion des forces militaires, ce qui est le premier règlement des actions militaires.
Pendant la guerre de 1812, il participe en tant que commandant de l’état-major au front de l’ouest dirigée par le prince Piotr Bagration. Le 26 aout au cours de la bataille de Borodino (la bataille de Moskva), Guillaume Guignard est grièvement blessé, l’obligeant à rester à Vilnius où il travaille au service des prisonniers de guerre.
En 1813, après la déclaration de guerre de la Sixième Coalition Emmanuel Francevitch entre en compagne en faveur de la Russie, il participe à la bataille de Leipzig au cœur du Bataillon des nations. Puis, le 13 mars 1814, son corps d’armée participera à la prise de Reims. Le lendemain, les Français sous le commandement de Napoléon 1er attaquent sa position. Emmanuel Francevitch est grièvement blessé par l'explosion d'une grenade, il est fait prisonnier et meurt le 17 mars 1814.
Armand-Charles-Emmanuel de Guignard, comte de Saint-Priest
Le frère cadet de Guillaume Guignard de Saint-Priest, nait en septembre 1782 à Constantinople. En 1791 sa famille émigre en Russie où il a le nom de Karl Frankovitch. Comme son frère, il était dans l’armée russe, puis, en grade de page de chambre, il sert chez le gouverneur militaire de la Nouvelle Russie et de Bessarabie : le duc de Richelieu.Pendant une certaine période, il préside le tribunal de commerce de la ville de Odessa, à la suite de laquelle il devient le gouverneur de Podolie. En 1818 Karl Frankovitch devient le gouverneur de Kherson. Sous sa gouvernance à Kherson, le premier hôpital pour des séjours stationnaires est créé. Qui plus est, une nouvelle marina est construite et le quai de ville est aménagé. Dans le cadre de son projet d’aménagement, les marais qui se trouvaient en pleine ville sont remblayés. Le nouveau gouverneur commence à élever des moules et des huitres, ainsi qu’à développer l’élevage du mouton.
En 1811, l’ancien gouverneur rentre en France où il remplace son père à la Chambre des pairs. Armand de Guignard aussi connu sous le nom de Karl Frankovitch décède à Saint-Priest en 1863.
Sources utilisées :
1/ Golovkin F.G. La cour et le règne de Paul I. Portraits, souvenirs. M., 2003.
2/ Du Chatenet M. Jean Baptiste de Traversay, ministre de la Marine russe. M., 2003.
3/ Klementyeva B. Jean-Laurent Monnier en Russie. M., 2006.
4/ Levin I.O. Émigration de la Révolution française. Partie 1. Berlin, 1923.
5/ Miller K.K. Émigration française et Russie sous le règne de Catherine II. Paris, 1931.
6/ Polevshchikova E.V. Inconnu et connu sur le marquis de Castelnau. Odessa, 2005. odessitclub.org
7/ Dictionnaire des généraux russes, participants aux batailles contre l'armée de Napoléon Bonaparte en 1812-1815 Archives russes : Histoire de la Patrie dans les documents du XVIIIe au XXe siècles. T. 7.M., 1996.
8/ De Waresquiel E. Le duc de Richelieu (1766-1822). Paris, Perrin, 2009.
9/ Lescure M. Le comte Joseph de Maistre et sa famille. 1753–1852. Études et portraits politiques et littéraires. Paris, 1892
Un article paru sur arzamas.academy